Les « Assises de l’environnement » se tiendront les lundi 16 et mardi 17 décembre 2019 au Caudan Arts Centre. Cette initiative consiste à encourager le dialogue avec divers acteurs pour ensuite rédiger un plan stratégique de 10 ans. Zaheer Allam, consultant sur des projets de régénération urbaine à Maurice et en Afrique, sera le modérateur pour l’un des panels sur la culture de l’environnement.
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Vous êtes impliqué dans le secteur de l’environnement à Maurice et à l’étranger. Diriez-vous qu’il était temps que Maurice vienne de l’avant avec ces Assises ?
Oui, c’est extrêmement opportun. Ce programme fait suite à la COP25, à laquelle le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano, vient d’assister. Il a eu l’occasion, avec ses pairs du monde entier, de partager les préoccupations de tous quant à l’urgence autour de l’action climatique. Il est donc très encourageant que le programme proposé intervient juste après. C’est également la première fois que Maurice organise une plateforme consultative à une si grande échelle pour définir les contours d’un programme gouvernemental. Les citoyens et leurs organisations ont donc vraiment la possibilité d’influencer les décisions politiques au plus haut niveau.
Quelles pourraient être les retombées ?
Compte tenu de cette opportunité, je conseillerai aux participants de mettre de côté leurs idées préconçues et d’essayer sincèrement de s’atteler à la tâche. Nous avons à notre disposition la possibilité de soulever des questions difficiles, sur une plate-forme prévue pour nous, et dirigée principalement par des personnes extérieures aux secteurs gouvernementaux. Alors, utilisons cet espace de manière constructive, dans le but de formuler des recommandations solides pouvant constituer des décisions politiques d’avenir efficaces.
Selon vous, quel sera le plus grand défi de ces Assises?
Le problème du changement climatique est qu’il nécessite des actions complexes qu’il s’agit d’appréhender dans une perspective transdisciplinaire. Sans cette approche, les politiques et projets visant des domaines singuliers n’auront pas l’effet escompté et seront finalement voués à l’échec. Nous devons nous assurer que ces politiques de durabilité dépassent les seules attributions d’un ministère de tutelle et que l’ensemble de l’action gouvernementale, à travers les autres ministères, soit capable de couvrir les enjeux du climat, de la sobriété et de la transition énergétique, etc. Il ne s’agit pas uniquement d’adopter quelques mesures environnementales, nous parlons ici de la survie de la planète !
Que proposez-vous donc comme action concrète ?
Il serait peut-être intéressant de voir une proposition de la Charte nationale de l’Environnement, validée par le Premier ministre lui-même et signée par son cabinet. Ce sera un message fort sur l’engagement de l’État pour l’environnement. Je ne pense pas que nous devions demander des mesures extrêmes, comme des signatures d’affidavit en Cour pour garantir que la charte soit respectée.
Il ne s’agit pas uniquement d’adopter quelques mesures environnementales, nous parlons ici de la survie de la planète!»
Les Mauriciens sont-ils conscients de l’urgence autour de l’environnement ?
Nous avons besoin d’un processus national de renforcement de confiance en ce qui concerne l’environnement et les Assises constituent la première étape vers cela. Nous aurons, par la suite, un document final sous la forme d’un plan stratégique décennal. La question de savoir comment assurer son intégration se posera par la suite. C’est là que la Charte pourrait être un outil intéressant pour faire en sorte que les recommandations des Assises s’étendent au-delà des murs d’un ministère à celui d’autres.
Au cours de ces Assises, vous agirez en tant que modérateur pour l’un des panels sur la culture de l’environnement. Quel sera votre message pour cette session ?
Principalement que la culture environnementale ne concerne pas uniquement les 3 R : Réduire, Réutiliser et Recycler. C’est bien plus. Nous devons sortir de cet état d’esprit qu’un environnement sain a trait à la propreté seulement. Nous devons faire comprendre que toutes nos actions, aussi minimes soient-elles, ont des conséquences sur notre environnement et subséquemment sur notre propre niveau de vie. Nous devons également comprendre que, comme je l’ai mentionné, la durabilité n’est pas une activité autonome.
Pour mieux répondre à la question complexe du changement climatique, nous avons besoin d’une innovation transdisciplinaire. De plus, nous avons besoin d’éduquer. Mais l’éducation ne doit pas uniquement servir à transformer les jeunes acteurs climatiques, mais elle doit aussi servir à conscientiser la main-d’œuvre existante et la population locale en général. Compte tenu de la situation, je dirais que nous vivons à une époque de crise climatique. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de continuer à transférer le problème à la prochaine génération. Il est temps d’agir. Agir quand ? Agir maintenant !
Le National Youth Environment Council qui sera créé en janvier 2020 va-t-il éveiller la conscience écologique de nos jeunes ?
Je salue cette initiative. Cela démontre une volonté de leadership national afin d’assumer les exigences de l’action climatique. Le fait d’avoir un tel organisme, au plus haut niveau du gouvernement, contribuera en outre à garantir que les agendas de durabilité soient efficacement transcrits en forme de politique publique d’État. Ce qui est important, c’est la structuration de cette entité, car elle ne doit pas être considérée comme une plateforme pour faciliter le contrôle environnemental. Elle devrait être beaucoup plus, elle devrait s’étendre à un rôle actif en contribuant à l’élaboration des politiques nationales, à rassembler l’élan des jeunes qui sont naturellement sensibles à ce problème et à encourager la recherche et l’action. C’est un outil très prometteur, susceptible tant pour formuler des projets que de les soumettre à une rigoureuse critique scientifique.
Bio-Express
Le Dr Zaheer Allam, urbaniste, est connu pour son parcours en tant qu’activiste au sein de la Plateforme Citoyenne, qui aida à faire tomber le projet de centrale à charbon, CT Power. À 32 ans, il est déjà titulaire d’un doctorat en Humanités – Politique de durabilités et détient aussi une maîtrise en Politique économique, et une MBA. Formé en Australie et en Angleterre, le Dr Allam est l’auteur de nombreuses revues scientifiques et ouvrages axés sur le thème de la durabilité, de l’énergie, de l’urbanisme et du changement climatique. Il travaille comme consultant sur des projets de régénération urbaine à Maurice et en Afrique. Il a reçu plusieurs distinctions internationales octroyées notamment par la Royal Society of Arts (Angleterre), le Centre for Liveable Cities (Singapore), le Next Einstein Forum (Kenya) ainsi que d’autres organismes au Maroc, en Suisse et en Amérique.
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