L’indignation et la révolte qui imprégnaient notre précédent article sur le Gaza ont donné place en deux mois à peine (voir l’express du 27 décembre 2023: “Silence, on massacre à Gaza!”) à un sentiment de profond désespoir et de tristesse. Comment pourrait-il en être autrement quand nous sommes aux premières loges d’un génocide décomplexé du peuple palestinien par Israël. Un génocide que l’histoire ne manquera pas d’associer à notre siècle, jusqu’à la fin des temps, comme une odeur nauséabonde.
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Parfait exemple d’un irrédentisme aveugle, laissant, dans son sillage, le chaos qu’entraine inévitablement cette mouvance articulée autour de la déclaration Balfour, Israël est un Etat bâti par les armes et le nettoyage ethnique sur le territoire du peuple palestinien comme d’un nouveau “terra nullis”. Il a, en relativement très peu de temps, acquis le cudos, les relations internationales, une diaspora super active et l’arme atomique (à travers la bienveillance d’une Afrique du Sud Afrikaner) qui lui permettent aujourd’hui de finir le nettoyage commencé en 1947 à la Nakhba. En ce faisant, 75 ans plus tard, il atteint la propreté ethnique qui le rend de fait (comme récemment de droit), un Etat juif proclamé, où tout Palestinien est considéré comme un intrus de race inférieure.
Il n’est pas nécessaire de remettre à jour toutes les statistiques que nous avons utilisées précédemment. Al Jazeera donnera au lecteur intéressé les nouvelles que la BBC, France 24 et autres organes de communication occidentale, manipulent honteusement pour étouffer l’étendue de cette catastrophe planétaire. L’aperçu qui suit, suffira comme “brief” rapide d’une situation qui aurait défié les talents de Dante.
Le bilan de morts comprend aujourd’hui 13 000 enfants et autant de femmes pour atteindre 31 000 civils massacrés. Il s’agit ici de cadavres déchiquetés et de corps décomposés de femmes et d’enfants qu’on extirpe des décombres du carpet bombings provenant du “pont aérien d’armes” construit depuis le 7 octobre entre Israël et les USA. Le nombre de blessés grave dépassent 70 000. Il importe de noter qu’il ne s’agit nullement ici de victimes collatérales tuées parce qu’elles étaient au mauvais endroit, au mauvais moment.
Ces milliers d’enfants, de femmes et de civils sont ciblés, intentionnellement exécutés par la machine génocidaire d’Israel, qui ne fait plus de distinction entre Gaza et la Cisjordanie où 7 500 civils ont été pris en otage et 420 civils tués par des colons, si ce n’est par l’armée, dont le rôle est de les protéger au sein de ce territoire occupé.
Ces Cisjordaniens, dont les colons juifs ne cessent de confisquer les terres ancestrales, sont destinés à être expulsés en Jordanie. Le gouvernement de Netanyahu a, il y a quelques jours, approuvé 3 500 nouvelles constructions illégales à Kedar et à Efra, ajoutées aux 80 000 autres approuvées l’année dernière, au West Bank, ce qui rend une solution à deux Etats de plus en plus impraticable. Cette expansion arrogante est un dernier pied de nez à la Cour internationale de justice. Celle-ci avait tenté récemment, de façon parfaitement inefficace, de dissuader Israēl de prendre la voie génocidaire qu’il emprute depuis six mois maintenant. On remarquera que, contrairement à Putin, la CIJ n’a pas osé “mettre à prix” la tête de Bibi, discrimination dont, la presque totalité des pays de l’ONU non-inféodés aux USA, n’auront pas manqué de prendre bonne note.
En ce qui concerne le sort des Gazaouis, ils seront entassés, d’après ce nettoyage ethnique, en bordure du Sinaï égyptien, sur une bande de quelques kilomètres contiguë avec Gaza, en prévision de quoi l’Egypte a bâti un mur gigantesque pour contenir ces centaines de milliers de Gazaouis qui, bombe après bombe, se rapprochent subrepticement de cette cage d’accueil palestinienne à côté de la future riviera israélienne de Gaza.
