Economie

Budget 2016-2017: les grands enjeux

Le budget influencera le climat des affaires.
La présentation du Budget 2016-2017 suscite un intérêt sur fond de mystère. D’abord, la date de la présentation demeure un lourd secret. Ensuite, le ministre des Finances n’a pas encore donné une indication précise de son orientation économique. Entre-temps, le grand public apporte son lot de propositions à travers les plate-formes numériques créées à cet effet. De Vishnu Lutchmeenaraidoo à Pravind Jugnauth, en passant par sir Anerood Jugnauth, les priorités ont varié de Smart Cities à énergies renouvelables et finalement aux nouveaux piliers économiques. L’année dernière, le thème central du Budget était l’avènement des Smart Cities, un thème qui a engendré beaucoup de débats économiques et sociaux. Un an après, certains projets ont timidement démarré, alors que la plupart sont en attente. Cette année, de grands enjeux entourent le Budget 2016-2017. L’attente est grande, non seulement parmi la population, mais aussi au sein de la communauté des affaires et des entrepreneurs. Une morosité économique se fait sentir dans plusieurs secteurs et on s’attend à ce que le prochain budget déclenche le déclic nécessaire pour un boost vigoureux.

Le chômage

Le Chairman du Board of Investment, Gérard Sanspeur, dans une interview à Africa Inside, a déclaré que Maurice sera confrontée au plein-emploi dans deux ans si les opérateurs privés jouent le jeu. Entre-temps, ils sont 46 000 chômeurs à attendre l’ouverture du marché de l’emploi. Parmi les sans-emploi, environ 11 500 (25 %) est âgé de moins de 25 ans, et ce chiffre comprend des milliers de diplômés. Parmi le reste, bon nombre n’ont pas atteint le CPE ou le SC. Le défi est donc de créer, à la fois, des opportunités d’emplois pour les diplômés, mais aussi pour ceux ne détenant pas de qualifications. S’attend-on aussi à une nouvelle politique concernant le recrutement des travailleurs étrangers ?

Taxe rurale

Rien ne dit si la taxe rurale ne fera pas son entrée dans le paysage mauricien. Aucun ministre des Finances, de surcroît politicien, ne voudrait faire l’expérience du tollé soulevé par l’introduction de la National Residential Property Tax par le passé. Pourtant, la taxe rurale a la capacité de renflouer les caisses des collectivités locales pour améliorer leurs services tout en créant des opportunités d’emploi. Pour pouvoir répondre aux attentes des habitants sans plonger nos Conseils de Districts dans l’endettement, rien de mieux que d’introduire la taxe rurale. La taxe municipale sera vraisemblablement présente au sein des Smart Cities qui se développent en milieu rural.

TVA

La dernière fois que la TVA a été majorée remonte à la période 2000-2005. Depuis, aucun ministre des Finances n’a osé toucher à la TVA. Bien que l’ancien gouvernement ait toujours critiqué la majoration de la TVA, elle ne l’a jamais réduite. La société civile attend, de son côté, à une baisse du taux, pour faire baisser les prix, mais une baisse de la TVA aura un impact considérable sur les revenus publics. D’aucuns ont proposé des taux variables, allant de 12 % à 15 %, selon les produits, afin d’alléger les ménagères. Est-ce réalisable dans la conjoncture ?

Déductions fiscales

La déduction fiscale revêt d’une importance capitale pour beaucoup de contribuables. L’assurance médicale et les intérêts sur le prêt logement sont déductibles de l’impôt. L’année dernière, il a été annoncé que le montant total d’investissement sur les énergies renouvelables par les particuliers ne sera pas taxable. À ce chapitre, on s’attend à d’autres idées novatrices concernant les déductions fiscales.

Mesures incitatives

Comme lors de chaque budget, les mesures incitatives se font attendre. Celles-ci encouragent l’investissement local et l’investissement étranger. Les nouveaux piliers économiques attendent une série de mesures pour décoller. On s’attend aussi à d’autres mesures importantes pour compenser le secteur des services financiers, à la suite de la renégociation du traité avec l’Inde.

