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Face à la cherté de la vie : ces astuces adoptées par les ménages pour économiser 

Avec la cherté des produits alimentaires, du carburant et désormais de l’électricité, les familles mauriciennes sont à la recherche de divers moyens pour pouvoir joindre les deux bouts et aussi faire des économies pour l’avenir. Ciblage des promotions, achat à l'encan, culture de légumes. Ce sont-là quelques pratiques privilégiées. 

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Miser sur les articles en promo 

Mettre quelques sous de côté pour affronter des moments difficiles est une gageure, dans le contexte actuel, pour une famille avec deux enfants scolarisés dont le revenu mensuel ne dépasse pas Rs 30 000.  C’est le constat de Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec).  Aujourd’hui, dit-il, les prix continuent de grimper malgré la baisse du coût du fret maritime à travers le monde. « Les couples qui touchent plus de Rs 40 000 à deux arrivent à économiser un peu, mais pour les autres, c’est difficile. » Quand le budget est serré, poursuit-il, une solution est de « cibler les promotions dans les grandes surfaces et de faire des achats intelligents », surtout pour les produits alimentaires de base, afin qu’il reste un peu d’argent à la fin du mois.  

Un avis que partage Rebecca Espitalier-Noël, Managing Director de FoodWise, entreprise sociale qui lutte contre le gaspillage alimentaire.  « Vous pouvez compléter vos menus en fonction des promos repérées dans le catalogue de votre supermarché et en achetant des produits de saison qui sont toujours moins chers », soutient-elle. Cependant, elle concède que le défi sera de ne pas céder à la tentation des publicités dans les supermarchés.

Planifier les menus de la semaine

Pour Jayen Chellum, secrétaire général de l'Association des consommateurs de l'île Maurice (Acim), les familles doivent prendre le temps de planifier les repas qu’elles vont consommer durant la semaine. « Cela permet d’éviter le gaspillage alimentaire et d’assurer une meilleure gestion du budget ménager. » Rebecca Espitalier-Noël abonde dans ce sens. Dresser une liste avant de partir faire les courses, dit-elle, est un bon moyen de limiter les dépenses. « Il faut planifier ses menus de la semaine après avoir vérifié ce qu'il reste dans le réfrigérateur et les placards. Ainsi, on sait exactement quoi acheter au supermarché. » 

Acheter les légumes à l'encan et auprès des planteurs 

À la vente à l’encan, les légumes sont bien moins chers qu’au marché et dans les grandes surfaces. « À titre indicatif, un chou se vend entre Rs 25 et Rs 30 à l'encan actuellement alors que le prix pratiqué par les marchands au bazar oscille entre Rs 60 et Rs 75 », indique Shemida Ramdewar-Emrith, présidente de la Vegetables and Fruits Auctioneers Association. « Cependant, il n’est pas possible d’acheter à l’unité. Par exemple, il faut prendre au moins 10 choux. » La solution est alors de faire un achat groupé avec d’autres membres de la famille, des amis, des voisins… 

« Certains ménages se fournissent aussi directement auprès des planteurs. Ils bénéficient à la fois de légumes frais et de prix intéressants », souligne Shemida Ramdewar-Emrith. Jayen Chellum conseille, pour sa part, de se rendre au marché à l’heure de la fermeture. « Les derniers légumes restant sur les étals sont généralement écoulés à prix bas », dit-il.

Préserver le surplus 

Votre congélateur, si vous en possédez un, est votre meilleur ami, affirme Rebecca Espitalier-Noël. « Pour ne pas perdre les produits périssables en surplus que vous ne pourrez pas consommer tout de suite, il suffit de les congeler. » Pratiquement tous les aliments peuvent être congelés, de la viande aux fruits et légumes, en passant par le poisson, le fromage, le riz, le beurre et même le lait.  

Organiser une tontine entre proches 

Jayen Chellum avance que c’est une pratique très courante dans la population mauricienne. « Plutôt que de faire un crédit pour financer un projet, beaucoup de gens préfèrent contribuer à une tontine. Zot met sit ant fami ou ant kamwad. » Par ailleurs, cela évite les déplacements vers les banques pour faire des dépôts, mais aussi l’endettement. Le principe de la tontine est simple. Par exemple, cinq personnes cotisent Rs 1 000 par mois. À tour de rôle, pendant cinq mois, chacune reçoit le montant total versé, soit Rs 5 000. « Ce qui est bien aussi dans cette pratique, c’est que la personne prend l’engagement de mettre une certaine somme de côté à la fin du mois. Cela l'oblige à faire des économies », souligne le secrétaire général de l’Acim. 

Acheter en gros et partager les coûts

Selon nos interlocuteurs, les achats en gros permettent également de faire des économies.  « Par exemple, une personne achète une certaine quantité d’un produit dans un magasin de gros et bénéficie d’une remise sur le prix à l’unité. Par la suite, cette quantité est divisée entre trois ou quatre personnes qui partagent les coûts », explique Jayen Chellum.  Le même principe, poursuit-il, peut s’appliquer au transport. « Grâce au covoiturage, les Mauriciens peuvent économiser sur les dépenses pour le carburant. »

Cultiver ses propres légumes et cuisiner l'entièreté des aliments

« Aujourd’hui, avec les conséquences cumulées de la sécheresse et des grosses pluies qui se sont abattues sur le pays, les légumes se font rares et sont vendus à des prix élevés. Donc, c’est mieux de cultiver ses propres légumes », estime Suttyhudeo Tengur. Piments, aubergines, carottes, poireaux, tomates, herbes aromatiques, entre autres, peuvent être cultivés sur un petit carré de jardin, voire dans des bacs sur le toit de la maison ou sur la terrasse.  

Rebecca Espitalier-Noël ajoute que les ménages mauriciens devraient apprendre à cuisiner l'entièreté des aliments qu’ils utilisent. « À titre d’exemple, faites des chips avec les peaux des légumes. Ou tout simplement, n'enlevez pas la peau. Une fois bouilli, mangez tout l'aliment car la peau est riche en vitamines. Vous pouvez aussi, avec l’écorce de pastèque, faire une confiture. » La créativité, poursuit-elle, est un atout dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. « Les pâtes qui restent du repas précédent et quelques légumes défraîchis feront ainsi un bon gratin de pâtes », dit-elle. 

Cibler les produits proches de leur date d’expiration

Quand les produits alimentaires approchent de leur date d’expiration, les commerçants les vendent entre 30 et 50 % moins cher pour pouvoir les écouler rapidement, souligne Rebecca Espitalier-Noël. La bonne nouvelle, poursuit-elle, c’est que depuis juillet 2022, les produits dont la « best before date » est passée peuvent toujours être commercialisés. « Les réductions sont alors encore plus importantes, allant jusqu'à 70 %. Et ces aliments peuvent être consommés sans danger jusqu’à la date d’expiration. La ‘best before date’ concerne seulement le ‘food quality’ tandis que la date d’expiration est une question de sécurité alimentaire », explique notre interlocutrice. 

 

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