Une statistique remarquable est que pendant ces six mois de pilonnage sans merci d’un peuple à genou, Israël tue, chaque jour, plus de victimes palestiniennes que les 135 otages retenus par Hamas et en blesse grièvement autant si ce n’est le double! Aujourd’hui, une nouvelle statistique qui prend de l’essort est le nombre d’enfants qui meurent de malnutrition, de déshydratation et d’infections banales dues à l’environnement insalubre de latrines insuffisantes et de manque de médicaments essentiels. Israël, il nous faut l’admettre, a de la suite dans les idées. Ayant réussi le pari de déraciner près de 2 millions de Gazouis du nord et du centre de Gaza vers Khan Younis et Rafah en vue de les déverser vers le Sinai à travers des armes ‘conventionnelles’, Israël ira encore plus loin pour faire atteindre son but d’un Etat racialement pur, composé exclusivement d’Israéliens . Hitler et Göring doivent s’esclaffer dans leurs tombes, tandis que les victimes de la Shoah pleurent devant l'hécatombe causée par cette nouvelle génération qui a oublié les leçons de leur histoire.
Avant d’aborder l’axe central de cette stratégie révoltante, nous allons nous arrêter un moment pour écouter un homme dont l’objectivité ne saurait être mise en question, quelle que soit la mauvaise foi des défenseurs de l’IDF.
Le mots du professeur Jeffrey Sachs du “Centre for Sustainable Development” de l’université de Colombia, font mouche sur le positionnement international qu’a sciemment choisi Israël: “Israël has literally starved the people of Gaza. Starved. I am not using an exaggeration. I am talking literally of starving a population. Israel is in a non-stop, war crime status now, I believe in genocidal status and it is without shame, without remorse, without truth, without insight into what it is doing. But what it is doing is endangering Israël’s fundamental security because it is driving the world to believe that the Israeli State is not legitimate. This will stop when the United States stops providing the munitions to Israël. It will not by any self control in Israël, there is none in this government. This is a murderous gang in government right now. These are zealots. They have some messianic vision of controlling all of today’s Palestinian lands. They are not going to stop. They believe in ethnic cleansing or worse, depending on whatever is needed and it is again the United States which is the sole support and it is our mumbling, bumbling President and the others that are not stopping this slaughter.”
Ces Gazaouis sont apparemment “ingénocidables”! Toutes ces balles et ces bombes qui obligent les usines des USA à faire du 24/24 depuis des mois, pour satisfaire la fureur meurtrière d’Israel, ne sont pas parvenues à leur fin. Six mois de carnage inégalé et Bibi n’est pas plus près de son but qu’il n’était au début et ça fait mal politiquement. Il s’agit maintenant d’affamer Gaza. Pas le moindre complexe, pas la moindre hésitation, pas de gêne, ni excuse, encore moins de remords. Benyamin Netanyahu n’a rien à cirer des élections de son allié américain qui risque fort d’y laisser sa présidence, ni de la gêne palpable de ses alliés européens. Deux Etats ? Niet ! Un cessez-le-feu humanitaire ? Il ne saurait en être question. La guerre continue et les bourreaux israéliens tiraient ces jours-ci sur les réfugiés affamés qui se ruent sur le mince filet de camions de vivres qui arrivaient miraculeusement, ces derniers jours, à encore les atteindre. Ils étaient 700 il y a six mois.
A l’exception du 3e Reich, il est difficile de trouver une armée qui aura démontré pareille dégénérescence en couleurs et en direct au monde entier. Mais Israël a fait un petit effort pour se dédouaner en débitant... un gros mensonge: ces centaines de cadavres, entassés les uns sur les autres autour des camions de vivres, ont péri dans la bousculade meurtrière, alors que d’autres ont péri sous les roues des camions. Il est dommage que la quasi totalité des cadavres apportés aux hopitaux étaient criblés de balles de Tsahal.
Il n’y a plus à en douter, l’astucieuse élaboration d’un filet politico-financier savamment tissé le long des décennies autour des intérêts d’Israël est un coup de maître. La diaspora juive aux USA, notamment les donateurs politiques qui sèment par centaines de millions de dollars à chaque élection, tels les frères Koch et Sheldon Adelson, l’AIPAC, le “media baron” Rupert Murdoch, les nombreux politiciens engagés, d’origine juive, fidèles à Netanyahu, constitue un exemple de succès remarquable de relation diplomatique bilatérale entre un David et un Goliath aux pieds d’argile. Ensemble, ces partis ont réussi à mettre en place un mécanisme efficient qui a littéralement “capturé” la machine gouvernementale américaine, aujourd’hui totalement grippée sur la question palestinienne.
