Depuis 1988, le comité tripartite, composé des représentants du gouvernement, du patronat et des syndicats, se réunit pour compenser les salariés de la perte de leur pouvoir d'achat pour l'année écoulée. Logiquement, il devrait se réunir prochainement pour discuter de la somme qui sera accordée pour 2018 et qui prendra effet à partir de janvier 2019.
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Le président de la Fédération des syndicats du secteur public (FSSP), Rashid Imrith, rappelle que cette tradition remonte à une recommandation du commissaire des salaires, feu Donald Chesworth, dans son rapport sur la révision salariale et les conditions de service dans la fonction publique en 1988. « Il avait recommandé que le comité tripartite se réunisse pour discuter du quantum de la compensation salariale, si jamais l'inflation est supérieure à 5 % ».
Le syndicaliste attire l'attention sur le fait que les différents gouvernements ont toujours accordé une compensation salariale, malgré le fait que le taux d'inflation était inférieure à 5 %. Il explique que le rôle d'un gouvernement est de toujours veiller à ce que la population ait un niveau de vie appréciable. Il avance que la paix sociale a un prix. Pour 2018, Rashid Imrith préconise une compensation de pas moins de Rs 600 calculée sur le average monthly expenditure.
Soulignons qu'outre l'inflation, le calcul de la compensation salariale prend en compte la productivité, le chômage, les investissements et d’autres facteurs.
Le directeur d'une petite entreprise, qui a voulu garder l'anonymat, a affirmé qu'une compensation, si minime soit-elle, pèse lourd dans le budget d'une entreprise, surtout si elle ne s'accompagne pas d'une hausse de productivité. Il explique que les entreprises ne peuvent augmenter les prix de leurs produits en raison de la concurrence sur le marché international mais elles doivent trouver le moyen de payer la compensation salariale pour ne pas être poursuivies par les autorités.
Mosadeq Sahebdin : « L'augmentation du prix des carburants a érodé le pouvoir d'achat des consommateurs »
Le directeur de la Consumer Advocacy Plaform, Mosadeq Sahebdin, estime que les prix des produits de consommation de cette année n'ont pas connu de hausses conséquentes entre janvier et octobre. Toutefois, pour justifier le paiement d'une compensation salariale, il avance que l'augmentation des prix d'autres produits, comme celui du carburant, a érodé le pouvoir d'achat des consommateurs. Cette situation justifie l'octroi d'une compensation salariale.
Mosadeq Sahebdin milite pour améliorer la législation afin d'assurer une meilleure protection des consommateurs. Il estime que l'actuelle législation est complètement dépassée. Il explique que le pouvoir d'achat ne concerne pas que les prix, mais il faut aussi assurer aux consommateurs, toutes bourses confondues, une plus grande accessibilité aux produits de qualité.
À cet effet, Mosadeq Sahebdin souhaite plus de contrôle sur des importateurs qui ont l'exclusivité sur des produits importés et qui pratiquent des prix exagérés. Il cite des produits qu'affectionnent particulièrement des jeunes. « Je ne suis pas d'accord que les produits de marques déposées ne sont pas touchés par la loi sur la protection des consommateurs », dit-il. Il est aussi pour un renforcement de la Competition Commission afin qu'elle puisse mieux veiller à ce qu'il ait une saine compétition sur le marché. Mosadeq Sahebdin est satisfait que cette commission ait épinglé des grosses compagnies de distribution pour non-respect de la libre concurrence. Toutefois, il estime que fixer les prix ne serait pas dans l'intérêt des consommateurs. Ce sont ces derniers qui vont financer les subsides imposés sur des produits contrôlés.
Pramode Jaddoo : « Une compensation salariale pour ceux touchant jusqu'à Rs 15 000 »
L'économiste Pramode Jaddoo trouve que l'octroi d'une compensation salariale allant de Rs 300 à 400 est justifié pour les salariés touchant jusqu'à Rs 15 000 par mois. Il explique que c’est cette catégorie qui a davantage souffert de la hausse des prix de ces derniers mois.
Il estime que le paiement d'une compensation salariale va non seulement améliorer le pouvoir d'achat des salariés, mais va aussi booster le commerce en général. Pramode Jaddoo trouve qu'il ne faut pas faire l'amalgame entre la compensation salariale et le salaire minimal.
Il explique que la compensation salariale est un moyen pour compenser les salariés de la perte de leur pouvoir d'achat, subie durant l'année. Concernant le salaire minimal, il affirme que cela fait partie de la politique salariale du gouvernement pour rehausser les plus bas salaires afin d’améliorer le niveau de vie de ceux qui sont plus faibles économiquement.
Les compensations salariales de ces dernières années
2010
- Le paiement d'une compensation de 3,2 % pour les salaires jusqu'à Rs 5 000 par mois.
- Rs 175 pour les salaires de Rs 5 000 à Rs 12 000.
- Rs 190 pour les salaires de Rs 12 000 à Rs 30 000
2011
- Une somme de Rs 330 avait été accordée aux salariés touchant jusqu'à Rs 5 000 par mois.
- Ceux touchant entre Rs 5 000 et Rs 7 000 avaient bénéficié d'une compensation salariale de 6,6 % arrondie jusqu'à un maximum de Rs 460.
- Pour les salaires se situant entre Rs 7 000 et Rs 30 000, la compensation salariale a été de Rs 460 également.
2012
- Une compensation de Rs 300 a été accordée aux salariés touchant jusqu'à Rs 7 000 par mois.
- Pour les salaires de Rs 7 000 à Rs 8 000, elle a été de l'ordre de 4,3 % alors que ceux touchant Rs 8 000 à monter, ont bénéficié de Rs 345.
2013
- Les salariés touchant jusqu'à Rs 8 000 par mois se sont vus accorder une compensation salariale de Rs 300 alors que pour ceux se trouvant dans la tranche de Rs 8 100 à Rs 20 000, le taux a été de 3,7 % .
- Soulignons qu'une compensation salariale de 3,7 % avait été accordée aux salariés à temps partiel touchant jusqu'à Rs 20 000.
2014
- Les travailleurs permanents ont bénéficié d'une somme de Rs 600 alors que ceux travaillant à temps partiel et touchant jusqu'à Rs 10 000 ont bénéficié d’une compensation de 6 %, tandis que ceux dont les salaires étaient de plus de Rs 10 000 ont reçu une somme de Rs 600.
2015
- Rs 250 pour les salaires allant jusqu'à Rs 10 000 par mois et une somme de Rs 150 pour les salaires de plus de Rs 10 000.
- Quant aux travailleurs à temps partiel, ceux touchant jusqu'à Rs 10 000, la compensation était de 2,5 % et Rs 150 pour ceux touchant plus de Rs 10 000.
2016
- Les travailleurs permanents, dont les salaires allaient jusqu'à Rs 15 000 par mois, ont touché Rs 200. Ceux touchant entre Rs 15 000 et Rs 50 000 ont obtenu Rs 125. Il en a été de même pour les travailleurs à temps partiel.
2017
- Une somme uniforme de Rs 360 a été accordée aux travailleurs permanents, alors que ceux travaillant à temps partiel et touchant jusqu'à Rs 10 000 ont bénéficié de 3,6% et Rs 360 pour les salaires au-delà de cette somme mensuelle.
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