Démocratie télévisuelle

Ainsi, les travaux parlementaires seront bientôt diffusés à la télévision nationale. Le comité d’élite a déposé son rapport mardi dernier. Et la diffusion de ces travaux « rapprochera la population de l’Assemblée nationale ». M’ouais. Faut voir. Croire que nos parlementaires vont devenir des héros du petit écran est bien sûr illusoire. Il y a peu de chances que la diffusion des travaux intéresse grand monde. À titre indicatif, la chaîne parlementaire française affiche en moyenne 0,25 % de l’audience nationale. Ce qui aurait pu enflammer un tant soit peu l’audimat, ce serait plutôt les amabilités que se lancent nos élus. Et le comité d’élite a décidé que tout ce qui risque de ternir l’image de nos parlementaires sera censuré. En cas de guerre des tranchées, la régie devra faire un plan sur la Speaker. Car il faut montrer nos élus sous leur meilleur jour. Il faut cependant saluer le fait que les partis politiques sont non seulement parvenus à un consensus, parce qu’ils sont en fait d’accord depuis longtemps sur le principe, mais que cela sera une réalité dans un futur proche. C’est une avancée démocratique indéniable. Le citoyen aura la possibilité d’avoir une meilleure idée du fonctionnement de l’Assemblée nationale et pourra juger qui défend vraiment ses droits et comment. La pression sera mise sur le parlementaire. Celui qui brille par son absence et celui qui ne maîtrise pas ses dossiers ne pourra plus bluffer quand il rencontre ses mandants. Certains devront se réveiller. C’est aussi un pas vers un plus grand accès à l’information. Mais, sans une bonne Freedom of Information Act, la boucle ne sera jamais vraiment bouclée. Une fois le rideau levé sur le fonctionnement du Parlement, il va falloir en faire de même sur celui des autres institutions. Tant que le citoyen sera gardé dans le noir et que les responsables se cacheront derrière le secret d’État ou autre prétexte pour cacher l’information, la bonne gouvernance ne sera jamais un fait. Qui dit bonne gouvernance, dit honnêteté et qui dit honnêteté, dit transparence. L’électeur doit savoir ce qui se passe avec ses dossiers et ce qui est fait de son argent. Et une fois qu’il pourra accéder à toutes ces informations, alors on pourra vraiment parler de bonne gouvernance.