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Covid-19 - Crise économique et sociale : quel impact sur les ONG ?

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Quel seral’impact de cette pandémie sur l’avenir des ONG à Maurice ? C’est la question que se posent de nombreux acteurs du secteur. Pour certains, la question du post-Covid-19 doit déjà être abordée à deux semaines d’un probable dé-confinement.

Hareeta Cunniah, directrice de Kinouété : «Il est temps d’inviter les responsables des ONG à la table du Comité Covid-19»

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Hareeta Cunniah, directrice de Kinouété

Hareeta Cunniah, directrice de Kinouété indique que l’arrivée du Covid-19 a bouleversé leur mode de travail.  Leur ONG étant axée sur la réhabilitation et réintégration des détenus et ex-détenus, dès le début du confinement, ils ont basculé en mode "Workfrom Home". Avec l'autorisation du Commissaire des Prisons, ils  interviennent avec la prison à travers Skype. « Nous avons aussi fait des pamphlets pour les détenus libérés et des posters pour ceux en prison afin de leur transmettre les précautions d'usage et guide pratique liés au Covid-19. »

En tant que "non-profit organisation", l’ONG Kinouété déplore ne pas être éligible pour leWage Support Scheme". « Par contre, on nous fait payer le PRGF au même tarif (4,5%) que les compagnies générant des profits. Ceci est inacceptable », confie la directrice. Elle indique d’ailleurs qu’ils n’ont pas touché la subvention du National Social Inclusion Foundation (NSIF), et sont obligés de puiser dans leurs réserves. 

« La crise économique et sociale qui s'installe aura un effet déplorable sur les ONG à moyen et long terme. Beaucoup dépendent du NSIF et des bailleurs de fond nationaux et internationaux. Le travail qui est abattu par les ONG sur le terrain devrait être reconnu par les autorités », explique Hareeta Cunniah. Elle estime qu’il est temps que les responsables des ONG soient invités à la table du Comité Covid-19 pour discuter et proposer des solutions. « Ce sont des problématiques qui vont perdurerbien au-delà de l'année 2020. Il faut d’ors et déjà préparer le Post COVID-19 car nous sommes les frontliners qui faisons face aux personnes les plus vulnérables de la société. »

Koomaren Viken Vadeevaloo, Manager Adolescent Non-Formal Education Network (ANFEN) : «Les revenues de la NSIF baisserontcar les compagnies ne feront plus autant de profits»

Koomaren Viken Vadeevaloo
Koomaren Viken Vadeevaloo, Manager Adolescent Non-Formal Education Network (ANFEN)

Depuis le début du confinement, ANFEN, ONG d’éducation informelle qui travaille avec les jeunes en difficulté scolaire s’est organisée afin de poursuivre son programme académique et ses activités scolaires. L’ANFEN online educational ressources, plateforme sur Facebook, a été créé et rassemble les différents sites à Maurice et à l’étranger afin que les éducateurs puissent continuer à enseigner à travers Whatsapp. « Des devoirs y sont envoyés, ainsi que des explications des enseignants. Malheureusement nous n’arrivons pas à toucher les élèves qui n’ont pas accès à internet et ceux qui ont un portable n’ont pas de crédit. Semaine après semaine, nous essayons de trouver des solutions afin d’améliorer le système», selon Koomaren Viken Vadeevaloo. Il souhaite qu’un travail de réflexion soit entrepris  pendant et après le confinement afin de pouvoir travailler sur l’année 2020.

En 2019, dit-il, la NSIF a fait un énorme travail en finançant les ONG pour la continuité de leurs projets. « Cette année, beaucoup d’ONG ont reçu une partie ou la totalité de l’argent et peuvent couvrir les prochaines dépenses. Néanmoins,les revenues de la NSIF baisseront car les compagnies ne feront plus autant de profits à cause de la récession. » La nécessité de s’adapter devient encore plus d’actualité. « Le ministère de tutelle doit rassembler la NSIF, les ONG et entreprises afin de trouver des solutions ensemble. Les services sociaux qu’offrent les ONG doivent continuer d’une manière ou d’une autre. Il faudra s’adapter malgré tout. »

Jocelyne Beesoon, directrice de l’Association de Parents d'Enfants Inadaptés de l'île Maurice (APEIM) : «Nous devrons revoir notre budget et réduire des dépenses»

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Jocelyne Beesoon, directrice d'APEIM

Face à l’épidémie,l’APEIM a mis en place plusieurs mesures, dont l’organisation de la distribution des médicaments aux bénéficiaires du service à domicile. Également des mesures pour faciliter la communication et le contact avec les parents et le personnel, diffusion d’informations et accompagnement individuel par téléphone aux parents en difficultés.