Barrack Obama (JCPOA avec l’Iran) et Joe Biden ont successivement démontré que le chef de l’Etat le plus puissant pays au monde, celui-là même qui a doté Israël d’un pactole de $400 milliards depuis sa création, est impuissant devant l’élan génocidaire d’un voyou de Premier ministre israélien qui juge l’expansion biblique de son territoire plus importante que la réputation de son protecteur qu’il a aujourd’hui réduit en otage impuissant. Biden a beau supplier et menacer, il est contraint de délivrer les armes sans lesquelles Israël ne pourrait poursuivre son génocide du peuple palestinien.
Mais soyons rassurés. Tout comme l’avait rêvé Emmanuel Macron, il y a quelques mois, Biden a, dans son “State of the Union Address”, annoncé qu’il fera parvenir des vivres aux Palestiniens sur les plages de Gaza, bien que ces plages n’aient aucun port en eau suffisamment profonde pour permettre ce transfert et que cela dépend totalement de la bonne volonté de Tsahal qui ne s’est pas prononcé sur ce changement de cap. Mais quoi qu’il en soit, comme Zorro, les Américains sont toujours là pour sauver la situation. Si, comme l’histoire récente l’a démontré, les Etats Unis se sont rendus indubitablement complices, à travers leurs trois vétos au Conseil de Sécurité, du génocide et de l’inanition qui règnent à Gaza, tant pis. Un avion des USA a quand même pu arracher à Israël, la permission de parachuter 28 000 repas au centre du territoire! Une infime fraction du volume que transportent chacun de ces camions qu’Israël bloque aux entrées de Gaza. Bravo!
Mais, de loin, la plus crapuleuse de toutes les ignominies qu’Israël inflige au peuple palestinien est la dernière machination de Netanyahu pour bloquer l’UNRWA (United Nations Relief and Work Agency For Palestine Refugees). Comme le démontre la charte qui suit, cet organisme a été créé après la Nakba de 1947 durant laquelle 700 000 Palestiniens furent chassés de la Palestine, donnant lieu au début du nettoyage ethnique sur lequel fut tragiquement bâti l’Etat d’Israël. Quand on réalise que ce territoire aurait pu s’accommoder de ces deux peuples vivant en harmonie si les décideurs de ce temps s’étaient donné les moyens, on ne peut que regretter ce gachis. 58 camps de réfugiés, six millions de réfugiés palestiniens dans une douzaine de pays du Moyen Orient, chargé de l’éducation, de la santé et de la survie des réfugiés palestiniens depuis près de 75 ans. Cet organisme emploie environ 30 000 Palestiniens, dont toutes les données vitales sont partagées avec Israël qui leur octroie (ou non) la permission d’intervenir dans ces différents camps au sein des territoires qu’il occupe.
Charte de l’UNRWA
Les pays occidentaux se sont servi de l’UNRWA comme d’une feuille de vigne qui, tant bien que mal, cachait l’indécence du nettoyage ethnique qui venait d’être opéré en Palestine, au lendemain des atrocités de la Seconde Guerre Mondiale. Sur les 30 000 employés d’UNRWA , Israël prétend, depuis plus d’un mois, toujours sans la moindre preuve, avoir découvert 12 employés palestiniens qui ont participé à l’attaque du Hamas du 7 Octobre.
L’UNRWA a immédiatement mis les suspects à la porte. Mais cela n’a pas suffi pour Israël qui a suspendu toutes les activités de cet organisme dans les territoires occupés et ailleurs, condamnant les Palestiniens à mourir lentement de faim. Cet épisode aurait été suffisament tragique en lui-même, mais la couardise d’une quinzaine de donateurs internationaux qui se sont laissés influencer par Israël pour stopper leur participation de 450 millions de dollars nécessaires à nourrir ces millions d’indigents, négligés par le concert des nations depuis 75 ans, relève ni plus ni moins d’une extermination internationale systématique et planifiée d’un peuple en rapide voie de disparition. Israël a, sans aucune retenue, “added insult to injury” en traitant les employés de l’UNRWA de terroristes en ligue avec des organisations islamistes. Nous laisserons le patron de l’UNRWA (dont le patronyme écarte toute allégation gratuite d’antisémitisme) s’expliquer sur le sujet. Monsieur Philippe Lazzarini a dénoncé “une campagne délibérée et concertée pour saper les opérations de la colonne vertébrale de l’aide humanitaire dans Gaza dans le but ultime d’y mettre un terme. Démanteler l’UNRWA est irréfléchi. En le faisant, nous sacrifierons une génération entière d’enfants, semant les graines de la haine, du ressentiment et d’un futur conflit.”
Jean-Mée Desveaux
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