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Disparition en mer à Poudre-d’Or : les familles des policiers Sunnasy et Moorghen s’accrochent à l’espoir

C’est à Pointe-des-Lascars que les policiers ont embarqué pour leur partie de pêche, avant que le drame ne se produise à la passe St Géran.
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Le policier Vishalen Moorghen était un habitué des sorties en mer.

Voilà bientôt une semaine que les familles des policiers Vimal Sunnasy et Parkiyaven Moorghen, âgés de 32 ans, vivent dans l’angoisse. Les deux amis, qui exercent au centre de détention de Piton, ont disparu en mer au cours d’une partie de pêche, après que leur embarcation a chaviré à la passe St Géran. 

Tout se bouscule dans leurs têtes. À la confusion se mêlent le doute, l’angoisse, la peur.Et l’espoir, ce terrible, terrible espoir… Le temps semble s’être arrêté pour les familles des policiers Vimal Sunnasy et Parkiyaven Moorghen, tous deux âgés de 32 ans, depuis leur disparition en mer le 27 mai dernier, lors d’une partie de pêche qui a mal tourné. Tandis que les recherches demeurent sans succès à ce jour, ces familles bravent cette épreuve et l’interminable attente avec courage, se raccrochant à l’espoir d’un miracle.

Cependant, elles sont aussi confrontées à d’innombrables questions sans réponses pour l’heure. Dans quelles circonstances l’embarcation dans laquelle se trouvaient les deux policiers, avec d’autres collègues, sortis en mer pour une partie de pêche, a-t-elle chaviré à la passe St Géran ? Étaient-ils quatre ou cinq ? « Nous estimons qu’il y a des zones d’ombre », soutient Darsanand Sunnasy, 61 ans, le père de Vimal Sunnasy. 

Voilà presque une semaine que son fils et le collègue de ce dernier au centre de détention de Piton sont portés manquants. Deux autres amis, policiers eux aussi, Steeve Fortuno, 34 ans, et Naseerudin Mudhoo, 39 ans, ont pu s’en sortir et ont été hospitalisés (voir encadré). 

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Le constable Vimal Sunnasy travaille aussi au centre de détention de Piton.

Les éléments de la garde-côte, ceux du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM), les commandos de la National Coast Guard (NCG) et d’autres volontaires, proches des victimes, sont fortement mobilisés pour les retrouver. La famille Sunnasy, elle, veut y voir plus clair dans ce qu’il s’est passé. « Au départ, nous avions été informés qu’il y avait cinq personnes, maintenant la police dit qu’il y a quatre personnes. Ils ont retrouvé les quatre motos de ces derniers et une voiture à Pointe-des-Lascars où ils ont embarqué. Nous demandons à la police de nous tenir informés », lâche Darsanand Sunnasy. 

En attendant, toute la famille est réunie autour des parents de Vimal Sunnasy. Le retour au pays de sa sœur, établie en Australie, est imminent. Les Sunnasy se raccrochent à l’espoir. Fils, exemplaire, Vimal Sunnasy est décrit comme une personne discrète. « Il sort rarement. Il part travailler, puis rentre à la maison », raconte son père. Son fils, affirme-t-il, se donnait corps et âme pour son travail, entièrement dévoué à son métier.
Après ses études secondaires, le jeune homme avait postulé un emploi au sein des forces de l’ordre. Sa candidature ayant été retenue, il a passé les épreuves de sélection. Il a effectué toute sa formation à la garde côtière. Cependant, après avoir intégré la police en 2015, c’est au poste de police de Rivière-du-Rempart qu’il a été muté. 

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Darsanand Sunnasy le père de Vimal, veut comprendre ce qu’il s’est passé.

« Il a demandé son transfert en quelques occasions. Il voulait être à la garde côtière, mais sa prochaine mutation a été au poste de police de Goodlands », ajoute Darsanand Sunnasy. Et il y a deux ans environ, c’est au centre de détention de Piton qu’il a été transféré. 

Vimal Sunnasy est également passionné de musique et fait partie d’une chorale où il joue de la guitare. « Il est très croyant et ne manque jamais de faire sa prière », ajoute son oncle Rajveer. « Il désirait un jour, avec ses parents, faire le voyage à l’étranger pour voir sa sœur en Australie et passer du temps ensemble. Cela lui tenait à cœur », indique Rajveer. 

