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Chagos : Compensations financières et réparations, un dossier épineux

La compensation financière, bien qu’indispensable dans les négociations, ne doit jamais éclipser les principes fondamentaux qui nourrissent la souveraineté de Maurice sur les Chagos, selon certains observateurs.

Bien que le chiffre de 800 millions de livres par an, avancé pour le bail de la base militaire de Diego Garcia, ait été formellement démenti tant par Maurice que par Londres, la question de la compensation financière liée aux Chagos refait surface, un sujet qui avait déjà été au cœur de la dernière campagne électorale. Toutefois, si cette question est jugée indissociable des discussions sur la souveraineté, elle soulève également des problématiques d'ordre moral.

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Les récents articles publiés dans la presse britannique, notamment par le Sunday Times, le Daily Mail, GB News et The Express, relancent le débat sur la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos et la question épineuse de la compensation financière. Selon ces médias, le gouvernement mauricien aurait proposé un montant de 800 millions de livres sterling (Rs 47,2 milliards) par an, tant que la base militaire de Diego Garcia resterait opérationnelle, en plus de milliards en réparations. Une révélation qui suscite de vives réactions, mais aussi des démentis fermes des deux côtés.

Lundi, le porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer, Dave Pares, a rejeté ces informations, qualifiant le chiffre de 800 millions de livres de « complètement hors de propos » tout en refusant de divulguer un montant précis. « Nous travaillons à finaliser un accord qui sert les intérêts des deux parties », a-t-il précisé. Un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères a également qualifié ce chiffre de « complètement inexact ». La question de la compensation financière et des réparations a, en décembre 2024, été régulièrement commentée par le vice-Premier ministre Paul Bérenger, pilier des négociations sur la souveraineté des Chagos. Pour lui, il est impératif de lier la restitution de la souveraineté mauricienne à une demande d’indemnisation proportionnée, justifiée par les six décennies d’occupation illégale des Chagos par les Britanniques et les Américains. Ram Seegobin, membre fondateur du parti Lalit, défend une position sans compromis sur ce dossier. Pour lui, les discussions actuelles autour d’une compensation financière ne doivent pas faire oublier trois principes essentiels : la pleine souveraineté de Maurice sur l’archipel, le droit au retour des Chagossiens et la fermeture de la base militaire de Diego Garcia.

« Accepter le maintien de la base américaine reviendrait à affaiblir notre souveraineté. Cela constituerait un recul inacceptable par rapport au verdict de la Cour internationale de justice (CIJ), qui reconnaît Maurice comme le souverain légitime des Chagos. De plus, si la base demeure, les États-Unis pourraient restreindre tout accès à certaines zones de l’archipel, contredisant ainsi l’objectif même de notre souveraineté », explique-t-il. Ram Seegobin critique également la dimension morale de la question financière. 

« Lorsque nous avons sollicité l’appui de l’Union africaine et d’autres pays d’Asie ou d’Amérique latine, c’était au nom de la décolonisation. Introduire maintenant un volet financier dans les négociations donne une image déplorable. Maurice risquerait de perdre en crédibilité sur la scène internationale », affirme-t-il.

L’enjeu dépasse aussi le simple cadre des compensations. Selon Ram Seegobin, accepter la présence de la base américaine compromettrait l’engagement de Maurice envers le mouvement des non-alignés. 

« Maintenir la base, c’est s’inscrire dans une logique impérialiste, voire militaire. Cela placerait notre pays sous l’influence américaine et pourrait nous impliquer directement dans des conflits internationaux. Nous devons prendre une position claire et ferme, fidèle à nos principes », martèle-t-il. Alors que les discussions entre Maurice et le Royaume-Uni progressent, ces révélations ravivent des questions fondamentales : comment conjuguer souveraineté, réparations et neutralité dans un contexte géopolitique complexe ?

Si la compensation financière apparaît comme un élément incontournable des négociations, elle ne peut se faire au détriment des principes fondamentaux qui sous-tendent la revendication de Maurice sur les Chagos. Le gouvernement devra naviguer avec prudence pour concilier ses intérêts stratégiques et l’intégrité des engagements pris auprès de la communauté internationale.

La position d'Olivier Bancoult, leader du Groupe Refugiés Chagos, soulève un point crucial qui ne doit pas être minimisé dans les négociations actuelles concernant la souveraineté de Maurice sur les Chagos. Pour la communauté chagossienne, la compensation financière, bien qu’importante, ne saurait être dissociée de la réparation de l'injustice vécue par ce peuple depuis des décennies.

Olivier Bancoult rappelle avec insistance que la souffrance des Chagossiens ne se limite pas aux pertes matérielles, mais touche au cœur de leur identité. « Le gouvernement britannique doit reconnaître qu’il a utilisé les Chagos pour ses propres intérêts géostratégiques, en imposant une occupation militaire qui a causé la déportation d’un peuple entier »,
explique-t-il.  Un autre point mis en avant concerne la question du relogement, notamment sur l'île de Peros Salomon, une solution qui, selon Olivier Bancoult, ne saurait être envisagée sans une reconnaissance des droits fondamentaux des Chagossiens. 

  • defimoteur

     

 

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