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Comment l’opposition navigue-t-elle après une défaite aussi écrasante ?

Pravind Jugnauth et Xavier-Luc Duval, leaders convaincus de leur victoire, se retrouvent dans l'obligation de réinventer leurs partis après la débâcle électorale.
  • Tour d’horizon des différents partis

Après une défaite historique et un revers électoral aussi sévère que le 60-0, la question de la reconquête du pouvoir se pose avec une acuité nouvelle pour les partis d’opposition. Cette débâcle inattendue a frappé de plein fouet des formations politiques qui, jusqu’alors, semblaient ancrées dans la certitude d’une victoire.

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L’opinion publique, pourtant perçue comme acquise, a finalement pris un virage radical, laissant ces partis se retrouver dans un désert politique qui fragilise davantage leur crédibilité.

Pour la majorité de ces formations, la situation est d’autant plus complexe qu’elle soulève des interrogations existentielles : comment se reconstruire après un rejet aussi brutal ?

Comment redéfinir une identité politique perdue en chemin ? Il ne s’agit pas seulement de réparer les fissures laissées par cette défaite, mais de s’interroger sur les causes profondes de cette chute. Les partis qui ont longtemps occupé des positions de pouvoir se retrouvent, aujourd’hui, à devoir faire face à des problématiques qu’ils ont souvent ignorées ou minimisées pendant leur période d'hégémonie.

Linion-Reform

Avec ses 10 partis politiques alliés, la plateforme Linion-Reform entend incarner une alternative citoyenne et résolument tournée vers l’avenir. Parmi ses membres, on retrouve des formations diverses telles que Linion Moris, Reform Party, Verts Fraternels, Rassemblement Morisien, Muvman Patriotique, 100 % Citoyens, le Groupe Réflexion Emmanuel Anquetil et le Groupe Justice Sociale et Justice et Vérité, entre autres. 

Cette coalition affirme son ambition de surveiller et de réagir face aux défis économiques et sociaux du pays. « Nous suivons de très près la situation économique du pays, comme la baisse des prix des carburants ou le paiement du 14e mois. Nous serons toujours prêts à défendre les sans-voix. Là où il y aura des inégalités ou des abus de pouvoir, nous veillerons au grain », explique Akilesh Mungar, l’un des porte-parole de la plateforme.

Le MSM face à ses démons 

Une reconstruction sous haute tension

Au sein du Mouvement Socialiste Mauricien (MSM), le silence qui s’était installé après la débâcle électorale pourrait être brisé dès le début de l’année prochaine. Mais attention, ce regain d’activité ne devrait pas être interprété comme une préparation à aligner des candidats aux élections municipales, dont la tenue reste hypothétique. L’heure semble plutôt être à la convalescence pour un parti qui peine à panser ses plaies profondes.

Des informateurs bien placés au sein de la formation politique ont confié, sous couvert d’anonymat, que le parti traverse une phase de réflexion critique. « Comme tout parti ayant subi une défaite électorale, il est indispensable de comprendre ce qui a conduit à cette débandade », explique cette source interne. Le MSM entreprend ainsi un bilan approfondi pour identifier les erreurs stratégiques et les failles organisationnelles qui ont marqué la campagne électorale. L’objectif : éviter la répétition d’un tel échec. 

Dans les coulisses, le parti semble décidé à faire le ménage parmi ses rangs. « Certains individus sont déjà dans le collimateur », affirme une source. Cette purge vise les « traîtres », ceux qui, selon la direction, n’auraient pas affiché une sincère loyauté durant les élections. Ces derniers pourraient faire les frais d’une restructuration interne. À cela s’ajoute le départ probable d’un bon nombre d’activistes désabusés par les résultats et la gestion interne. 

Le MSM reconnaît que cette période de transition sera longue et douloureuse. 

« L’heure est à la reconstruction et à la restructuration. C’est un processus qui prendra le temps qu’il faut, mais nous allons y arriver », assure-t-on. L’enjeu est de taille : redonner confiance à une base militante fragilisée, tout en préparant un retour en force sur la scène politique nationale.

