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À Goodlands : le ministre Ramdhany et deux policiers accusés d’agression

Anjiv Ramdhany, ministre de la Fonction Publique se retrouve au cœur d’une polémique.
  • Dans une vidéo sur Facebook : «Dir minis donn Rs 200 000 nou tegn zafer-la laem»

Anjiv Ramdhany, ministre de la Fonction Publique et élu de la circonscription Grand-Baie/Poudre-d’Or (6), se retrouve au cœur d’une polémique. Samedi soir, Rajiv Kumar Beeharry, un fonctionnaire de 39 ans, a porté plainte à la police de Goodlands pour agression contre lui et trois policiers, dont deux étaient en uniforme et un en civil. Les faits se seraient produits dans la soirée du vendredi 9 février au domicile du fonctionnaire. 

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Cette affaire a été rendue publique et une vidéo a circulé sur Facebook. Il s’agirait de l’enregistrement d’un appel téléphonique qui aurait eu lieu entre le garde du corps du ministre Ramdhany et une tierce personne. Cette dernière aurait réclamé une somme de Rs 200 000 pour étouffer l’affaire et pour ne pas alerter les médias et la police. « Dir minis donn Rs 200 000 nou tegn zafer-la lamem ». Ce sont les propos que l’on pouvait entendre sur cet enregistrement. 

Dans une déclaration faite vers 19 h 30, le samedi 10 février, à la police de Goodlands, Rajiv Kumar Beeharry, qui a expliqué être employé au ministère du Commerce, dira avoir constaté quatre appels manqués sur son téléphone portable vers 23 heures la veille, provenant du numéro du ministre. Ayant préalablement enregistré ce numéro dans son répertoire, cet habitant de Bois-Rouge a soutenu avoir immédiatement compris que le ministre de la Fonction publique cherchait à le joindre. Peu après, il a entendu frapper à la porte. En ouvrant, l’homme dit avoir vu deux policiers en uniforme. Sans aucune explication, le agents l’auraient giflé. . C’est alors qu’il aurait vu le ministre Ramdhany. Ce dernier portait un t-shirt orange et une paire de jeans bleus.  Selon le déclarant, le ministre l’aurait aussi giflé, sous le regard d’un policier qui était, lui, en civil. Il dit pouvoir identifier le policier. Par la suite, selon Rajiv Kumar Beeharry, le ministre et les trois individus auraient quitté les lieux. Il se serait alors rendu à la médiclinique de Goodlands pour des soins. Il n’y aurait aussi aucun témoin de la scène, a ajouté Rajiv Kumar Beeharry.

Dans sa déposition, le fonctionnaire dira avoir été victime d’un règlement de comptes. Il a affirmé avoir envoyé un message de reproche au ministre. Il lui aurait dit : « Ou pe fer zis pou ou kalite e ou fami ». Ce que le ministre n’aurait pas apprécié, selon Rajiv Kumar Beeharry. Le ministre, Anjiv Ramdhany, n’a pas souhaité commenter cette affaire.

Vidéos sur Facebook : l’indignation du fonctionnaire

« Li pena drwa vinn dan mo lakaz e bat mwa ». Ce sont les propos du fonctionnaire dans une vidéo publiée, dimanche, sur Facebook. Il a fait état du message adressé au ministre Ramdhany, de la visite nocturne à son domicile vendredi et de l’éventuelle agression. Il dira n’avoir jamais menacé l’élu.  Rajiv Kumar Beeharry a retenu les services de l’avocat Sanjiv Teeluckdharry pour l’assister dans sa déposition. Dans une déclaration ‘live’ sur Facebook, dimanche, l’avocat a affirmé qu’aucun élu, ministre et PPS n’a le droit d’agresser un citoyen. « Nou finn aprann ki minis ek so bann VIPSU inn agress enn so prop azan », a déclaré Me Teeluckdharry. Il dira que son client va agir selon les paramètres légaux. « Sinon so karyer fini anplas », a ajouté l’avocat.

« Boukou tamasa dan zournal si pa donn Rs 200 000 »

Revenons à la première vidéo mentionnée plus haut, faisant état d’une somme de Rs 200 000 qui aurait été réclamée pour étouffer l’affaire. On y entend l’interlocuteur indiquer l’heure. Il était 10 h 58 samedi, et il a demandé au garde du corps d’informer le ministre Anjiv Ramdhany qu’il devait remettre l’argent « avant 13 heures ». 

Le policier garde du corps lui a alors répondu qu’il n’était pas de service et qu’il n’était pas sûr de pouvoir contacter le ministre. Interrogé sur la nature de la demande, l’interlocuteur a nié qu’il s’agissait d’une « menace » mais a plutôt évoqué un « arrangement à l’amiable ». « Pou ena boukou tamasa premye paz zournal si pa donn Rs 200 000 », peut-on entendre dans la vidéo. Dans l’enregistrement, le garde du corps du ministre laisse entendre qu’il ne s’est jamais introduit dans la maison de quiconque, contrairement à ce que prétend son interlocuteur.

À la fin de la vidéo, le garde du corps s’est présenté comme le VIPSU du ministre. « Mo mem Jayesh Ramdhany, VIPSU, bodyguard minis. Ou telefonn mwa ou pe rod Rs 200 000, sinon ou pou ale fer deklarasion zafer pa pou bon… » a-t-il dit. L’interlocuteur a alors affirmé : « Mo kone ou pe record ». Le policier lui a alors répondu : « Mo pa gagn letan record, mo lakaz mo pe bros sali… » L’interlocuteur a alors demandé au garde du corps de « dimann Anjiv » d’appeler la supposée victime de l’agression. Il a soutenu que le fonctionnaire et sa famille sont traumatisés. « Dimounn-la, so fami, so mama inn tromatize », dira l’interlocuteur. Le policier a conclu qu’il essaiera « de faire parvenir le message au ministre ».

Shiva Coothen : « L’IPCC va se focaliser sur l’allégation brutalité policière » 

Selon l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press & Public Relations Office, cette affaire sera axée sur deux volets : allégation d’agression et allégation de corruption. Au Défi Quotidien, dimanche, le porte-parole de la police a expliqué qu’un premier volet (la supposée agression par des policiers), sera transmis à l’ Independent Police Complaints Commission (IPCC). « L’IPCC va se focaliser sur l’allégation  de brutalité policière », dira-t-il. 

L’inspecteur Coothen a soutenu que la police enquêtera sur le volet « agression ». Il s’agit, selon lui, d’un cas de « simple assault » jusqu’ici et que ce n’est pas un « arrestable offence ». Selon Shiva Coothen, le ministre Anjiv Ramdhany devrait être sollicité par la police pour sa version des faits dans un ‘statement’ « en bonne et due forme ». Quant au volet sur un délit de corruption (les Rs 200 000  qui auraient été réclamées pour étouffer l’affaire), cela devrait faire l’objet d’une enquête par la commission anticorruption (Icac) pour corruption/pot-de-vin.

 

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