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Extradition refusée - Nandanee Soornack : « J’ai la conscience tranquille »

Nandanee Soornack dissimule avec peine son contentement. La demande du gouvernement mauricien pour son extradition d’Italie parce qu’elle est soupçonnée de blanchiment et d’entente délictueuse ayant été rejetée par la Cour d’appel de Bologne jeudi, l’amie de l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam se laisse enfin aller à des confidences.

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« J’aimerais partager mes sentiments après cette longue bataille. Je suis tellement heureuse que j’en ai les larmes aux yeux. J’ai toujours gardé la tête froide car j’ai la conscience tranquille. Je suis innocente de tout ce dont on m’accuse. Cette affaire a été un défi pour moi », fait ressortir la femme d’affaires au Défi Plus.

« Je n’ai jamais été stressée. J’avais entièrement confiance en Dieu. Je remercie mes conseils légaux, mes enfants, ma famille et mes sympathisants pour leur soutien durant cette période difficile. Satyamev jayate (Ndlr : La vérité finit toujours par triompher)  », ajoute-t-elle, espérant pouvoir en dire davantage d’ici 15 jours.

Si Nandanee Soornack s’en tient à cette première déclaration publique, elle explique que ses hommes de loi lui ont conseillé de garder le silence pendant le délai dont dispose le gouvernement mauricien pour faire appel contre la décision du juge Alberto Pederiali.

L’éventualité d’un appel a été au menu des discussions au Conseil des ministres vendredi. Malheureusement, même après 24 heures, nul à l’hôtel du gouvernement n’était en présence d’une copie certifiée et traduite du jugement afin qu’un panel puisse s’y pencher pour décider de la marche à suivre.

Pire : seul l’Attorney General a été en contact avec les représentants légaux du gouvernement en Italie. En l’absence de Ravi Yerrigadoo du pays, même Soodesh Callichurn, qui le remplace, ne sait vers qui se tourner pour mettre la main sur ce document. Il a cependant confirme a la mi-journee les proceduresLe revers de la partie mauricienne s’explique par un point exploité par les avocats de Nandanee Soornack. Ils ont monté en épingle l’intervention intempestive de l’Attorney General au cours du procès pour soutenir que le gouvernement actuel a des préoccupations politiques en réclamant cette extradition.

«Persécutions politiques»
Me Mario Zanchetti, du cabinet Pulitanò Zanchetti, dit avoir pu convaincre la Cour d’appel de Bologne que Nandanee Soornack deviendrait une « martyre politique » si jamais elle était extradée. « Il était très clair que Ravi Yerrigadoo avait un intérêt personnel dans cette affaire. C’est que ce nous avons prouvé à la justice italienne », a-t-il expliqué sur Radio Plus. « Nous avons exposé au juge l’arrestation de Me Pazany Thandarayan, l’ancien avoué de Nandanee Soornack, lors de laquelle la police avait saisi ses documents confidentiels », a-t-il enchaîné.

Les craintes de « persécutions politiques » avaient déjà été évoquées devant cette instance le 16 avril 2015 (voir Défi Plus du 12 décembre 2015). Il avait ainsi été révélé qu’une fille présentée comme « l’unique héritière de la dynastie Ramgoolam » est née des amours entre la femme d’affaires et l’ex-Premier ministre.

« Nou pe atann Ravi vini », glisse un ministre interrogé sur la procédure d’appel. L’intention de transformer Nandanee Soornack en témoin à charge contre le leader du Parti travailliste, annoncée par sir Anerood Jugnauth en décembre, vient de s’écrouler comme un château de cartes.

Affairisme et dolce vita

Nandanee Soornack a été indissociable de la vie politique de Navin Ramgoolam durant les deux derniers mandats de celui-ci. Traitée comme une VIP, elle bénéficiait d’une protection rapprochée et une équipe du Central Criminal Investigation Department était même mandatée pour surveiller son magasin à Jumbo Phoenix après que Yogida Sawmynaden a tenté de la prendre en photo lors des municipales de décembre 2012.

L’incident entre Nandanee Soornack et le militant orange a permis de révéler qu’elle avait obtenu le monopole du service traiteur à la nouvelle aérogare construite sous la supervision directe de Navin Ramgoolam. Si le gouvernement actuel voulait la faire extrader, c’est parce qu’il estime qu’elle détient des informations sur les Rs 220 millions retrouvées dans les coffres-forts de Navin Ramgoolam et les commissions qu’elle a perçues, aux côtés de Rakesh Gooljaury, du groupe suisse Dufry. Celui-ci avait remplacé le groupe allemand Heinemann pour la fourniture de produits de luxe à la Mauritius Duty Free Paradise.

Par ailleurs, la « tax rebate » de Rs 500 000 dont elle aurait bénéficié pour l’achat de la propriété de la famille Maingard de la Ville-Es-Offran à Floréal avait aussi fait l’objet d’une controverse.

 

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