Alors que les droits de douane pour les exportations de La Réunion vers Maurice ont été abolis, tel n’est pas le cas dans le sens inverse. Une décision qui est mal vue par les opérateurs mauriciens.
« Les négociations entre Maurice et l’île de La Réunion concernant l’abolition des droits de douane pour les exportations réunionnaises ne sont pas justes. Cet accord aurait dû être à double sens. Toutefois, La Réunion n’a pas le pouvoir de décision car c’est un territoire français. Ainsi, la négociation aurait dû être faite avec un homologue français, afin de permettre à cette mesure d’être appliquée dans les deux sens », déplore Amar Deerpalsing, président de la fédération des Petites et moyennes entreprises. Il souligne que cette négociation pourrait comporter des risques.
Baisse unilatérale
Notre interlocuteur se demande si cette négociation implique que des produits français, de la Guadeloupe et des autres territoires français d’outre-mer, seront également exemptés de droits de douane, si ces produits passent par l’île de La Réunion avant d’être exportés à Maurice. « Il y a bel un bien un risque que nous n’ayons pas de contrôle sur ces exportations en provenance de La Réunion », s’alarme-t-il. Sylvan Oxenham, président de l’Association of Mauritian Manufacturers, souligne que l’annonce de la baisse unilatérale des droits de douane en faveur des produits réunionnais a surtout suscité de l’incompréhension chez les manufacturiers mauriciens. « Par un hasard de calendrier malheureux, des taux d’octroi de mer à La Réunion sur des produits intéressant des exportateurs mauriciens (farine, aliments pour animaux, tuyaux en plastique) ont été relevés à la même date. Cette asymétrie de traitement est vraiment dommage. Pour le moment, la baisse à zéro des droits de douane n’est pas opérationnelle et n’affecte donc pas les producteurs mauriciens », avance-t-il. Sylvan Oxenham ajoute que pour justifier de l’origine Réunion, les douanes réunionnaises doivent émettre un certificat EUR1 REUNION prouvant l’origine du produit réunionnais selon des règles très précises, définies dans l’Accord de partenariat économique (APE) entre Maurice et l’Union européenne. « Or, l’émission de ce certificat soulève des questions techniques pour lesquelles une réponse est attendue de l’Europe. Les flux d’exportation de La Réunion vers Maurice restent bas pour deux îles si proches, soit Rs 200 millions annuellement. Ils sont notamment constitués de produits d’alimentation pour animaux, du rhum, de la légine (poisson), des produits métalliques, des équipements, des cosmétiques, entre autres. Maurice réalise moins de Rs 800 millions d’exportations annuelles. L’État mauricien a étendu le Freight Subsidy Scheme à destination de La Réunion pour stimuler nos exportations », explique Sylvan Oxenham. Notre interlocuteur soutient qu’il est grand temps de s’occuper des obstacles non tarifaires qui freinent les échanges entre Maurice et La Réunion, dont les normes, les certifications, la complexité administrative, les circuits de distribution, la logistique, le packaging, la métrologie. « Le nouvel élan dans la coopération Maurice-Réunion doit se traduire par des avancées concrètes sur ces questions techniques pour faciliter l’émergence d’un marché régional », fait-il ressortir.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !