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[Blog] The socio-economic Covid : Un pays, deux mondes

Faute de vaccins, la campagne de vaccination antigrippale, destinée aux personnes âgées, a été suspendue temporairement

On sait maintenant pourquoi la vaccination antigrippale réservée aux personnes âgées se faisait au petit bonheur, presque à la sauvette, à des coins de rue. Il y avait un manque de vaccins. Manifestement, quelqu’un quelque part n’a pas fait son travail. Le résultat risque d’être fatal. Ce ne serait pas étonnant de voir des personnes âgées mourir davantage de maladies pulmonaires que du COVID-19. Un exemple typique des dysfonctionnements notés à tous les niveaux ces dernières semaines.

Mais détrompez-vous ! Des vaccins antigrippaux, il en existe à Maurice. Ils étaient en vente à environ Rs 450 la dose, injection comprise, dans les pharmacies privées. Maintenant que la pénurie dans le circuit étatique est officielle, ils ont subitement disparu des étagères. Ne soyez pas étonné que, tout comme pour la pomme de terre et l’oignon dont l’importation, la distribution et les prix sont censés être réglementés par l’Agricultural Marketing Board (AMB), le vaccin soit tarifé, ouvertement ou en catimini, encore plus cher, et ce, malgré le contrôle des prix sur les médicaments. Dans les deux cas, si certains veulent parier sur des « backdoor transactions », nous sommes au regret de les informer que SMS Pariaz ne fonctionne pas. Ce qui marche, en revanche, c’est soit vous payez pour un service en principe gratuit, soit vous payez plus cher pour des féculents subventionnés. L’officiel et le réel.

Il est vrai que le monde est tombé à la renverse avec le COVID-19. Mais entendre un préposé de la National Empowerment Foundation (dont le budget est de Rs 309,7 millions) dire à la radio que l’organisme, censé s’occuper des dizaines de milliers de familles les plus démunies du pays, ne dispose pas d’une hotline en cette période de crise est tout aussi renversant.

La Sécu (qui a un budget de Rs 26,9 milliards) bon gré, mal gré, s’est tirée d’affaire. Interpellé par un de nos compatriotes établis en Angleterre, un porte-parole a cependant été incapable d’expliquer la logistique mise en place pour faire face à la situation d’urgence. Mais pourquoi ergoter ? On se « débrouille » à la mauricienne et notre « à-peu-près-isme » fonctionne plus ou moins. Les « standards, process, transparency et accountabilty » ou encore les plans B, c’est le luxe des pays développés. Deux mondes, deux logiques.

La crise, il faut le rappeler, n’est pas seulement sanitaire. Elle est devenue alimentaire pour les plus démunis, surtout au lendemain d’un « lockdown » instauré sans coup de semonce. Rien d’étonnant que l’un des plus gros dysfonctionnements a été noté au niveau du circuit de distribution, avec des difficultés d’approvisionnement, des pénuries, réelles ou artificielles, et du « profiteering ». Interdire aux commerces de proximité (boutiques de coin, boulangeries, etc.) d’opérer au profit des grandes enseignes centralisées n’a pas été un coup de génie. Mais qui s’en soucie quand on a des revenus assurés, le frigo rempli et un véhicule à disposition? Malheureusement, Shining Mauritius, pour reprendre l’expression, n’est pas l’île Maurice profonde.

Dieu merci, certains petits planteurs et des marchands de légumes ont, au risque de leur vie, bravé les voleurs des champs et ont établi des circuits non conventionnels de vente afin de continuer à approvisionner la population. Même si certains citoyens leur font un mauvais procès. En fait, n’importe quel étudiant en Économie 101 vous le dira : pas de production, pas d’offre. Lorsque la demande excède l’offre, les prix s’affolent, surtout si les circuits de distribution ont sauté.

Le paradoxe : c’est la hausse des prix qui motivera davantage de planteurs à produire davantage de légumes. Avant longtemps, le marché sera garni. Les prix baisseront lorsque production et commercialisation retourneront à la normale à travers les circuits traditionnels, marchés et foires.

Le contrôle des prix est plus facilement exercé dans les commerces conventionnels (supermarchés et autres monopoles d’État tels que l’AMB) dont les chaînes de production, de distribution et de commercialisation sont formelles et identifiables. De fait, les marges de profit sont facilement repérables et vérifiables à travers les documents d’affaires. Mais comme toujours, on s’acharnera sur les petits en exonérant, d’une manière ou d’une autre, les gros. Une problématique, deux approches.

Le ministre de l’Agro-industrie, coiffé de son bonnet d’Attorney General, affirme que les autorités ont tiré des leçons de la crise et il annonce de nouvelles lois pour bientôt. Espérons qu’il aura aussi l’humilité de consulter, au préalable, toutes les parties concernées, et pas seulement son cercle conventionnel. Croisons aussi les doigts pour que rien ne soit fait à la va-vite et au petit bonheur la chance, comme on l’a vu récemment avec les résultats qu’on connaît. Un pays, deux mondes, c’est déjà trop. Y ajouter une mentalité de secte au sommet, it’s compounding the damage, Sir.

Myth Buster

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