Lors des récentes inondations rapides, plusieurs régions ont été identifiées comme étant à risque. Faut-il envisager de reloger les habitants de ces zones ?
Les dernières fortes pluies, en particulier celles provoquées par Belal, ont mis en lumière le fait que de nombreuses régions sont à risque. Inondations, glissements de terrain, montée du niveau de la mer… Face à ces situations appelées à devenir monnaie courante, de nombreux observateurs estiment que l’heure est à l’action. Nadeem Nazurally, senior lecturer et biologiste marin, explique que nous sommes actuellement confrontés à une crise climatique sans précédent. Ce qui se passe montre, selon lui, que le pire est à venir. « Il y a des zones à risque et d’autres qui sont en passe de le devenir », estime notre interlocuteur. Si certains pensent qu’il faut reloger les habitants de ces régions, Nadeem Nazurally ne cache pas que ce sera difficile. « Nous sommes une petite île et nous sommes confrontés à des défis particuliers. Les terrains ne sont pas facilement disponibles pour une relocalisation des habitants des régions à risque. Cela n’est pas forcément faisable », estime-t-il.
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Nadeem Nazurally déplore aussi que la construction non planifiée ait dégradé des zones humides. Selon lui, la création de zones humides artificielles et la gestion appropriée des drains peuvent contribuer à préserver la biodiversité. « Il est crucial de ne pas simplement déverser ces eaux qui transportent des débris, des plastiques et des déchets dans la mer par le biais des drains, car cela détruit les récifs et aggrave la crise. La montée du niveau de la mer et la tendance à la détérioration rapide nécessitent une action rapide et efficace », plaide ce dernier. L’océanographe, Sharveen Persand, évoque que le relogement n’est pas toujours évident. Il a travaillé le relogement des habitants de Rivière-des-Galets qui est sujet à la montée du niveau de mer. « Le relogement des habitants n’était pas possible et ces derniers ne souhaitaient pas non plus déménager.
À la place, il y a eu la construction d’un revêtement rocheux pour limiter l’intrusion de l’eau dans les maisons », raconte notre interlocuteur. Il poursuit que depuis que cette mesure a été prise, les maisons ne sont plus inondées, mais font face à des éclaboussures lorsque les vagues se brisent. « La relocalisation n’est pas une option facile, car de nombreux aspects sociaux doivent être pris en compte, y compris l’attachement des gens à leur terre. La réticence des habitants de ces régions à risque à être déplacé est évidente », fait-il ressortir. Pour lui, la relocalisation n’est pas la seule option, sauf dans des cas où la situation est extrêmement critique. « D’autres solutions doivent être envisagées pour ces personnes. Les Japonais, par exemple, ont mis en place des structures sur la montagne des signaux et ont réalisé des drains. Ce qui aide la région de la Butte qui était la proie de glissements de terrain. » Il estime qu’il est impératif d’éviter d’accorder des permis de construction dans les zones à risque et sensibles.
307 zones inondables
Selon le ministre Hurreeram, le pays compte 307 zones inondables et 66 zones décrétées à haut risque. « On est dans une course contre-la-montre. Il est faux de dire qu’on n’a pas tiré des leçons des événements du passé. Un gros travail a été fait. En trois ans, on a complété plus de 500 projets de drains importants, alors que cent autres sont en construction et une centaine au niveau des appels d’offres. Presque Rs 7 milliards sont prévues pour des projets de drains », déclare Bobby Hurreeram.
Des « Emergency Drains Projects » ont été entrepris en ce sens, dans des champs à Fond-du-Sac, Cottage, Piton, Queen Victoria, Mare-Tabac, etc.
L’existence d’un « Preparedness Plan » en cas de calamités au centre des débats
La réunion du conseil municipal de la mairie de Port-Louis, qui s’est tenue le mercredi 24 janvier, a pris une tournure houleuse après une question du conseiller du Parti mauricien social-démocrate, Dr Mamade Khodabaccus. Ce dernier a interrogé le lord-maire Issop Nujurally sur le Preparedness Plan en cas de calamités naturelles dans la capitale.
Le ton est monté lorsque le lord-maire a annoncé qu’il fournirait une réponse dans les sept jours à venir. Selon le Dr Mamade Khodabaccus, la mairie de Port-Louis dispose d’un plan de préparation géré par le Local Disaster Committee.« Il y a un plan qui doit être activé en cas de catastrophes naturelles. Le lord-maire ne sait pas que ce plan existe. Comment sauver Port-Louis avec de telles personnes à la tête ? C’est un désastre et on a vu ce qui s’est passé la semaine dernière », a avancé le Dr Mamade Khodabaccus. Les prochains jours seront donc cruciaux pour la mairie de Port-Louis. La réponse du lord-maire au sujet du Preparedness Plan et de la stratégie de la ville en cas de catastrophes naturelles est attendue.
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