Les revenus de l’État en coût d’opportunité
L’Alliance Lepep promet de réduire la TVA à 10 % sur les produits les plus utilisés. Certains économistes et experts fiscaux s’interrogent sur les effets d’une telle mesure et évoquent les risques de hausses d’autres taxes pour combler le déficit.
L’une des trois nouvelles mesures ajoutées aux 17 autres du manifeste électoral de l’Alliance Lepep concerne la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Celle-ci passera de 15 à 10 % sur les produits les plus utilisés par les Mauriciens en cas de victoire aux prochaines législatives. C’est là une mesure qui ne sera pas sans conséquence sur les recettes de l’État, qui pourrait opter de compenser ce manque autrement.
Cette mesure représentera évidemment un manque à gagner pour l’État. D’où la question de Dheerend Puholoo, Tax Leader chez PwC Mauritius. « D’où proviendra le financement pour les mesures annoncées ? Comment est-ce que le manque à gagner lié à une réduction de la TVA sera comblé, sachant qu’un budget est composé de revenus et de dépenses. Il faudrait savoir la liste de produits qui seront affectés par cette baisse de la TVA à 10 % », dit-il.
Pour Ryan Allas, International Tax Leader chez Rogers Capital, le système de TVA doit être moins régressif, afin de soulager une partie de la population. Cette proposition s’est cependant retrouvée dans une impasse ces dernières années. Risque-t-on d’assister à une révision à la hausse de certaines impositions ? Telle est son opinion. Selon lui, en cas de victoire, l’Alliance Lepep risque d’augmenter d’autres taxes. Au cas contraire, précise-t-il, la roupie va continuer de perdre de sa valeur. « Le déficit budgétaire engendre une pression inflationniste et influe sur notre monnaie locale », fait-il comprendre.
Par ailleurs, s’agissant de l’impact de la mesure d’une TVA à 10 %, Ryan Allas argumente qu’il faut savoir que la plupart des produits de base sont soit détaxés soit exonérés. De ce fait, peu de produits de base seront concernés par la mesure annoncée. « Si le gouvernement sortant voulait vraiment soulager la population, la TVA aurait dû être enlevée sur certains produits. Dans cette même optique, l’impact, que ce soit sur les automobilistes ou les revenus de l’État, aurait été plus prononcé si la taxe avait été enlevée sur les produits pétroliers », avance-t-il.
De son côté, l’économiste Ganessen Chinnapen explique que la chaîne d’approvisionnement mondiale subit les répercussions de la guerre en Ukraine et en Israël. Ce contexte a un impact direct sur l’inflation et les prix à Maurice. Il explique :
« L’application de cette mesure vise à apporter plus de justice sociale. L’accent est mis sur la prospérité économique pour absorber les dépenses. »
En outre, il insiste sur la nécessité d’encourager la production et la consommation locale afin de diminuer cette dépendance à l’importation.
Qu’est-ce que la TVA ?
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est une taxe sur les biens et les services. Elle s’applique à toutes les livraisons de biens et prestations de services imposables effectuées à Maurice par un assujetti dans le cadre de son activité professionnelle. La TVA est également due sur l’importation de biens à Maurice, que l’importateur soit ou non un assujetti. Le taux normal de la TVA est de 15 %.
Quelques produits non soumis à la TVA
n Blé ; farines de céréales (à l’exception de la farine de blé).
n Pain
n Graisses et huiles animales ou végétales autres que le ghee produit à Maurice et les huiles alimentaires.
Recettes fiscales
Taxe sur la valeur ajoutée
Provisoire réel 2022/23 Estimations 2023/24 Estimations révisées 2023/24 Estimations 2024/25
Rs 47,76 milliards Rs 61,48 milliards Rs 56,13 milliards Rs 65,63 milliards
Source : Ministère des Finances
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