Le Budget est loin derrière nous et c’est l’implémentation des mesures qui compte. À mi-parcours de l’année 2018, les indicateurs économiques n’ont pas beaucoup évolué et les prévisions demeurent plus ou moins inchangées. Malgré les gros chantiers, les acteurs économiques ne prévoient pas un taux de croissance supérieur à 4 %.
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Il semble que le Budget 2018/2019 n’a eu aucun impact sur les prévisions de Statistics Mauritius sur la croissance économique pour l’année 2018. En effet, en juin 2018, Statistics Mauritius a maintenu sa prévision pré-budgétaire de mars 2018, soit une croissance estimée à 3,9 % pour cette année. Pire, l’organisme a même révisé à la baisse le ‘GVA at basic prices’ de 3,9 % à 3,8 %.
Dans son discours du Budget, le Premier ministre et ministre des Finances avait, quant à lui, prévu un taux de croissance 4,1 % pour l’année financière 2018/2019. La dernière édition de MCB Focus, publication économique du groupe MCB, prévoit un taux de 3,8 %, alors que celle du groupe SBM, le SBM Insights, s’attend à un taux de 3,9 %. À noter que la Banque de Maurice prévoyait, en mars 2018, un taux de croissance de 4,0 %, alors que la Chambre de Commerce et d’Industrie était plus optimiste, avec une prévision de 4,4 %.
Qu’en pensent nos observateurs économiques sur le taux de croissance pour cette année ? Rajiv Servansingh, ancien directeur régional du Board of Investment, ancien président par intérim à la Competition Commission et ancien président de l’ATOL, se dit optimiste. Selon lui, le taux de croissance abordera les 4 % et peut même franchir ce seuil. Il explique son raisonnement du fait que trois secteurs de l’économie présentent une bonne performance : « Le tourisme qui progresse avec l’augmentation des arrivées, la construction qui connaît un bel essor avec plusieurs chantiers actifs à travers l’île et le secteur des services financiers, qui, malgré des contraintes, affiche un tableau positif. » Rajiv Servansingh ajoute que la consommation, dopée par plusieurs mesures, contribuera également au taux de croissance. En effet, le pouvoir d’achat, surtout de ceux au bas de l’échelle, va augmenter avec la 'Negative Income Tax' et les mesures sociales, entre autres. Il conclut que la crainte concernant les prix du carburant n’a plus sa raison d’être, car, en sus d’une baisse de prix annoncée dans le dernier Budget, la tendance des prix au niveau mondial n’indique plus des augmentations outrancières d’ici la fin de cette année.
Dan Maraye, autre observateur économique, estime qu’il est difficile d’atteindre un meilleur taux de croissance, « car s’il est vrai que les secteurs du tourisme et de la construction sont en progression, les autres secteurs balbutient à l’instar des services financiers. » Il pense que le taux de croissance avoisinera les 3,8 %. Toutefois, il prévoit une baisse du chômage, car le gouvernement adopte plusieurs stratégies qui auront un effet positif sur l’emploi.Vishal Ragoobur, économiste, fait aussi partie de ceux qui ne voient pas le taux dépasser les 4 %. Arvind Nilmadhub, déclare que la croissance sera ‘consumer-driven’, car le pouvoir d’achat, surtout de ceux au bas de l’échelle, va augmenter. « Le gouvernement a choisi de doper la consommation pour relancer la croissance. » Cependant, les ingrédients nécessaires à un taux supérieur à 4 % ne sont pas présents. « Du moins pas pour l’instant, mais l’année prochaine sera différente, le temps que les mesures produisent les résultats. » Viendra ou ne viendra pas, le miracle économique ?
Taux | Année 2017 | Prévision 2018 |
---|---|---|
Croissance | 3,8% | 3,9% |
Inflation | 3,7% | 3,5% |
Chômage | 7,1% | 6,9% |
FDI (Rs milliards) | 17,5 | 20 |
Tourisme (Arrivées) | 1,341,860 | 1,410,000 |
Chômage
Le taux du chômage à la fin du premier trimestre de cette année était estimé à 7,1 %. La tendance est à la baisse et la prévision pour l’année 2018 est de 6,9 %. Gavin Ng, analyste, se dit perplexe par le taux du chômage prévu pour cette année. « Avec autant de projets et des investissements massifs, surtout dans la construction, je m’attendais à un taux de chômage plus bas que prévu, mais si tel n’est pas le cas, alors, je me demande quel taux de croissance et combien d’investissements faut-il pour réduire davantage le chômage ? » Suttyhudeo Tengur, lui, estime que le taux de croissance ne dépend pas de quelques projets ; il faut aussi voir la façon dont le développement se fait. « Tous les indicateurs démontrent qu’on aura un taux de croissance avoisinant 4 %, mais est-ce suffisant pour créer le nombre d’emplois qu’il faut pour absorber le chômage ? »
Inflation
Le dernier bulletin de Statistics Mauritius sur l’Indice des prix à la consommation indique une baisse entre mai et juin 2018, de 4,7 % à 4,3 %. Cette baisse s’explique principalement par une baisse de prix des légumes et du gaz ménager. Cependant, Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC), ne se dit pas convaincu qu’il y a eu une baisse effective de l’inflation. « Les consommateurs ont beaucoup souffert en mai et juin. Si le CPI indique une baisse, alors je pense que le panier ménager doit être revu, car il ne respecte pas la consommation. »
Dettes
La dette publique a déjà atteint la somme de Rs 293 milliards, ce qui représente 62.9 % du Produit Intérieur Brut (PIB). Il est prévu que la dette publique soit équivalente à 63,1 %, en juin 2019. À noter que la dette publique a frôlé la barre de 60 % du PIB pour la première fois, en juin 2014 (Rs 228,9 milliards en termes absolus). Par ailleurs, le secteur privé est endetté à hauteur de Rs 364 milliards au 31 mai dernier, selon le dernier relevé de la Banque de Maurice. À la fin de mai 2017, l’endettement du privé était de Rs 343 milliards, alors qu’en mai 2016, le montant était de Rs 326 milliards. Soulignons que le pays continue à emprunter massivement pour soutenir le développement infrastructurel et cela va se répercuter dans la dette publique.
Tourisme
C’est un secteur qui ne connaît pas la crise. Le nombre d’arrivées touristiques de janvier à juin de cette année a connu une croissance de 3,4 % par rapport à la même période, l’année dernière. Comme à l’accoutumée, les sept principales sources de touristes sont, dans l’ordre, la France, La Réunion, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine. L’Arabie Saoudite démontre une progression fulgurante, de 1,325 arrivées, pendant les six premiers mois de l’année dernière avec 5,198 arrivées cette année. Maurice a accueilli un total de 646,865 visiteurs, pendant le premier semestre de l’année 2018. Il est estimé que 1,410,000 de touristes visiteront le pays pendant l’année 2018.
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