L’augmentation de la subvention sur la farine est loin, selon eux, de compenser la hausse de leurs coûts d’opération. Au bout du rouleau, les boulangers soutiennent qu’ils ne pourront pas poursuivre leurs activités si le prix du « pain maison » est maintenu à Rs 2,60. Sept boulangeries gardent déjà leur rideau baissé. D’autres fermetures sont prévues cette semaine.
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Les boulangers ne peuvent plus opérer dans de telles conditions, affirme Nasser Moraby. Le président de l’Association des propriétaires de boulangeries (APB) explique que « la hausse du coût de production du pain ne permet plus à nos commerces d’être rentables ». Non seulement les ingrédients sont de plus en plus chers, mais les augmentations successives des prix des carburants aggravent encore la situation, alors que le prix de vente du « pain maison », lui, n’évolue pas.
« Certaines boulangeries utilisant des fours traditionnels, qui fonctionnent au diesel, arrêteront leur activité quand leur réserve de carburant sera épuisée », indique Nasser Moraby. Le prix élevé des carburants est aussi un coût supplémentaire pour la distribution du pain. Or, déplore le président de l’APB, la plupart des boulangers n’ont pas d’argent pour investir davantage et ne sont plus en mesure d’emprunter car ils ont déjà des problèmes financiers.
Sept propriétaires de boulangerie ont déjà fermé temporairement les portes de leurs commerces. D’autres devraient leur emboîter le pas cette semaine. Ces fermetures pourraient avoir des conséquences fâcheuses. Un boulanger de la capitale souligne qu’une famille mauricienne consomme entre cinq et dix pains par jour. « La fermeture de certaines boulangeries causera une pénurie de pain dans le pays, surtout pour la rentrée scolaire », dit-il. Nasser Moraby partage cet avis : « Si certaines boulangeries ferment, les autres boulangers ne pourront pas augmenter la production en raison du coût d’opération élevé. Il y aura donc une pénurie de pain. »
Un propriétaire de boulangerie qui a baissé le rideau la semaine dernière affirme que la situation n’est plus tenable : « En quelques mois, les dépenses hebdomadaires pour le diesel et les ingrédients sont passées de Rs 31 000 à Rs 42 000. » Même constat pour une entreprise située à Flacq. La société enregistre des pertes et songe à fermer dès que son stock d’ingrédients sera épuisé. « Nous ne pouvons plus supporter les surcoûts engendrés par la hausse des prix du diesel et de la farine. Nous demandons au gouvernement de nous accorder une aide financière immédiate afin que nous puissions fonctionner efficacement pour répondre aux besoins des consommateurs. »
Compte tenu d’une flambée des prix du blé et de la levure sur le marché international et de la hausse des dépenses pour le carburant et les salaires, le président de l’APB maintient fermement qu’une augmentation du prix du pain est inévitable. Il rappelle que depuis 2012, le prix du « pain maison » est resté figé à Rs 2,60, alors qu’aujourd’hui, les boulangers auraient besoin de le vendre à Rs 4,10 pour ne pas faire faillite.
Une demande en ce sens à été adressée aux autorités en mars. Vendredi dernier, le gouvernement a fait savoir qu’il ne souhaitait pas augmenter le prix du pain pour ne pas pénaliser les consommateurs. Il a toutefois accordé aux boulangers une augmentation de la subvention sur la farine. Ceux-ci peuvent désormais acheter le sac de 25 kg à Rs 108,85 au lieu de Rs 155,50. Une mesure jugée très insuffisante par l’APB.
L’association se plaint par ailleurs de la mauvaise qualité de la farine actuellement disponible, qui est fournie par la State Trading Corporation. Enfin, les boulangeries éprouvent des difficultés pour trouver de la main-d’œuvre qualifiée et souhaitent que la réglementation soit revue pour leur permettre d’embaucher davantage d’ouvriers étrangers.
Une rencontre avec le ministre du Commerce réclamée
Confrontés au coût élevé des intrants et à la hausse des prix des carburants, les boulangers réclament une rencontre urgente avec le ministre du Commerce, en vue de renégocier le prix du « pain maison ». La subvention supplémentaire sur la farine, en vigueur depuis samedi, n’équilibre pas l’augmentation des coûts de production, estime Nasser Moraby, le président de l’Association des propriétaires de boulangeries. « Ce soutien représente environ 14 sous par pain. C’est loin de suffire. Nous voulons rencontrer le ministre pour discuter d’autres mesures qui pourraient vraiment nous aider », précise-t-il.
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