André Viljoen, ancien Chief Executive Officer (CEO) d’Air Mauritius, pourrait bientôt revenir à la tête de la compagnie nationale d’aviation. Malgré la récente annonce de la nomination de Dass Thomas à ce poste par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, des sources fiables indiquent qu’André Viljoen est pressenti pour reprendre ce poste, un intense lobbying interne favorisant cette issue.
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Le nom du Sud-Africain circulait déjà depuis fin décembre comme potentiel candidat à ce poste. Il devrait d’ailleurs arriver à Maurice dans les prochains jours. Depuis son départ d’Air Mauritius en août 2015, il a, en octobre de la même année, pris la direction de Fiji Airways, où il a notablement amélioré la performance de la compagnie.
Sous sa direction, Fiji Airways est passée d’une notation de 2,5 à 5 étoiles, selon Skytrax. Elle a également progressé de la 100e à la 15e place dans le classement des meilleures compagnies aériennes. En huit ans, la flotte s’est agrandie, atteignant 21 avions.
Avant son passage à Fiji Airways, André Viljoen avait occupé des fonctions de haut niveau à Air Mauritius. Il avait intégré la compagnie nationale en avril 2009 en tant que Chief Financial Officer puis comme Chief Investment Officer, avant d’en devenir le CEO en décembre 2010. Il avait quitté son poste en août 2015 après avoir choisi de ne pas renouveler son contrat. Il avait laissé un bilan mitigé, tout comme à South African Airways qu’il avait également dirigé entre avril 2000 et décembre 2004.
Son éventuel retour à Air Mauritius pourrait raviver des critiques liées à son précédent mandat. Les plus critiques à son égard estiment qu’il a contribué à la chute de la compagnie, placée en administration volontaire début 2020, à cause de l’achat de six Airbus A350-900 nouvelle génération lors de son passage. Ceci aurait, selon eux, pesé extrêmement lourd sur les finances de la compagnie.
Toutefois, l’actuel CEO d’Air Mauritius, Charles Cartier, nommé en mars dernier, ne semble pas prêt à céder sa place. Des négociations sont en cours pour organiser son départ, dans un contexte où la compagnie nationale se trouve dans une situation délicate.
Le 10 décembre dernier, lors d’une intervention à l’Assemblée nationale sur l’état de l’économie, Navin Ramgoolam avait tiré la sonnette d’alarme sur la santé financière d’Air Mauritius, déclarant qu’elle était considérée comme « insolvable » selon le Companies Act 2001. Fin juin 2024, la compagnie affichait un déficit cumulé de 331,1 millions d’euros (Rs 16,5 milliards), entraînant des capitaux propres négatifs de 208,8 millions d’euros (Rs 10,4 milliards).
Ses actifs s’élevaient à 658,5 millions d’euros (Rs 32,5 milliards), alors que ses passifs atteignaient 867,4 millions d’euros (Rs 42,8 milliards), soit un écart de 32 %. Les dettes à long terme, en particulier les emprunts non courants de 477,7 millions d’euros (Rs 23,6 milliards), pèsent lourdement sur les finances de la compagnie.
À court terme, Air Mauritius fait face à des obligations contractuelles importantes, notamment des engagements envers les fournisseurs (66,9 millions d’euros, soit Rs 3,3 milliards) et d’autres obligations totalisant 211,4 millions d’euros (Rs 10,4 milliards), rendant urgente une amélioration de la trésorerie.
Malgré ces difficultés, le contexte international est particulièrement porteur pour le secteur aérien. En 2024, le marché mondial du transport aérien a enregistré une croissance de 10,4 % par rapport à l’année précédente, atteignant des niveaux historiques, selon les derniers chiffres de l’Association du transport aérien international (IATA).
Si André Viljoen reprend la tête d’Air Mauritius, il devra redresser une compagnie en crise tout en capitalisant sur la dynamique positive du marché mondial de l’aviation. Un défi de taille, mais une opportunité à saisir.
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