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Drogue : une journée pour en parler

Une journée pour en parler

Le Défi Media Group, Radio Plus et TéléPlus ont voulu apporter leur contribution au combat contre la drogue. La radio y a consacré toute la journée du jeudi 18 octobre. Nawaz Noorbux et Jean-Luc Émile ont donné la parole aux auditeurs, travailleurs sociaux, politiciens, recteurs et responsables d’institutions.

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Lindsay Thomas, recteur : «L’école n’est pas un tribunal»

Le recteur du collège du Saint-Esprit a expliqué qu’il a la responsabilité morale de contacter les parents si un élève fait une bêtise ou touche à des produits dangereux. Lindsay Thomas a souligné l’importance de la communication entre l’école, les parents et l’enfant. « Si nous constatons un comportement suspect chez l’enfant, nous demandons à ses parents de venir. Mais la plupart des deals se font en dehors de l’école. Nous n’avons pas de compétences pour vérifier le supply side. En cas de problème, nous informons les autorités, mais l’école n’est pas un tribunal », a-t-il argué.


Françoise Labelle, ex-députée du MMM : «Les jeunes pas réceptifs aux discours»

Françoise Labelle a insisté sur l’importance d’intéresser les jeunes aux activités telles que le sport. « Certains n’ont pas de temps à consacrer à un loisir. Après l’école, il y a les leçons particulières qui finissent tard », a-t-elle déploré. Elle a suggéré qu’à la place de discours moralisateurs, des activités soient organisées à leur intention. « Des activités qui leur donneraient du plaisir, ce que ne propose pas notre système éducatif », a-t-elle dit. Il y a aussi le fait, selon elle, que « certains parents n’ont pas les connaissances requises pour détecter les signes de l’addiction ».


Ally Lazer, travailleur social : «Maurice devrait se doter d’appareils sophistiqués»

« Ou trouv ladrog finn aret rant dan pei ? Li pe rantre mem », a affirmé Ally Lazer. Le travailleur social est d’avis que malgré les saisies record, la drogue continue à faire des ravages. Raison pour laquelle il estime que « Maurice devrait se doter d’appareils sophistiqués pour identifier ces produits nocifs ». Il a précisé qu’il risque sa vie en dénonçant les trafiquants. « Il y a de quoi être découragé à poursuivre le combat quand de l’héroïne se transforme en lapay dite sek. »


Le chef inspecteur Naushad Maudhoo de l’Adsu : «On ne peut être partout»

« Nous avons fait plusieurs interventions, mais avec l’effectif dont dispose l’Anti-Drug and Smuggling Unit, nous ne pouvons être partout. Nous avons une unité pour former les policiers. Nous avons revu nos moyens de communication. Mais la drogue synthétique est un fléau mondial, qui n’est pas facile à détecter. »


Arvin Boolell :  «Il ne suffit pas de mettre sur pied un comité ministériel»

Il essentiel d’organiser une campagne de sensibilisation, selon Arvin Boolell. Le député travailliste estime qu’il « ne suffit pas de mettre sur pied un comité ministériel ». Ce qu’il faut, dit-il, c’est une National Commission of Drug, car « la drogue est un problème national ». Il est d’avis qu’il faut une approche psychosociale pour lutter contre la drogue synthétique. « Hélas nous n’avons pas de personnes formées pour cela », a-t-il déploré.


Zouberr Joomaye : «Le GM n’a pas mis le rapport Lam Shang Leen dans un tiroir»

« Le gouvernement n’a pas mis le rapport Lam Shang Leen au fond d’un tiroir », a expliqué Zouberr Joomaye. Le député MSM précise que le gouvernement fait de gros efforts pour combattre la drogue. Il en veut pour preuve que le rapport a été rendu public. Le député estime que le pays serait mal vu s’il dépénalisait le cannabis. « Nous ne pouvons nous comparer au Canada. Le consumption pattern est totalement différent », a-t-il souligné.