IRS/RES/PDS

En 2015, le ministre des Finances d’alors avait converti les plans IRS/RES en un nouveau concept, le PDS, (Property Development Scheme). L’une des raisons était que les plans IRS/RES favorisaient le « gated communities », excluant l’interaction avec les Mauriciens et l’intégration des résidents étrangers dans la société mauricienne. Mais dans la pratique, le PDS ressemble à l’IRS/RES, sauf la clause qui oblige les promoteurs à réserver au moins 25 % des biens résidentiels à une clientèle mauricienne (y compris la diaspora mauricienne). Dans la pratique, cette mesure n’a pas vraiment attiré les acquéreurs mauriciens, ce qui agace les développeurs immobiliers, qui risquent de se retrouver avec 25 % d’unités invendues. Cette clause est d’autant plus compliquée, car l’acquéreur mauricien risque de ne pouvoir revendre son bien à un étranger si le quota de 25 % n’est pas maintenu, ce qui rend l’investissement peu attrayant. Toutefois, le bruit court que cette clause sera bientôt enlevée.

Délocalisation

Le secteur manufacturier fait face à des défis majeurs. Parmi, la délocalisation de certaines unités de production. Le secteur n’attire guère des investisseurs étrangers depuis un bon bout de temps. Pourtant, des opportunités existent. Est-ce qu’il y a un déficit au niveau de la promotion ? Est-ce que les nouvelles opportunités ne sont pas correctement identifiées ? Y a-t-il un manque d’innovation au niveau des mesures incitatives ? Autant de sujets qu’il faut résoudre. Toujours au chapitre de la délocalisation, outre le secteur manufacturier, c’est le secteur informatique qui sera bientôt concerné, avec le développement des parcs technologiques dans la région, par exemple au Ghana. Il faut déjà se préparer à de telles éventualités.

Dette publique

Le niveau de la dette publique, à Rs 233 milliards, a déjà frôlé la barre de 60 % du PIB. Le recours à l’emprunt pour financer le développement risque d’aggraver la situation. Mais sans emprunts, pas de projets d’infrastructures pour créer les emplois si nécessaires pour soutenir la croissance. Au ministre de Finances de faire preuve de sa dextérité pour jongler avec la situation !

Décentralisation

L’économie a grandement besoin d’une décentralisation massive de l’administration publique, et ce pour plusieurs raisons : d’abord, réduire la bureaucratie. La décentralisation élimine aussi les déplacements vers la capitale et a un impact positif sur la congestion routière. Avec une politique de décentralisation, c’est la création d’emplois au niveau régional. La décentralisation, c’est aussi l’encouragement de la ‘Participative Democracy’ prônée par le gouvernement, surtout à travers sa plateforme numérisée de Mauritiusfinance.com. Jusqu’ici, nous avons plutôt vu des tendances de recentralisation, par exemple, Ébène Cybercity et bientôt Heritage City.

PME

Faire de Maurice une nation d’entrepreneurs. Le lancement du One-Stop Shop et la MauBank n’ont pas vraiment encouragé l’émergence d’une nation d’entrepreneurs. Très peu de projets ont été approuvés sous les différents ‘Schemes’ annoncés. Il n’y a eu aucune étude pour analyser les raisons de ce décollage timide. Des entrepreneurs n’arrivent pas à saisir les opportunités qui se présentent pour plusieurs raisons.

Mesures sociales

Qui dit budget dit mesures sociales, voire des mesures populaires. Malgré le contexte économique difficile, le budget sera incomplet sans une panoplie de mesures populaires touchant l’ensemble de la population. Déjà, les spéculations vont bon train et les propositions pleuvent. En revanche, vu le contexte économique difficile, s’attend-on à une révision de l’État providence ? Le ciblage dans les subventions ?

La privatisation

C’est un mot qui défraie la chronique avant chaque budget. Depuis quelque temps, il était question de privatiser la Central Water Authority (CWA) jusqu’à ce que les autorités aient annoncé que la privatisation n’est pas à l’ordre du jour.
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