Le PMSD

Huit ans hors du pouvoir, un défi sans précédent

Pour le Parti mauricien social-démocrate (PMSD), qui a rompu son alliance avec le Mouvement socialiste militant (MSM) après les dernières élections générales, l’année 2025 s’annonce stratégique à plus d’un titre. Deux événements majeurs marqueront cette année pour les Bleus : les célébrations du 70ᵉ anniversaire du parti en avril et un hommage en octobre à sir Gaëtan Duval, figure historique du PMSD, à l’occasion des 95 ans de sa naissance. Olivier Barbe, porte-parole du PMSD, affirme que ces événements serviront à démontrer la résilience et l’enracinement du parti sur la scène politique nationale, malgré sa dernière débâcle électorale. « Nous allons continuer notre combat. Au Parlement, Adrien Duval continuera à défendre nos positions, comme cela a été le cas lors des débats sur le paiement du 14e mois en décembre », a-t-il déclaré. N’étant actuellement dans aucune alliance électorale, le parti, historiquement habitué à s’associer à d’autres forces politiques pour les joutes électorales, devra clarifier rapidement ses intentions. Cette incertitude suscite des interrogations, notamment chez les partisans qui attendent des réponses claires face à l’enjeu de reconquérir une crédibilité dans les circonscriptions urbaines. La déroute électorale du PMSD dans des zones « clés » illustre un besoin urgent de renouvellement, tant sur le plan stratégique que programmatique.

 Au-delà des festivités prévues en 2025 pour célébrer son 70e anniversaire et les 95 ans de la naissance de sir Gaëtan Duval, le PMSD doit aussi faire face à des interrogations fondamentales sur ses orientations politiques. Si ces événements constituent une opportunité de mettre en avant son riche héritage et de rassembler ses partisans autour de ses valeurs fondatrices, ils ne peuvent occulter les défis actuels d’un parti habitué à gouverner mais qui se retrouve, depuis plus de huit ans, cantonné à l’opposition.  Pour un parti dont l’histoire est intimement liée au pouvoir, la durée de cette traversée du désert politique est inédite. Depuis 2016  le PMSD peine à retrouver une dynamique gagnante.

Muvman Liberater 

Entre fidélité au MSM et renouvellement : le ML à un tournant stratégique

Depuis 2014, le Muvman Liberater (ML) s’est solidement ancré dans son alliance avec le Mouvement Socialiste Militant (MSM). Lors d’une réunion de fin d’année regroupant certains représentants du parti, la direction du ML a laissé entendre que cette collaboration stratégique resterait, pour l’heure, la voie privilégiée. Cependant, les prochaines étapes, en particulier en ce qui concerne les élections municipales à venir, demeurent floues. Si aucune décision officielle n’a été prise quant à une éventuelle participation conjointe, le ML semble déterminé à affronter l’électorat urbain aux côtés du MSM. Toujours est-il que cette fidélité au MSM ne fait pas l’unanimité au sein du ML. Certains cadres et sympathisants estiment qu’il serait préférable pour le parti d’envisager l’avenir de manière indépendante, afin de regagner son autonomie et de renforcer son identité politique. En s’associant exclusivement avec le MSM, le ML court le risque de devenir un simple satellite du parti de Pravind Jugnauth. Au-delà des défis électoraux, le ML fait aussi face à des turbulences internes. Le départ de figures emblématiques comme Ken Fong reflète une certaine érosion du soutien parmi les sympathisants et les cadres. Ces départs, combinés au poids des années pesant sur ses leaders notamment Ivan Collendavelloo et Toolsyraj Benydin, soulèvent des questions cruciales quant à la capacité du ML à se renouveler. Le vieillissement de ses figures de proue pourrait contraindre le parti à accélérer le processus de rajeunissement et de restructuration de ses instances. 

Muvman Patriot Morisien

Alan Ganoo face au flou sur l’avenir et aux tensions internes

Lors d'une fête organisée en fin d'année au Domaine Les Pailles, le leader du Muvman Patriot Morisien (MPM), Alan Ganoo, a adopté un ton mesuré, préférant éviter toute annonce décisive sur l'avenir de son parti. Dans son discours, il a insisté sur la nécessité de donner au nouveau gouvernement le temps de s'installer et de faire ses preuves. Toutefois, cet appel à la patience n’a pas suffi à dissiper les interrogations sur l’avenir de sa formation politique, déjà fragilisée par des signaux de désunion interne. Un élément marquant de cette rencontre a été l'absence de Tania Diolle. 

Selon des informations émanant de sources proches du parti, la relation entre Tania Diolle et Alan Ganoo s'est détériorée depuis les élections générales. Ce climat de tension pourrait exacerber les fragilités internes du MPM, laissant planer l’ombre de nouvelles turbulences sur le parti. 
 

  • defimoteur

     

 

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