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Cour d’appel de Bologne : Nandanee Soornack ne sera pas extradée

La Cour d’appel de Bologne a rejeté la demande d’extradition des autorités mauriciennes contre la femme d’affaires Nandanee Soornack. Le dossier à charge ne serait pas assez convaincant pour justifier une telle procédure.

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Le gouvernement vient de perdre jeudi,ce qu’il considérait son principal témoin à charge contre Navin Ramgoolam. La Cour d’appel de Bologne a rejeté la demande d’extradition de Nandanee Soornack d’Italie. Les autorités mauriciennes souhaitaient l’entendre pour blanchiment et autres délits allégués à l’issue du mandat d’arrêt international émis par le tribunal de Port-Louis en mars 2015.

Le juge Alberto Pederiali a estimé que les motifs avancés par Port-Louis pour réclamer la déportation de l’amie intime de l’ex-Premier ministre mauricien ne tiennent pas la route. Il a donc réclamé l’annulation de l’assignation à résidence de la femme d’affaires arrêtée par les carabiniers en avril 2015. 

À l’hôtel du gouvernement, c’est un silence de cathédrale face à ce revers cinglant. L’Attorney General Ravi Yerrigadoo, qui s’était présenté devant cette instance en février dernier, est injoignable. Son téléphone portable est sur « roaming », ce qui indique qu’il est à l’étranger, mais nul ne daigne révéler dans quel pays il se trouve.

Son remplaçant, Sudesh Calichurn, avoue avoir appris la nouvelle sur Radio Plus, alors que le jugement était en partage libre sur les réseaux sociaux. « Ce verdict n’est pas surprenant », siffle un ministre laconiquement. A hier soir, nul ne confirmait si le gouvernement a d’autres recours pour extrader Nandanee Soornack.

Il y a neuf mois, sir Anerood Jugnauth s’était vanté, à l’issue d’une rencontre avec la presse, que la femme d’affaires témoignerait contre Navin Ramgoolam. Dans les faits, la police comptait négocier un arrangement avec elle en échange d’une immunité.

Commissions perçues

A l’époque, l’entourage de Nandanee Soornack soulignait qu’il n’était nullement question d’un tel troc. Le dossier ficelé par le Central Criminal Investigation Department (CCID) ne pesant pas bien lourd, elle tablait sur une victoire devant la Cour d’appel de Bologne.

Si le gouvernement a fait des pieds et des mains pour qu’elle rentre à Maurice, c’est parce qu’il le soupçonne de détenir des renseignements sur les Rs 220 millions retrouvées dans les coffres-forts de Navin Ramgoolam. Et sur les commissions perçues, aux côtés de Rakesh Gooljaury, du groupe suisse Dufry lorsque la Mauritius Duty Free Paradise lui a offert le contrat de fourniture de produits de luxe aux aéroports de Plaisance et de Plaine-Corail à la place du groupe allemand Heinemann.

Nandanee Soornack a connu une ascension fulgurante dans les affaires lors des deux mandats de Navin Ramgoolam. Elle est devenue multimillionnaire après avoir décroché le monopole du contrat de service traiteur à la nouvelle aérogare de Plaisance bâtie sous la supervision de l’ex-Premier ministre. Nandanee Soornack aurait quitté Maurice avec Rs 800 millions dans ses bagages, indique le Département d’État américain dans son rapport 2015.

Il y a trois ans, l’actuel ministre des Finances Pravind Jugnauth avait porté de graves allégations contre elle alors qu’il était entendu dans l’affaire MITD. Nandanee Soornack avait saisi la Cour suprême un samedi pour interdire à deux journaux de publier qu’elle avait eu un enfant avec l’ex-chef de gouvernement.

Dans le cadre de la procédure d’extradition, elle avait toutefois révélé en Cour d’appel de Bologne qu’elle a eu une fille de Navin Ramgoolam. Elle disait craindre une vendetta de l’Alliance Lepep si jamais elle rentrait à Maurice, car elle serait « l’unique héritière de la dynastie Ramgoolam.»

 

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