Le compte à rebours a commencé pour les 14 étudiants mauriciens à Wuhan - l’épicentre de l’épidémie. Ces Mauriciens mettront le cap sur la France, ce samedi soir. Une fois dans l’Hexagone, ils seront mis en isolement pendant 14 jours. Ils ne pourront rentrer à Maurice que s’ils ne présentent aucun signe de contamination. Ce qui sera pour eux une délivrance après plusieurs jours d’angoisse.
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Cette attente leur est pénible. Voire angoissante… Mais ils ont fait preuve de patience et la lumière semble être au bout du tunnel. Depuis que ces 14 Mauriciens, qui étudient à Wuhan, ont appris qu’ils pourront rentrer à Maurice, c’est le soulagement. Leurs bagages sont prêts, même en l’absence d’une correspondance ou d'un courriel officiel annonçant leur évacuation ce samedi soir.
Selon nos informations, l’avion français est attendu à Wuhan à 22 heures, ce samedi 1er février 2020. Un examen médical, assuré par une équipe médicale chinoise et française, est prévu pour ceux qui prendront l’avion. L’appareil quittera Wuhan à 5 heures demain (dimanche). Il atterrira à Issy, à Brest, dans l’après-midi. Les Mauriciens seront, pour leur part, conduits au consulat de France vers 19 heures. Les Mauriciens devront avoir leur rapport médical en leur possession. Les frais pour cette évacuation seront pris en charge par l’État mauricien.
Dans une déclaration à la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a laissé entendre que quelques Mauriciens en Chine, surtout ceux dans la province de Hubei, « ont souhaité rentrer au pays. Il y a donc eu des discussions avec la France pour ce plan. Je remercie les autorités françaises pour son aide ». (À lire également à la page 9 sa déclaration relative au comité de suivi institué par rapport au coronavirus).
Ken est à Wuhan depuis trois ans et demi. Il ne cache pas son soulagement. « On était un peu comme des prisonniers, cloîtrés entre quatre murs. Si l’on se fie sur ce qu’ont dit des préposés de l’ambassade, le plan d’évacuation sera enclenché ce soir. J’ai hâte de quitter la Chine. Toutefois, il n’y a rien d’officiel. Nous avons été prévenus par message via Wechat et à travers un appel téléphonique », relate le jeune homme de 25 ans.
La hâte de rentrer
Ken, qui étudie le mandarin, dit garder espoir qu’il va bientôt rentrer à Maurice. Cela, après un détour en France où il sera en quarantaine pendant 14 jours. « Il y avait deux options. Passer par l’Inde ou par la France. On nous a dit que ce sera l’hexagone au final. Je suis content que malgré le lock-down de la ville, les autorités chinoises nous laissent partir après l’intervention de celles de Maurice », poursuit notre interlocuteur.
Si Ken veut rentrer à Maurice c’est pour être enfin en sécurité. Il a d’ailleurs hâte de quitter la Chine. « La vie s’est arrêtée ici. On reste à la maison, la peur au ventre. Peur d’être contaminé. L’attente est longue. Je veux rentrer avant que le coronavirus ne me tombe dessus », dit notre compatriote.
Les rues de Wuhan sont désertes, nous dit-on, les gens se barricadent chez eux et ne sortent que pour aller faire les provisions. Ils se protègent en portant des gants et des masques. Les rayons des supermarchés se vident et il y a une pénurie de masques. Ken dit avoir compris une chose. « Je ne dois pas céder à la panique », dit-il.
C’est dans ce même état d’esprit que Carl attend d’être évacué. S’il gardait espoir que la situation allait s’améliorer, il a vite déchanté. Cela en raison de l’ampleur que le coronavirus a prise. « Nous sommes coincés ici. On comprend que la situation est délicate. Mes sentiments sont partagés.
D’une part, je suis triste de quitter la Chine et d’autre part, je suis soulagé de rentrer à Maurice », indique cet homme de 28 ans.
