Interview

Dr Waseem Ballam: «Il y a eu ‘Vire Doc’ au Medical Council»

Les élections pour le renouvellement de l’exécutif du Medical Council, le 16 janvier, ont été marquées par une forte mobilisation des médecins. Pour le Dr Waseem Ballam, président de la Medical Health Officers Association (MHOA), cela s’explique par un ardent désir de changement au sein de la profession médicale. Qu’est-ce qui explique la forte mobilisation pour les dernières élections au Medical Council (MC) ? En premier lieu, laissons les chiffres parler. Lors de l’avant-dernier scrutin, en 2013, 240 médecins seulement s’étaient déplacés pour voter. Le 16 janvier 2016, ils étaient 925 sur 2 551 à s’être rendus aux urnes. Pour nous, c’est un exploit, car ces dernières années, il y a eu un manque d’intérêt flagrant parmi les médecins pour tout ce qui touche au Medical Council. Est-ce que la MHOA est pour quelque chose dans ce taux record de participation ? Je crois bien. Nous avons démarré une campagne, il y a un an, pour sensibiliser nos membres et les inciter à aller voter. Nous leur avons surtout fait comprendre qu’il était grand temps qu’ils prennent leur destin en main. Les résultats vous donnent-ils satisfaction ? Entièrement ! 12 des 14 personnes que nous avons soutenues ont été élues. Pour nous, c’est une victoire écrasante. Surtout que c’est la première fois qu’un groupe de médecins mène campagne aux élections du Medical Council. Jusque-là, tout se faisait de façon individuelle. Un médecin se porte candidat et fait sa campagne. Cela n’a pas été le cas cette fois-ci. C’est un groupe de médecins qui s’est fait élire. C’est une première. C’est aussi la preuve que la solidarité a prévalu. Je félicite les élus et remercie les médecins qui sont partis voter. La majorité des membres élus va siéger pour la première fois au Medical Council. La consigne était-elle de se débarrasser des dinosaures ? Je souligne que la démocratie a primé à ces élections. En leur âme et conscience, les médecins ont voté pour le changement. D’où l’élection d’une majorité de nouveaux venus. Il y a eu un certain ras-le-bol par rapport à la façon dont l’Ordre des médecins fonctionne. De plus, la perception existe que, par sa façon d’agir, le Medical Council causait beaucoup de tort à la profession. Sans compter les nombreuses critiques du président sortant dans la presse contre les jeunes médecins. Parmi les autres reproches : le sentiment que les doléances et suggestions des médecins étaient souvent ignorées; la perception que plusieurs dossiers sont restés dans les tiroirs ; la quasi-inexistence de communication entre le Medical Council et les membres de la profession… Bref, la transparence n’était pas au rendez-vous. Il fallait donner un nouveau souffle à cet organisme. La profession médicale est-elle autant touchée par le clash des générations ? Je ne m’avancerai pas à parler de conflit générationnel. Je ne crois pas que seuls les jeunes médecins sont venus voter. Il y a eu aussi des généralistes et des spécialistes de carrière qui ont fait le déplacement, et même ceux qui font de la politique. Ce qui est certain, c’est qu’il y a eu ‘Vire Doc’ à ces élections. Actuellement, c’est une équipe très dynamique qui est en place, composée de médecins de calibre, comme Kumar Singh Jagutpal, Régis Tadebois, Dawood Nawoor et Faeza Soobadar. Ils feront du bon travail et vont surtout redorer le blason de la profession médicale. Ce scrutin avait un tel enjeu que, selon nos informations, il a été suivi de près, même par des politiciens. Le rôle du MC n’est-il pas de protéger les patients ? Et sa responsabilité n’est-elle pas de sanctionner les médecins ayant fauté ? Je ne dis pas le contraire. Nous ne contestons pas le devoir du Medical Council de protéger les patients et de sanctionner les médecins, notamment pour négligence médicale, à travers le tribunal médical. Mais nous comptons sur cette nouvelle équipe pour qu’il n’y ait pas de young doctor bashing, comme ce fut le cas avec l’équipe sortante. C’est malheureux, mais certains de nos seniors mènent une campagne de dénigrement contre les jeunes médecins. Heureusement qu’ils ne sont qu’une poignée. Quelles devront être, selon vous, les priorités de la nouvelle équipe ? La première est de tout faire pour que la population refasse confiance à notre système de santé, dans le public comme dans le privé. Il faut œuvrer pour l’unité de la profession. Il faut aussi favoriser la prise de décisions de manière cohérente, faire prévaloir la transparence et traiter les dossiers brûlants comme celui de D.Y. Patil et la révision des examens pour les aspirants généralistes et spécialistes. La nouvelle équipe ne devrait-elle pas faire campagne auprès des médecins pour qu’ils revoient leur approche vis-à-vis des malades ? Définitivement ! Nous avons noté que, dans beaucoup de cas, les malades ont cru à tort qu’ils avaient été victimes de négligence médicale. Cela découle d’une mauvaise communication entre patients et médecins. Il faut redonner confiance aux malades. Nous sommes en 2016 et on ne peut continuer à opérer comme avant. Par exemple, elle est révolue, l’époque où les médecins avaient préséance sur les patients quant au droit à la parole ! Les malades ont le droit de poser des questions sur leur état de santé. Il ne faut pas occulter le fait qu’ils ont accès à toutes les informations médicales sur Internet. La proximité entre médecins et patients est essentielle. Les membres de la profession qui n’ont pas compris cela ont du souci à se faire par rapport à leur carrière.

Les élus

14 membres du Medical Council ont été élus à l’issue des élections du 16 janvier. Huit sont des médecins de l’État (quatre spécialistes et quatre généralistes) et six sont des médecins du privé (trois spécialistes et trois généralistes). Le ministre de la Santé doit nommer cinq représentants. Le conseil comprendra aussi trois représentants du State Law Office. L’Ordre des médecins comprend donc 22 membres, mais seuls les 14 membres élus peuvent aspirer au poste de président.

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