Leela Devi Dookun : «Un cursus scolaire verra le jour d’ici janvier»

La ministre de l’Éducation affirme que le fléau de la drogue n’a pas épargné le pays. « Il faut s’assurer que les mesures appropriées soient prises pour protéger les jeunes. Nous voulons mettre à leur disposition tous les moyens pour qu’ils puissent dire non à la drogue. Avec les réseaux sociaux, les jeunes sont de plus en plus vulnérables. Nous avons établi un protocole avec les chefs d’établissement et une ligne de communication avec la force policière », a-t-elle souligné. Elle a ajouté qu’un cursus scolaire verra le jour dans les écoles d’ici janvier 2019.


Sam Lauthan, travailleur social : «Rendre public le nombre d’accidents liés à la drogue»

sam« Je lance un appel pour qu’on rende public le nombre d’accidents impliquant des conducteurs sous l’influence de drogues de synthèse », a expliqué Sam Lauthan, travailleur social et l’un des deux assesseurs de la commission d’enquête sur la drogue. « Certaines personnes consomment des drogues synthétiques avec de l’alcool. Les produits utilisés pour fabriquer de la drogue synthétique sont nocifs. Ils ont les mêmes effets que l’héroïne. Le fait que cette drogue soit bon marché la rend accessible à tous. Sa production connaît une croissance. Donc, il n’y a pas de pénurie », a-t-il ajouté.


Xavier-Luc Duval : «Rien n’a été fait depuis la publication du rapport Lam Shang Leen»

xldXavier-Luc Duval insiste sur l’importance d’appliquer les recommandations du rapport de la commission d’enquête sur la drogue. « Je voulais laisser le temps au gouvernement d’analyser le rapport Lam Shang Leen, mais rien n’a été fait », a-t-il déclaré. Le leader de l’opposition a, dans la foulée, précisé que le démantèlement de l’Anti-Drug and Smuggling Unit est nécessaire. « Quand on voit la quantité de drogue, on se demande si ce n’est pas la même qui est saisie qui circule sur le marché. »

Ce que regrette par-dessus tout Xavier-Luc Duval est le fait que la drogue soit un produit accessible à tous. « Le cannabis peut coûter Rs 200 une dose, alors que la drogue synthétique est à Rs 50 », explique-t-il. Pour le leader des bleus, ce qu’il faudrait surtout c’est « punir les trafiquants au lieu de toucher les consommateurs ».

Parlant du traitement et de la réhabilitation des toxicomanes, il estime que c’est un désastre. « Un consommateur cherchera toujours une autre option. C’est une question de choix. »


Danny Philippe, travailleur social : «On entend toujours les mêmes banalités»

danny« Il n’y a pas de réelle politique nationale pour endiguer le problème de la drogue à Maurice. » C’est ce qu’estime Danny Philippe. « On entend toujours les mêmes banalités. Il faut revoir la politique existante sinon nous n’obtiendrons jamais de société sans drogue. Rien n’est fait pour la réhabilitation des drogués. Il n’y a rien de concret non plus comme prévention, alors qu’on dépense des milliards dans la lutte contre la drogue », déplore le travailleur social. « Les politiciens ont peur d’apporter un véritable changement avec des idées novatrices. Il faut créer des loisirs pour l’épanouissement des jeunes, ce qui les garderait occupés et diminuerait la consommation de drogue. L’oisiveté est la mère de tous les vices. »


Ravi Rutnah : «Le cannabis rend fou»

raviLe Deputy Chief Whip nie que le combat contre la drogue mené par le gouvernement est un échec. « Ce débat est faussé. La perception est faussée », a-t-il insisté. Ravi Rutnah s’oppose à la dépénalisation du cannabis. « Le cannabis rend fou. Il affecte le cerveau », a-t-il soutenu.