Cela fait maintenant cinq ans que Carl étudie l’architecture à Wuhan. C’est le fait de ne pas savoir ce qui l’attend demain qui l’incite à rentrer. « La psychose est bel et bien là. Mes parents sont angoissés. Mon père a entrepris des démarches pour que je sois rapatrié au plus vite. L’attente est interminable. Mais on n’a pas le choix. Si on commence à faire comme bon nous semble, cela va envenimer les choses. On doit saluer l’effort des autorités mauriciennes pour nous aider », lance-t-il.
Carl précise qu’il est fin prêt et qu’il n’attend que l’appel de l’ambassade de Beijing pour se rendre au consulat de France à Wuhan. « Il n’y a rien d’officiel. On a appris qu’un autobus sera mis à notre disposition. On se rendra ensuite à l’aéroport pour mettre le cap sur la France. J’ai hâte d’être à ce (samedi) soir. J’espère que le plan ne tombera pas à l’eau comme cela a été le cas pour des étudiants européens», indique le Mauricien.
Soit l'inde soit la france
En attendant d’être évacué, l’étudiant ne quitte son appartement que pour aller acheter à manger. Ainsi, il dit estimer que placer les étudiants mauriciens en quarantaine en France est la « meilleure solution». « On doit l’accepter même si ce n’est pas par choix et si on n’est pas content. On veut rentrer à Maurice sain et sauf et surtout on ne veut en aucun cas que nos compatriotes soient affectés », dit-il. Pendant leur période d’isolement, ils feront l’objet d’une surveillance médicale. Si tout se passe bien, ils pourront rentrer à Maurice.
Pour rappel, depuis que l’épidémie du coronavirus a commencé à prendre de l’ampleur, plusieurs étudiants ont écrit au ministère des Affaires étrangères pour être évacués. Parmi, les 13 étudiants à Wuhan. En début de semaine, le ministère des Affaires étrangères se penchait sur un plan d’évacuation, à l’instar de ceux des États-Unis et de la France qui ont rapatrié leurs ressortissants qui se trouvaient en Chine.
Pour que les Mauriciens puissent rentrer au bercail, deux possibilités étaient à l’étude : passer par l’Inde ou par la France. La ville de Wuhan, placée en quarantaine par les autorités chinoises, aucun train, ni avion, ni voiture ne peut quitter la ville.
Il est également à noter que 20 Mauriciens étudient dans cinq universités à Wuhan, dont un couple avec un enfant. Trois d’entre eux ne sont pas en Chine en ce moment et trois autres n’ont pas signé la lettre pour le rapatriement.
Un camp de vacances pour la quarantaine
Les Français en provenance de Chine seront mis en isolement pour 14 jours dans un centre de vacances à Carry-le-Rouet, près de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône. C’est ce que rapportent les médias français. Il s’agit de gens qui ne présentent pas de symptômes. L’autorité française voulait un lieu agréable et un endroit où il y avait suffisamment de places. Ainsi, le centre compte 140 chambres et un accès à une plage de galets, au milieu d’un parc de trois hectares au bout d’une allée résidentielle. Pendant leur période d’isolement, ces personnes vont faire l’objet d’une surveillance médicale pour s’assurer qu’elles ne sont pas contaminées par le virus. Ces rapatriés seront placés par familles dans des chambres distinctes. Ils pourront aller dans l’enceinte du centre en prenant les équipements nécessaires pour se protéger et protéger les autres, par exemple des masques. Les gendarmes ont été positionnés pour éviter toute pénétration dans le site.
Nasser : « Je serai rassuré quand ma fille sera là »
Plus tôt dans la semaine, Nasser ne cachait pas son inquiétude. Sa fille et son gendre se trouvent à Wuhan. Il fait partie de ces parents qui ont, contre vents et marées, frappé à toutes les portes pour que leurs enfants puissent rentrer au pays. Est-ce qu’il est maintenant moins angoissé ? « Je serai rassuré quand ma fille sera là », espère ce père. « Elle sera en quarantaine pendant 14 jours. Mais je préfère ça. L’idée qu’elle soit en Chine m’angoisse », soutient-il. Très pieux, il dit garder foi en Dieu et prie pour que « tout aille pour le mieux ».
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