Pas de période de rodage pour le Pharmacy Council nouvellement constitué. Son premier président donne le ton. Faizal Elyhee promet des résultats et lance une sévère mise en garde aux brebis galeuses de la profession.
[blockquote]« Comme tout corps de métier, celui des pharmaciens a lui besoin d’évoluer dans des paramètres de l’éthique. »[/blockquote]
Vous êtes le premier président de cet organisme qui vient d’être constitué. êtes-vous prêt à relever le défi ?
Définitivement. Je sais que les attentes de la profession et des membres du public sont grandes. Je suis déterminé à relever ce défi pour lequel je ne vais m’épargner aucun effort. Je vais m’assurer que ce nouveau conseil exécute le mandat qu’on attend de lui. Et je suis convaincu qu’avec l’équipe en place, nous pourrons ensemble relever ce défi.
Quelle était la nécessité de créer un Pharmacy Council ?
Nous le réclamions depuis quelque temps déjà. La profession est régulée par la Pharmacy Act et avec le temps, la nécessité d’avoir un corps régulateur s’est fait sentir. Il était devenu impératif d’exercer un contrôle sur les pharmaciens et les pharmacies. Il ne faut pas avoir peur de cet organisme. Nous sommes là pour encadrer, conseiller et orienter les professionnels du secteur. Outre la nécessité de ce conseil, il y avait aussi urgence dans sa mise sur pied.
Pourquoi une telle urgence ?
Comme tout corps de métier, celui des pharmaciens a lui besoin d’évoluer dans des paramètres de l’éthique. Pharmacies et pharmaciens seront sous surveillance : la façon dont ils s’occupent de leurs clients, les conseils qu’ils prodiguent, la vente ou le dispensing des médicaments. Les pharmaciens du privé et ceux du public sont concernés. L’Ordre des pharmaciens s’occupera aussi de l’enregistrement des pharmaciens et des pharmacies, de promouvoir leur développement personnel, d’assurer leur formation continue…
Vous allez aussi évaluer les pharmaciens dans l’exercice de leurs fonctions ?
Nous sommes les experts en matière de médicaments. Mais à Maurice, le métier évolue-t-il comme il faut ? Ou alors nous contentons-nous seulement de distribuer ou de vendre les médicaments figurant sur une prescription médicale ?
Vous avez les réponses à ces interrogations ?
La formation continue. Le Continuous Professional Development (CDP) sera une partie essentielle du travail que nous allons abattre au sein de l’Ordre des pharmaciens.
Quid des plaintes contre les pharmaciens ?
Ce sera aussi une de nos responsabilités. Je précise que le Pharmacy Council est un corps indépendant, totalement autonome. Nous allons prendre des actions si nécessaire.
De par votre statut de pharmacien du ministère, ne seriez-vous pas juge et partie à la fois ?
Il n’y aura aucun risque de conflit d’intérêts. En tant que président du Conseil, je travaille indépendamment du ministère. Je suis pharmacien avant tout. Ma mission est de promouvoir la profession, de donner les moyens aux professionnels de ce secteur d’évoluer et de s’épanouir sereinement.
Des dossiers prioritaires ?
L’organisme ayant été nouvelle créé, il n’y a que des priorités. Nous sommes conscients que nous avons un travail énorme à abattre, que ce soit dans l’immédiat ou sur les moyen et long termes. Nous devons avant tout mettre sur pied la structure, car nous commençons à zéro. C’est un gros challenge, mais l’équipe dont je dispose est très compétente. Elle est représentative des secteurs public et privé. Il faut rappeler aux pharmaciens les grandes lignes des lois qui régissent la profession (Pharmacy Act, Dangerous Drugs Act et Pharmacy Council Act), surtout sa raison d’être et les paramètres de son fonctionnement. De cette façon, ils sauront à quoi s’en tenir.
Ne pensez-vous pas qu’il y a trop de pharmacies privées qui opèrent à Maurice ? Il y en a souvent plusieurs dans un rayon de quelques mètres…
Il y a à peu près 350 pharmacies à Maurice et quelque 400 pharmaciens. Ces derniers évoluent dans le secteur public ainsi que dans les pharmacies et les cliniques privées. Y en a-t-il trop ? Je dirais non. Je dirais même qu’il y a de la place pour d’autres. En revanche, je concède que leur localisation peut être sujette à débat. Il y a des régions où il n’y a pas de pharmacies, alors que dans d’autres, il y en a plus que nécessaire.
Ne faudrait-il pas aussi s’attaquer à ce problème ?
La Pharmacy Act régule la profession et le Pharmacy Board tient compte de l’aspect commercial, c’est-à-dire le nombre, la localisation et la distance entre deux pharmacies, entre autres. Il faudrait peut-être revoir tout cela. Mais ce n’est ni le rôle, ni la responsabilité du Pharmacy Council. On pourrait, toutefois, en discuter car, au final, cela concerne aussi le pharmacien.
Vous n’êtes pas sans savoir que le fonctionnement de certaines pharmacies laisse à désirer : vente sous le comptoir des psychotropes, sirop antitussif aux drogués, pilules abortives…
Je ne veux pas généraliser, mais en même temps, on ne peut pas prétendre être aveugle. Oui, il y a des brebis galeuses. Personnellement, je dénonce et je condamne ces pratiques. Le rôle du pharmacien est très clair. Il doit honorer les prescriptions, aider et conseiller ses clients. Il ne doit pas s’engager dans le trafic illicite. Les brebis galeuses n’ont qu’à bien se tenir. Le Pharmacy Council ne tolérera pas ces pratiques. Nous prendrons des actions en prévision de la loi.
Pouvez-vous garantir que le Pharmacy Council ne sera pas un bouledogue sans dents ?
Il n’y a aucun risque que cela soit le cas. Le Pharmacy Council est un corps indépendant et évoluera en tant que tel. Nous mettrons rapidement en place des structures. Nous avons déjà identifié les différents comités et sous-comités, ainsi que les personnes d’expérience qui les présideront. Nous avons aussi un Disciplinary Committee. Je répète que nous évoluerons dans les paramètres légaux et sanctionnerons quand et si nécessaire. En somme, we mean business.
Est-ce une sévère mise en garde aux brebis galeuses ?
Plutôt le conseil d’un professionnel à un autre. Le rôle du pharmacien n’est pas de s’engager dans des trafics illicites. Au contraire, il doit travailler pour le bien-être de la population. Je souhaite que les pharmaciens apportent aussi leur contribution au combat contre l’abus de drogue. Je suis convaincu que dans quelques années, le Pharmacy Council aura atteint son objectif de rehausser le niveau de la profession. Pour ce faire, je compte sur la collaboration de tous les pharmaciens. Nous sommes des professionnels, restons-le.
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