Changement au CCID: Reekoye remplace Jangi sur fond de polémique

Un assistant commissaire de police chasse un autre pour prendre la tête du Central Criminal Investigation Department. Heman Jangi aurait été transféré à cause de certains dossiers, mais la hiérarchie de la police dément. Elle parle de procédure normale avec le départ à la retraite du DCP Vinod Appadoo.

Heman Jangi a-t-il été botté hors du Central Criminal Investigation Department (CCID), parce que l’enquête contre l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam a été mal conduite, expliquant la radiation de trois accusations provisoires contre celui-ci le jeudi 14 juillet ? Aux Casernes centrales, de nombreux officiers ne savent comment expliquer le départ de l’assistant commissaire de police qui a tenu les rênes de ce département depuis 2009, sauf durant la période où l’ACP Pregarsen Vuddamalay l’a remplacé. Deux interprétations sont données par ces officiers quant au transfert d’Heman Jangi au Police Prosecutor’s Office (PPO). L’un des dossiers qui fâchent : l’interrogatoire de Rama Valayden sous la Prevention of Terrorism Act (PoTA). Il a été interrogé comme témoin.

Bien à l’avance, le jeudi 14 juillet, des journalistes avaient été informés que Sanjiv Issary, Chief Executive Officer de la NPFL allait porter plainte contre les meneurs de la manifestation des détenteurs du plan Super Cash Back Gold (SCBG). Rama Valayden, lui-même allègue que certaines personnes se sont effectivement penchées sur la PoTA pour tenter de le coincer. Notamment sur le terme « enflammé » utilisé lors de la manifestation au Jardin de la Compagnie.

En ce qu’il s’agit de la radiation de trois accusations contre Navin Ramgoolam, certains proches de l’hôtel du gouvernement ne cachent pas leur colère. Ils considèrent que l’enquête n’a pas été bien ficelée et que cela a permis au leader du Parti travailliste (PTr) de s’en tirer à bon compte.

Aux Casernes centrales, toutefois, on explique que ces deux affaires n’ont rien à faire avec le transfert d’Heman Jangi. Mais plutôt à cause du départ à la retraite de l’ACP Vinod Appadoo qui était responsable des opérations. « Il n’y a rien d’obscur dans cette décision. Il fallait du sang neuf dans plusieurs départements. L’ACP Mukhtar-Din Taujoo a quitté la brigade antidrogue pour remplacer Vinod Appadoo et on a demandé à l’ACP Devanand Reekoye de remplacer l’ACP Heman Jangi », indique une source autorisée.

Ce haut gradé s’explique également sur le cas de Rama Valayden. Il fait ressortir que depuis quelques temps la police ne procède pas à l’arrestation de suspects accusés provisoirement sans que l’enquête n’ait été bouclée. « Au moins, nous sommes en train de chercher des preuves au préalable », explique-t-il. Dans l’entourage de l’ACP Jangi, on avance cependant que ce dernier a fait une demande de transfert vers le PPO depuis plus d’un mois.

Ironie du sort, c’est en tant que surintendant qu’Heman Jangi avait été appelé à remplacer l’ACP Suchitanund Lollbeeharry en juin 2009. Celui-ci avait alors été nommé Chief Police Prosecutor. Heman Jangi, détenteur d’une licence en droit de l’université de Londres, connait bien les rouages de la poursuite. Il a été ‘police prosecutor’ au tribunal de Flacq avant qu’il ne soit muté à la Special Cell du Central CID en 2001. Cette cellule a enquêté sur le scandale de la caisse noire chez Air Mauritius, des millions de roupies envolées du Fonds de pension national chez la Mauritius Commercial Bank et la mort inexpliquée du suspect Rajesh Ramlogun en détention policière.

Le nouvel homme fort du CCID, l’ACP Devanand Reekoye n’est pas un inconnu au sein de la police criminelle. Il a été jusqu’à récemment responsable de la Metropolitan South, la région sud de Port-Louis. Agé de 61 ans, ce père de trois enfants est dans la force policière depuis le 9 juin 1975. Après des débuts comme constable à Rodrigues, il été Chief of Police du 21e district à trois reprises. Il a agi comme Divisional Commander au Nord, à l’Est et la région nord de Port-Louis. Il a aussi été responsable du Nord au sein du National Security Service.

Détenteurs de plusieurs diplômes en renseignements et en sécurité intérieure obtenus aux Etats-Unis, en Egypte et en Afrique du Sud, c’est tard dans la nuit de samedi qu’il a été averti de sa réaffectation. C’est ce lundi matin qu’il va prendre connaissance des dossiers prioritaires sur lesquels il doit se pencher.