Nul n’aurait pu imaginer un tel drame. Ce lundi 27 mai, le policier Vimal Sunnasy a dit à sa mère qu’il se rendait en mer avec ses amis, après le travail vers 16 heures. « Elle lui a préparé du thé qu’il a emporté avec lui. Comme il s’y rendait avec des collègues, elle avait confiance que les choses allaient bien se passer. Elle lui avait néanmoins dit de faire très attention en raison du temps », relate son oncle. 

Il devait être de retour vers 22 heures. Mais il n’est pas rentré. Sa mère a alors essayé d’entrer en contact avec lui, sans succès. Il est resté injoignable. Ce n’est que vers 2 heures du matin que des policiers sont venus devant leur porte à Roches-Noires pour leur annoncer qu’il y avait eu un accident en mer. 

Son père, qui était alors en voyage en Angleterre, a été alerté. Il est rentré d’urgence à Maurice mercredi. Aujourd’hui, il ne peut qu’attendre et espérer revoir son fils sain et sauf.

Ne jamais baisser les bras

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Les oncles du policier Moorghen, Vinaden et Ramen, suivent les recherches en mer chaque jour.

La famille Moorghen refuse, elle aussi, de perdre espoir. « Je connais très bien mon neveu. Il est très fort. S’il y a une personne qui peut se sortir de cette situation, c’est bien lui », affirme Ramen, l’oncle de Parkiyaven Moorghen, aussi appelé Vishalen. « Il est comme un fils pour moi. J’espère le revoir », dit-il.  

Les proches refusent de baisser les bras face à ce terrible coup du sort. Ils se doivent, font-ils comprendre, de faire honneur au courage et à la détermination de Vishalen. Le policier est décrit comme quelqu’un qui a une force de caractère et une détermination inébranlables, qui ne se laisse jamais décourager par l’adversité. 

« C’est un battant, une personne déterminée. S’il a quelque chose en tête, il le fera », raconte sa cousine Varusha. 

Cet habitant de Goodlands avait l’habitude de se rendre en mer pour pêcher avec ses collègues et amis Fortuno et Mudhoo, contrairement à Vimal Sunnasy qui en était à sa première expérience. Lundi, ce dernier et Vishalen Moorghen avaient travaillé le jour et dans l’après-midi, ils avaient décidé de se rendre en mer. Ayant perdu son père, emporté par la maladie il y a quelque temps, le policier Moorghen vivait avec sa mère. Il est sorti de la maison en informant son épouse. 

Son oncle Vinaden, frère de Ramen, explique que ce n’est que mardi matin qu’il a appris la nouvelle. « Un neveu m’a appelé pour me dire que Vishalen a eu un accident en mer avec des amis policiers. Avec mon frère Ramen, nous sommes venus directement à Poudre-d’Or pour suivre les recherches en mer », dit-il. 

« Nous suivons chaque jour où en sont les recherches. Mais jusqu’à présent rien, même pas leurs effets personnels. Le temps ne joue pas en notre faveur », ajoute Ramen. 

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Rescapés, les policiers Fortuno et Mudhoo se confient

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Le policier Mudhoo, un des rescapés.

« Nous avons vu la mort en face… » Les constables Steeve Fortuno et Naseerudin Mudhoo sont les deux rescapés de cette sortie en mer tragique. Admis sous observation à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses, ils reviennent sur ce qu’il s’est passé. 

« Il y a eu une forte houle. Nous nous sommes retrouvés à l’eau. Je suis parvenu à sauver Moorghen et Sunnasy. À tour de rôle, je les ai mis sur l’embarcation », explique le constable Fortuno. 

Mais une autre houle a fait chavirer le bateau et ils se sont de nouveau retrouvés dans l’eau. « Il y a eu d’autres vagues violentes et nous avons été séparés », ajoute-t-il. « J’ai crié, crié, mais aucune réponse. J’avais une torche pour envoyer des signaux, mais rien. J’étais seul dans l’eau », poursuit le constable. 

Il affirme être resté dans l’eau pendant au moins trois heures. « J’ai avalé beaucoup d’eau de mer avant que des pêcheurs ne me viennent en aide », dit-il.

Le constable Fortuno soutient avoir tenté d’aider ses collègues dans l’eau. Mais il n’a rien pu faire face aux vagues qui s’abattaient sur eux. « J’ai fini par laisser les vagues m’emporter. Je ne savais pas où j’allais. Je priais pour nous… »

La police attend que les deux constables se remettent pour revenir sur ce drame en détail.

 

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