Le débat sur l’utilisation de la langue maternelle dans le cursus scolaire refait surface. Rita Venkatasawmy en fait état dans son dernier rapport rendu public le jeudi 11 octobre. Les défenseurs de l’utilisation de la langue kreol à l’école accueillent favorablement la recommandation de l’Ombudsperson for Children.
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«Étudier dans sa langue maternelle est avantageux. Il était temps que nous ayons une Ombudsperson for Children qui comprenne les maux de nos enfants. » Ces propos sont ceux du professeur Arnaud Carpooran, président du Creole Speaking Union. Saluant la recommandation faite par Rita Venkatasawmy, il ajoute que cette dernière a mis le doigt sur l’essentiel. « J’espère que les autorités, dont le ministère de l’Éducation, accordera une attention particulière à cette recommandation. »
Que dit Rita Venkatasawmy dans son rapport ? Elle souligne l’importance de « savoir sur quoi nous évaluons l’enfant ; sur la connaissance ou sur la langue ? » Elle recommande qu’on réfléchisse à l’utilisation du kreol. « Ne faudrait-il pas évaluer les connaissances des enfants dans la langue kreol, qui est leur langue maternelle ? »
L’Ombudsperson for Children précise que l’utilisation de la langue maternelle est importante, comme souligné par le comité d’experts des Nations unies.
Le Dr Jimmy Harmon, du Service diocésain de l’éducation catholique, va dans le même sens. Il ajoute que les Droits des enfants c’est aussi l’accès aux connaissances et au savoir. « L’enfant doit pourvoir apprendre des choses dans sa langue. Il serait bien que le Mauritius Examinations Syndicate (MES) puisse mettre des questionnaires bilingues à leur disposition. Ce sont les mêmes questions qui sont posées en anglais et en kreol. Cela mettrait l’enfant en confiance. »
Le linguiste et écrivain Dev Virahsawmy est heureux que ses arguments sur l’utilisation de la langue maternelle aillent dans le même sens que ceux de l’Ombudsperson for Children. « La fonction première de l’école est d’apprendre aux enfants à lire et à écrire. Cela a été complètement oublié à Maurice et la fonction principale de l’éducation est considérée comme la maîtrise d’autant de langues que possible. Cette situation est néfaste au développement de l’enfant. Il faut se rendre à l’évidence que la non-utilisation de la langue maternelle peut engendrer des pathologies mentales et que l’enfant se trouve dans une situation de marginalité. »
Pour Dev Virahsawmy, 70 % de la population mauricienne ne possède pas la littératie fonctionnelle. « Malgré la gratuité de l’éducation, on peine à enseigner à nos enfants la maîtrise de la lecture et de l’écriture. Au niveau de l’éducation et de la culture, nous avons deux langues (l’anglais et le kreol), qui sont complémentaires au niveau de la grammaire. Si nous voulons développer la littératie, il faut commencer par la langue maternelle de l’enfant. »
Comme matière
Au niveau du ministère, un préposé a précisé qu’il est aussi important que la connaissance soit dispensée de manière équilibrée dans toutes les langues utilisées. « Toute langue reste une option pour faciliter l’apprentissage. Un enseignant est libre d’utiliser la langue appropriée pour que l’enfant comprenne ce qui lui est enseigné. »
Dans nos écoles, le kreol est enseigné comme matière depuis 2012. Elle a été pour la première fois évaluée au Primary School Achievement Certificate en 2017, avec 4 000 candidats. Le taux de réussite était de 79,6 %. Pour la deuxième cuvée qui se tiendra le 25 octobre 2018, le MES a enregistré 3 391 candidats.
La classe est offerte 50 minutes par jour. Parmi les difficultés des écoliers : le mélange de l’anglais et du français dans l’écrit. Mais au fil du temps, ils arrivent à maîtriser le kreol. Cette matière est aussi offerte dans une vingtaine de collèges depuis début 2018. Les classes sont conduites par des enseignants formés par le Mauritius Institute of Education.
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