Toutefois, comme tous les secteurs, ils se disent conscients de l’impact de cette pandémie sur leur association. « On sera en difficultés car avec le confinement et la situation économique, la donne va changer au niveau du CSR et des autres dons qu’on percevait. Il faudra revoir notre budget et réduire certaines dépenses », explique-t-elle.

Ils seront dans l’obligation d’aller à l’essentiel dans un premier temps jusqu'à la stabilisation de lasituation économique. « Pour continuer à offrir un service de qualité, il nous faudra préserver les emplois. L’État devrait prévoir un programme de soutien en plus du Program Grant pour pallier le manque. »

Brigitte Michel, fondatrice et directrice d’AILES (Aides Infos Liberté Espoir et Solidarité) : «Grâce aux résultats que nous fournirons, les bailleurs nous permettront de continuer le travail»

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Brigitte Michel, directrice de AILES

Le staff d’AILES,  conscient que les personnes séropositives avec qui ils travaillent sont à risques, a décidé de continuer ses actions de terrain.  « Nous avons choisi celles qui sont prioritaires. Une petite formation sur les gestes barrières et précautions sur le terrain a été faite. Nous sensibilisons aussi les populations avec qui nous travaillons sur la distance physique, les modes de transmission du Covid-19 et les gestes barrières afin de stopper la maladie », explique Brigitte Michel. Selon elle, certaines ONG seront inévitablement plus impactées que d'autres. 

« Si l'économie du pays ne reprend pas dans quelques mois et que les entreprises ne font plus de profits, les ONG qui n’ont comme bailleurs que le CSR et le NSIF ne pourront plus continuer le travail. L'État devrait mettre en place des aides à ces ONG et les aider à redémarrer ». L’AILES est soutenu financièrement par le Fonds Mondial, la NSIF, des bailleurs internationaux ainsi que le soutien de PILS.  « C’est grâce aux résultats que nous fournirons que ces bailleurs nous permettront de continuer le travail. Nous savons que la lutte sera de plus en plus dure et que la pauvreté et le chômage vont augmenter après le Covid-19 mais on est déterminé à mener ensemble cette lutte. »

Georgette Talary, assistante directrice de Chrysalide : «On se prépare à l’après-confinement et à son lot de stress financier»

Chrysalide étant un service en résidentiel, l’ONG a mis en place un protocole sanitaire interne et une logistique afin d’assurer le service 24/7 avant même les premiers cas de Covid-19 à Maurice, les résidentes ayant décidées de rester à Chrysalide durant le confinement. « Elles utilisent le téléphone pour communiquer avec leurs familles. Le suivi des traitements a continué pour la méthadone, la désintoxication médicale et celles qui ont une maladie chronique, avec une bonne collaboration du personnel hospitalier », explique l’assistante directrice Georgette Talary. 

Elle se dit attristée de ne pouvoir accueillir de nouvelles demandes, surtout les victimes de violence domestiques. « Nous déplorons que le ministère n’ait rien prévu en ce sens par rapport au confinement.  Un centre de quatorzaine aurait dû être mis en place pour faire face à cette situation. » Travaillant en personnel réduit, l’une des difficultés a été de faire la queue toute une journée au supermarché et subir le rationnement pour nourrir les dix résidentes et leurs enfants. 

« Actuellement on se prépare à l’après-confinement et à son lot de stress financier. La crise sanitaire liée au Covid-19 a mis au grand jour la précarité que connait une très grande partie de la population et heureusement, il y a eu l’élan de solidarité de tout un chacun. »

Selon Georgette Talary, les défis pour les ONG seront de pouvoir répondre aux besoins des bénéficiaires tout en respectant le protocole sanitaire, d’obtenir les moyens logistiques et financiers nécessaires et de ne pas avoir à se battre avec la NSIF pour la continuité de leurs services.

 

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