L’Economic Development Board organise le mercredi 4 avril une conférence sur la ‘Digital Film Animation’ à l’hôtel Le Méridien, à Pointe-aux-Piments. Parmi les thèmes à l’agenda, le potentiel de l’animation numérique, la tendance mondiale et les opportunités pour Maurice, la formulation des politiques incitatives et l’intégration verticale de l’industrie cinématographique à Maurice.
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Fini le temps où le débat sur l’industrie cinématographique à Maurice ne tournait qu’autour du Film Rebate Scheme et la venue des cinéastes que pour utiliser l'île pour des séquences de tournage. Si cette mesure, introduite, en 2011, a largement contribué à l’émancipation de ce secteur émergent, les principaux acteurs concernés sont d’avis qu’il faut impérativement songer à aller bien au déjà des mesures symboliques pour vraiment catalyser cette industrie.
Le pays continue à attirer des producteurs internationaux pour le tournage des courts et des longs-métrages. Mais l’Economic Development Board (EDB) veut changer son fusil d’épaule pour cibler des investisseurs dans différents nouveaux créneaux et promouvoir les services auxiliaires à l’industrie cinématographique. Ainsi, l’organisation tient aujourd’hui à l’hôtel Le Méridien, Pointe-Aux-Piments, une conférence sur le ‘VFX and Digital Film Animation’, afin de démontrer les opportunités découlant de ce secteur. VFX est une abréviation pour ‘Visual Effects’. Six professionnels étrangers, venant d’Inde, d’Afrique du Sud et du Royaume Uni, partageront leurs expériences et donneront leurs avis sur ce, comment faire de cette industrie un succès. La société derrière les effets spéciaux de l’épique indienne « Bahubali » sera aussi de la partie.
Les productions cinématographiques évoluent avec la technologie et les tournages traditionnels se transforment, maintenant de plus en plus en animation digitale. Plusieurs intervenants expliqueront les avantages économiques du développement de ce créneau à Maurice. Les grands studios du monde sont en train d’externaliser leurs activités d’animation digitale et Maurice est bien parti pour récolter ces bénéfices. Le ‘VFX Outsourcing’ est devenu une industrie hautement compétitive. Les grandes boîtes comme Walt Disney, Sony et Warner Brothers ont recours aux petites et moyennes entreprises indiennes pour l'animation de personnages et les effets spéciaux et le nombre de ces entreprises augmente. Pour les entrepreneurs de l'industrie de l'animation, le travail consiste de 70 % d'art et 30 % de technologie, mais il faut de la passion pour pouvoir survivre à la compétition internationale. Maurice ayant déjà fait un nom dans l’industrie de l’externalisation peut facilement embarquer dans cette nouvelle aventure technologique.
Impact économique
Que ce soit l’hébergement des artistes, la location des équipements ou des studios, le recrutement des figurants locaux, la confection des costumes ou la logistique générale, le tournage d’un film a un impact économique considérable sur plusieurs activités. Déjà à Maurice, nous avons plusieurs entreprises qui se spécialisent dans l’offre des services aux équipes de tournage. Une fois le film dans les salles, c’est une grande visibilité de Maurice au plan international, ce qui est bénéfique au tourisme. Les films tournés à Maurice pendant les dernières décennies ont permis à des centaines de milliers de personnes de mieux connaître notre pays. Côté culture, l’industrie cinématographique est une occasion de mettre en valeur les sites historiques de l’île.
Destination du tournage
Maurice a vu l’arrivée de plusieurs équipes de tournage ces dernières années, venant des pays comme l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, la Turquie, la France, le Royaume Uni, Singapour, l’Italie, la Corée du Sud, l’Allemagne, l’Ukraine, le Brésil, le Japon, l’Australie, la Serbie, l’Espagne, les États-Unis, l’Angola, le Canada et l’Île de la Réunion. Depuis 2013, environ 61 projets de films ont été réalisés avec l’appui du 'Film Rebate Scheme'. Le ‘Film Funding’ est, aussi, un segment important et les autorités encouragent les cinéastes à utiliser nos services financiers pour le mouvement de fonds servant à financer les projets cinématographiques. Le cinéma international implique des budgets colossaux et c’est dans notre intérêt, si des fonds transitent par notre centre financier, ouvrant, ainsi, d’autres perspectives à ce secteur en quête de diversification.
Nanda Narrainen : «La post-production présente des créneaux intéressants»
Nanda Narrainen, Head of Film and Creative Industry au sein de l’EDB, explique que l’objectif de l’organisation est de développer de nouveaux créneaux d’activités à forte valeur ajoutée dans le domaine de la post-production des films. « Jusqu’ici, nous nous sommes concentrés sur le tournage. Or, la ‘post-production’ regorge d’activités qui peuvent créer beaucoup d’emplois, surtout pour les jeunes. Les grands producteurs cinématographiques externalisent leur ‘post-production’ et Maurice peut facilement capturer ce marché. Nous allons miser sur l’exportation des services », dit Nanda Narrainen. Selon lui, des compagnies étrangères engagées dans le VFX et l’animation digitale, entre autres, pourraient s’installer à Maurice. Mais avant d’y arriver, il nous faut former des gens, mettre en place les infrastructures nécessaires, et travailler les mesures incitatives pour attirer ces investisseurs. Cette conférence aidera à développer le ‘business model’ et à identifier nos forces et faiblesses. Les différents intervenants étaleront leurs idées qui seront utiles, lors de la formulation des ‘policies’ et règlements appropriés. La réussite de ce secteur dépend sur la disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée, d’où la nécessité de la formation.
Arvind Nilmadhub : «Le cinéma est un outil de promotion économique»
L’économiste Arvind Nilmadhub se réjouit que les autorités innovent en explorant d’autres avenues dans l’industrie cinématographique. « À part la création d’emploi, le cinéma peut influer positivement sur le tourisme, le secteur immobilier, les services financiers et l’investissement en général. Ce sera une vitrine pour mieux promouvoir l’Île Maurice », dit-il. Selon lui, les petites et moyennes entreprises peuvent y trouver leur compte. « Nous avons une riche histoire qui peut intéresser les cinéastes. Que ce soit l’histoire de l’esclavage, l’arrivée des 'coolies', la bataille du Chagos, ou notre réussite économique, nous avons autant de scénarios possibles pour des films intéressants. La MFDC peut jouer un rôle, aussi, important que la MTPA ou même le BoI en ce qui concerne la promotion de Maurice en exigeant que les scénarios des cinéastes soient modifiés dans notre intérêt. Au contraire, la MFDC est dans une meilleure position pour entamer la promotion du tourisme et des investissements. Je pense que cet organisme doit avoir un budget assez conséquent et les ressources nécessaires pour diversifier et étendre ses activités. » L’économiste pense qu’il faut donner plus de moyens à la Mauritius Film Development Corporation (MFDC), car cette institution est appelée à jouer un rôle très important au même titre que l’EDB ou la Mauritius Tourism Promotion Authority. (MTPA) L’institution doit par exemple travailler sur des stratégies de promotion et de développement économique en partenariat avec d’autres institutions, comme le SME Mauritius, par exemple.
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