Roshi Bhadain : «Nous sommes dans le précipice»

Le leader du Reform Party dresse un sombre tableau de la situation de la drogue. Selon lui, « nous sommes dans le précipice ». Il plaide pour un durcissement de la loi. « Il faut sévir si la police découvre qu’une personne est en possession des ingrédients nécessaires pour fabriquer de la drogue synthétique », avance-t-il. Parlant de la dépénalisation du cannabis, Roshi Bhadain se prononce contre. « Les termes dépénalisation, décriminalisation ou médicalisation sont vains. Si on dépénalise le cannabis, il ne sera pas prohibé. Mais le vendre sera toujours considéré comme un délit. Si la vente est illégale, la demande augmentera et le prix aussi. Donc, si le prix du cannabis est élevé, les drogués se rabattront sur la drogue synthétique. Cela reviendra au même. »


Rama Valayden, avocat : «Nous avons déjà perdu le combat, ou presque»

rama shakeel

Pour l’avocat Rama Valayden, « nous vivons une situation d’extrême d’urgence ». La solution, selon lui, c’est de dépénaliser le cannabis. « La drogue synthétique est incontrôlable. Nous avons déjà perdu le combat, ou presque. Tester les drogues synthétiques lors des raids ou des saisies prendrait trop de temps. Le laboratoire de la police serait débordé. Nous aurons bientôt une race de zombies, une Lost Generation. Nous sommes en train de favoriser la prolifération de la drogue synthétique. En revanche, si nous dépénalisons le cannabis, cela fera baisser la valeur du marché lucratif que représente la drogue synthétique », déclare l’avocat. 


Shakeel Mohamed : «La solution, c’est une drogue propre et légale»

Shakeel Mohamed n’est pas du tout convaincu que la commission d’enquête présidée par l’ex-juge Paul Lam Shang Leen et son rapport changeront quoi que ce soit au problème des drogues dures à Maurice. « Les derniers chiffres de Statistics Mauritius le prouvent. Les délits ont augmenté de 10 %. C’est énorme. Demandez aux ONG. Elles connaissent la réalité du terrain. La méthodologie adoptée par le gouvernement pour combattre la drogue est dépassée. Critiquer les parents, proposer une solution après l’autre… rien n’a marché », avance-t-il.

Selon le député travailliste, la solution serait de proposer des « drug injection facilities » aux « malades » sous la supervision de l’État. Il faudrait, selon lui, une drogue propre et légale, fournie par l’État et dont la prise serait supervisée par des médecins, comme cela se fait à Genève en Suisse. « Cela diminuerait le nombre de vols et la prolifération du VIH/Sida, etc. » insiste-t-il. « Le gouvernement doit proposer des solutions osées. De la drogue est proposée au jardin de Plaine-Verte, en face du poste de police. »


Alan Ganoo : «Il faut un nouveau regard sur le cannabis»

alanLe politicien se dit traumatisé par l’ampleur de la drogue à Maurice. « N’est-il pas temps d’avoir un nouveau regard sur le cannabis. On est à la croisée des chemins. Il faut casser les reins à la mafia. Hélas la répression n’est pas une solution », déclare Alan Ganoo. Il souligne l’aveu d’impuissance d’Anwar Husnoo dans le combat contre la drogue. « Il y a quinze jours, le ministre de la Santé a révélé qu’en un an, 1 000 jeunes, des mineurs, ont été hospitalisés à cause de la drogue. Ces chiffres doivent nous interpeller. Ces mineurs seront les criminels potentiels de demain. Il s’agit de trouver une solution d’urgence pour ces mineurs de 13-14 ans. » Alan Ganoo se dit favorable à un Urgent Drug Master Plan. Le rapport Lam Shang Leen fait, dit-il, plusieurs recommandations, mais encore faut-il les appliquer. « La bataille est déjà perdue », regrette-t-il.


Frédéric, de l’association CLAIM : «Ce serait mieux de dépénaliser le cannabis»

Frédéric, membre de l’Association Cannabis Legalization and Informative Movement (CLAIM), explique que l’île de la Réunion n’a pas de problèmes liés à la drogue. « Ce serait mieux de dépénaliser le cannabis à Maurice. Avec le prix du cannabis qui augmente, la situation devient de plus en plus alarmante. Moi, si j’ai accès à cette herbe, j’arrête de consommer des boissons alcoolisées et la cigarette qui sont tout aussi nocifs pour la santé », a-t-il expliqué

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