Le Dr Indraduth Chunnoo devrait, ces jours-ci, se sentir flatté. Car l’hôpital SSRN a commencé à utiliser le fixateur d’Ilizarov, une armature métallique destinée à traiter les fractures.
Le Mauricien a été le premier à l’utiliser hors de la Russie, le pays où il a fait ses études de médecine et qui a mis au point cet appareil dit révolutionnaire. Mais le chirurgien orthopédiste et plastique préfère garder profil bas, en sachant que le fixateur d’Ilizarov est appelé à connaître un usage plus extensif à Maurice.
Dans le dernier magazine de Maurusse, une amicale qui regroupe des anciens étudiants mauriciens dans l’ex-URSS, une photo datant de 2014 montre le Dr Chunnoo aux côtés d’une jeune Russe sur son lit d’hôpital, avec un fixateur d’Ilizarov à un pied. « C’est un appareil que je connais du bout de mes doigts, pour avoir assisté à son développement lorsque j’étais étudiant dans l’ex-Union soviétique », explique le médecin mauricien, ancien Regional Health Director qui a joué un rôle déterminant pour la construction du centre cardiaque de l’hôpital du Nord.
Au-delà du prix de Senior Excellence Award Competition, que lui a décerné le Club Le Flamboyant le 9 avril 2016, Indraduth Chunnoo est celui par lequel le fixateur d’Ilizarov a atterri dans l’hémisphère sud. « En ce moment, il existe une véritable demande pour cet appareil, pour plusieurs raisons. D’abord, il ne nécessite pas d’anesthésie générale et aucune incision et ne laisse donc aucune cicatrice postopératoire. Résultat : le rétablissement du patient est plus rapide ». Il se rappelle encore des cas de deux personnes, l’une victime d’un accident et l’autre un footballeur.
« Une femme, alors âgée de 28 ans, avait presque perdu un pied, il ne lui restait qu’un arrière postérieur tibial, qui était encore chaud, ce qui m’a permis de la traiter. L’opération avait nécessité 12 pintes de sang. J’ai utilisé le fixateur externe d’Ilizarov pour rapprocher l’os du tibia avec le pied. Il y a eu ensuite d’autres complications que j’ai pu traiter. Aujourd’hui, cette femme a 55 ans. Elle a fait le récit de sa vie sur Radio Plus, ça a été très dur pour elle après l’accident où son mari avait péri. Mais grâce au fixateur, elle a recommencé à marcher, puis à se servir de sa machine à coudre à pédale pour confectionner des vêtements. Il lui fallait élever seule ses trois enfants ».
Le footballeur avait, lui, eu une fracture du tibia et du péroné durant un match. « À la place d’une opération ouverte, j’ai eu recours à une anesthésie sciatique. J’ai bloqué un nerf au niveau de la hanche avant d’appliquer le fixateur externe. Puis, j’ai demandé au footballeur de descendre de la table d’opération et de marcher. Il était totalement conscient et il a marché sans éprouver de douleur. Il n’y a eu ni coupure, ni sang, ni plâtre et il n’a pas utilisé de béquilles. Ce n’est que trois jours plus tard qu’il s’en est servi. Son rétablissement est intervenu en six semaines. Il avait pu marcher sur une distance d’un mile, aller et retour. Plus il marchait, plus il s’oxygénait et l’apport de calcium s’accélérait autour de la fracture ».
Solide connaissance technique
L’utilisation du fixateur d’Ilizarov nécessite une solide connaissance technique afin d’être très précis, surtout lorsque certains cas présentent des risques d’infection, des déplacements osseux, des plaies ouvertes, entre autres. indique le Dr Chunnoo. Depuis des années à la retraite, ce dernier exerce dans le privé, où il n’hésite pas à recourir à l’armature métallique mise au point par le docteur Gavril Abramovich Ilizarov. « Je ne sais pas où est passée la dizaine d’appareils que j’avais rapportés de l’ex-Urss en 1996, mais je me réjouis qu’un peu partout dans le monde, on a commencé à fabriquer des appareils en s’inspirant de la formule du docteur Ilizarov », dit-il.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !