L'île Maurice célébrera demain les 50 ans de son Indépendance. Mais avec elle, il y a aussi des Mauriciens qui souffleront avec le pays, leurs 50 bougies. Le Dimanche/Hebdo a rencontré certains d’entre eux.
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Originaire de Chemin Grenier, Daniel Palmyre est aide-chauffeur pour le compte de la compagnie Omicane. Ce père de deux enfants vit désormais à Britannia avec sa petite famille.
Issu d'une fratrie de 9 enfants, dont aujourd'hui 8 sont toujours en vie, Daniel se souvient encore de son enfance difficile : « Anciennement, c'était très dur de joindre les deux bouts. Comme moi, avant mon emploi actuel, à l'époque mon père travaillait sur la propriété de Britannia. Il cumulait plusieurs métiers et à l'époque, il ne gagnait pas beaucoup. Notre famille a connu la misère et je n'ai pas honte de l'avouer.»
Aujourd'hui, la situation des Mauriciens n'est pas mieux non plus, selon Daniel : « Maurice va fêter ses 50 ans. Le pays a, certes, connu du progrès, on ne peut pas dire le contraire, mais il faut aussi ne pas se voiler la face et dire que beaucoup de Mauriciens vivent encore dans la précarité. Désormais, dans un couple si les deux conjoints ne travaillent pas, il est pratiquement impossible de faire bouillir la marmite familiale. J'ai un peu l'impression que le pays a évolué qu'en terme d’infrastructures.»
À la question de savoir ce qu'il y’a de prévu à l'occasion de ses 50 ans, Daniel Palmyre avoue qu'il n’y a pas grand-chose au programme : « Je n’ai jamais célébré mon anniversaire. La raison est toute simple, c'est parce que mon anniversaire tombe toujours pendant le carême chrétien. Pour mes 50 ans, je vais peut-être exceptionnellement couper un gâteau, juste pour marquer le coup. Là encore, il faut que l'occasion le permette. Au cas contraire, ce sera pour moi un jour comme les autres.»
N'empêche que Daniel se dit très fier d'être né un 12 mars: « C'est un honneur pour moi que de partager ma date d'anniversaire avec l'accession de mon pays au statut d'Indépendance. Ce n'est pas donné à tout le monde.»
Mère de 7 enfants, Mimose Jean-Pierre s'apprête aussi à célébrer son anniversaire ce 12 mars. Comme Daniel, Mimose, qui habite Rivière-Noire, est également née le 12 mars 1968. Elle est, quant à elle, l'aînée d'une famille de trois filles : « Mes parents me disaient toujours qu'ils étaient fiers que leur premier enfant soit né le 12 mars 1968. C'est également pour moi une joie,» nous dit-elle.
Vivant à l'époque dans une extrême pauvreté, Mimose a dû malheureusement arrêter l'école au CPE : « Ma mère était femme au foyer alors que mon père était fossoyeur. À l’époque, c'était très difficile, tant et si bien que j'ai dû arrêter l'école au CPE pour venir en aide à ma famille. J'ai alors pris de l'emploi dans les marais salants de ma localité. J'ai fait ce métier pendant 14 ans avant d'être technicienne de surface pour finalement retourner dans les salines de Rivière-Noire.»
Mariée à l'âge de 15 ans, Mimose donnera par la suite naissance à 7 enfants : « Mon mari était de 5 ans mon aîné. Pêcheur de son état, lui et moi avons eu ensemble 7 enfants âgés de 15 à 30 ans. Je suis également une fière grand-mère de 10 petits-enfants.»
Aujourd'hui, sans emploi, Mimose ne sait plus à quel saint se vouer : « Certains de mes enfants sont mariés et ne sont plus à ma charge. N'empêche qu'il m'est toujours difficile de garder financièrement la tête hors de l'eau. J'ai, certes, l'idée d'ouvrir une petite tabagie, mais les permis tardent à venir. J'espère que je serai bientôt en leur possession.»
C'est aussi sa situation financière qui ne lui a jamais permis de célébrer son anniversaire : « Je n’ai jamais pu célébrer mon anniversaire, faute de moyen. Et cette année encore, ce sera un jour comme les autres.»
Jetant un regard sur les avancées de son pays en 50 ans, Mimose souhaite, pour sa part, voire moins de Mauriciens dans la pauvreté absolue : « On fête nos 50 ans de l'Indépendance, c'est bien, je ne dis pas le contraire. Cependant, en 50 ans, les gouvernements qui se sont succédé n'ont malheureusement pas pu faire reculer la pauvreté. Au contraire, le fossé entre les démunis et les riches s'est agrandi.»
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