Le ministère des Technologies de l’information, de la communication et de l’innovation travaille à l’élaboration d’un plan d’ensemble pour le secteur des TIC pour les cinq prochaines années.
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C’est un plan qui témoignera de l’engagement du gouvernement à faire progresser le paysage des TIC dans le pays. Ce document stratégique servira de cadre d’orientation pour l’élaboration des politiques, l’expansion des infrastructures et l’innovation technologique dans tous les secteurs. L’objectif du ministère est de venir de l’avant avec ce « blueprint » d’ici la mi-avril. Celui-ci comprendra, entre autres, des solutions aux défis qui guettent le secteur.
Face à la propagation des cyberattaques, le ministère entend également venir avec ce plan qui visera non seulement la protection des données, mais également la sécurité des utilisateurs d’internet. La période de cinq ans est une question de vision fait-on ressortir. L’idée est d’adresser les problèmes immédiats, dont les files d’attente devant les services gouvernementaux, avec des solutions pratiques.
Défis
Le secteur des TIC fait actuellement face à divers défis, notamment la main-d’œuvre et la compétitivité. Selon Jenny Chan, présidente de l’Outsourcing and Telecommunications Association of Mauritius (OTAM), le problème de la main-d’œuvre se situe si bien au niveau de la qualité qu’en termes quantitatifs. « La croissance dans le secteur des services est principalement portée par la main-d’œuvre. Un manque de personnel sera préjudiciable », soutient-elle. La compétitivité du pays s’est affaiblie en raison de la qualité de la main-d’œuvre et le coût de mener des affaires à Maurice.
Il y a, cependant, des changements observés au niveau qualitatif de la main-d’œuvre avec une influence non négligeable des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle. « Maurice est en retard. D’autres pays émergent dans ce créneau et proposent de la valeur ajoutée. Pour l’avenir du secteur, il faut s’assurer que nous sommes compétitifs », indique-t-elle.
De son côté, Shateeaum Sewpaul, fondateur et CEO d’Excelerate Consulting, concède que les coûts ont augmenté et que l’impact se fait sentir dans le court terme. Cependant, dit-il, « nous pouvons produire des services innovants à valeur ajoutée avec nos ressources. On ne peut continuer de dire que le pays a un problème de main-d’œuvre ». Pour lui, il faut prendre le taureau par les cornes et venir de l’avant avec des actions tangibles. « On peut s’arranger avec d’autres pays qui ont des ressources plus avancées afin de recruter ceux-ci. Ce sera là une approche stratégique, pragmatique et concrète », fait-il ressortir.
Croissance du secteur
La valeur ajoutée du secteur des TIC a augmenté de 8,4 % en termes nominaux, passant de Rs 29,55 milliards en 2022 à Rs 32,03 milliards en 2023. Sa part dans la valeur ajoutée brute (VAB) était de 5,6 %, soit moins qu’en 2022 (5,9 %). Le taux de croissance réel de ce secteur est passé de 1,8 % en 2022 à 5,2 % en 2023. À quoi peut-on s’attendre pour 2025 ? Jenny Chan anticipe que le secteur connaîtra une progression normale. Cependant, le contexte économique mondial reste difficile et les clients investissent moins pour le moment. Toutefois, selon Jenny Chan, cela pourrait représenter une opportunité pour Maurice. Elle affirme qu’un contexte difficile favorise l’expansion des activités offshore.
Pour Shateeaum Sewpaul, les perspectives de croissance doivent être considérées à plusieurs niveaux. Les projets locaux, soient ceux de l’État, doivent être embarqués dans un plan de digitalisation accéléré. « Je m’attends à ce que le nouveau gouvernement commence à mettre les projets en chantier. Cela aura un impact sur l’écosystème et l’industrie », fait-il ressortir. Selon lui, les efforts qui seront consentis dans le secteur public appelleront au secteur privé de bouger à la même vitesse, voire plus vite, ajoute-t-il.
D’après les données publiées par Statistics Mauritius, les échanges de biens et services TIC entre 2022 et 2023 ont progressé. Les importations ont augmenté de 10,5 %, passant de Rs 21, 13 milliards à Rs 23, 36 milliards. Dans le même temps, les exportations, y compris les réexportations, ont grimpé de 10,6 %, passant de Rs 7,8 milliards à Rs 8,6 milliards. Shateeaum Sewpaul estime qu’il y a beaucoup à faire à ce niveau. « Maurice a un certain niveau d’expertise, d’expérience et de ressources. Les opportunités sur le continent africain ne sont pas suffisamment optimisées », déclare-t-il.
Autre créneau sur lequel Maurice devrait miser sont les services innovants et plus avancés concernant la recherche basée sur les technologies de l’intelligence artificielle. Pour y parvenir, il est nécessaire de trouver des partenaires, qu’ils soient des pays ou des organisations, disposés à investir à Maurice. Le but, conclut Shateeaum Sewpaul, devra être le développement de secteurs innovants à Maurice via une collaboration du secteur public et privé.
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