Nul n’est à l’abri des ravages de l’alcool. Loin du stéréotype de la femme alcoolique pauvre qui est à la rue, Priya (67 ans), qui est bien lotie dans sa maison à Moka, souffre de la même addiction.
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A10 heures, le mardi 12 juin, un appel de détresse nous conduit chez Priya qui attend patiemment sur la terrasse de sa maison. Dès le premier contact avec la sexagénaire, une forte odeur d’alcool émane d’elle. Si notre hôte est calme lorsqu’elle nous invite à prendre place sur le canapé, son ton monte toutefois d’un cran lorsqu’elle doit expliquer la raison de son appel.
« J’ai vendu mon terrain et l’acquisiteur ne veut pas me payer la totalité de la somme. » Cette phrase nous fait comprendre qu’un litige de propriété est à l’origine de sa frustration. En essayant d’en savoir davantage sur la source du problème, il s’avère que la narration des faits est incohérente. Elle se perd dans ses explications. Maya, sa femme de ménage, accompagnée de son mari Alan, est également assise au salon et tente de la raisonner, mais elle s’énerve. Après plusieurs tentatives pour lui faire la conversation, elle parle de son passé, elle pleure et perd le fil de son histoire qui ne semble pas tenir la route.
Elle se fâche et va chercher un morceau de papier qu’elle a conservé depuis neuf ans et lorsqu’elle le feuillette, impossible de retrouver l’article qui, selon elle, est une preuve qu’elle a été manipulée pour un achat de terrain dont elle est propriétaire. Exaspérée, elle se jette sur le canapé et somme sa bonne de lui servir à boire. Celle-ci refuse et elle s’en prend à elle. Maya finit par céder.
Et lorsque Priya obtient son verre de vin blanc, sa boîte de cigarettes et son cendrier, elle se calme et commence à sourire. Elle a l’air mieux et se montre plus attentive à notre conversation… Elle laisse échapper un bâillement qui découvre des dents abîmées et jaunies par le tabac. Elle vient de France, dit-elle. Elle parle de son coup de cœur pour le président français. Elle ne manque pas de dire qu’elle souhaite que son problème de terrain soit réglé et qu’elle ait son argent pour pouvoir aller le voir.
Cela fait bien des années que Priya a développé un penchant pour l’alcool. Elle ne mange pas depuis des jours et ne fait que consommer de l’alcool et fumer. Elle tourne en rond, explique sa bonne qui fait de son mieux pour s’occuper d’elle au quotidien.
Priya est une femme meurtrie depuis le décès de son mari d’origine française. Après des études dans un collège de l’Est, elle a mis le cap sur la France en 1976 après son mariage. De cette union sont nées deux filles qui vivent actuellement en France. Priya ne considère plus Maurice comme son pays natal.
Elle se vante d’avoir eu la nationalité française. Cette même femme qui a fui la pauvreté à Maurice dans les années 70, a enchaîné les petits boulots pour survivre outremer. Elle était responsable d’une chaîne d’hypermarchés très connue en France, selon ses dires. Et elle a fait d’innombrables sacrifices pour acheter une maison à Maurice, afin de profiter de sa retraite.
Mais le litige autour de ses propriétés familiales ainsi que ses nombreux va-et-vient en cour ont eu raison d’elle. Elle a les traits tirés. Mais sa mine défaite résulte peut-être aussi de son addiction pour l’alcool, qui la plonge peu à peu dans un enfer dont elle ne parvient pas à s’extirper.
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