Il a été question du Financial Crimes Commission (FCC) Bill et des changements par rapport à notre arsenal législatif actuel sur la surveillance domiciliaire via divers appareils électroniques dans l’émission « Au Coeur de l’Info », animée par Jean-Luc Émile, hier. Pour le juriste international, Parvez Dookhy, il s’agit d’une stratégie politique du gouvernement.
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Selon lui, ce texte de loi représente un danger, pouvant même mener à des dérives, surtout en ce qui concerne l’écoute sans aucun « reasonable suspicion ». Cela va à l’encontre de l’État de droit, dit-il. « Pravind Jugnauth sait que la lutte contre la corruption est une faillite de son gouvernement. Présenter une nouvelle loi à la veille des élections est une stratégie pour faire réagir l’opposition. Il donnera l’impression qu’il lutte contre la corruption mais que c’est l’opposition qui est réticente. C’est une tactique très politique », lance le juriste international.
De plus, il avance que cette loi « grignotera les pouvoirs du DPP et de la police ». Parwez Dookhee informe que Linion Morisien, auquel il est affilié, « tentera une contestation directe sur la constitutionnalité » de ce texte de loi en Cour suprême.
L’ancien directeur du National Security Service (NSS), Dev Jokhoo, est aussi inquiet. « C’est un outil politique. Sans se servir de ce moyen, on peut avoir des informations. Il y a un moyen qui n’est pas trop utilisé, soit le ‘reward’. Quand on offre un ‘reward’, on peut avoir toutes les informations nécessaires. Il n’y a pas lieu d’aller écouter et surveiller des personnes », estime-t-il.
Selon lui, ce texte de loi crée de la « frayeur » au sein de la société. Mais il concède que les Mauriciens sont en ce moment « distraits ». « C’est le moment approprié pour présenter ce texte de loi. Toutefois, je pense que le gouvernement fera marche arrière si la pression continue de monter », poursuit-il.
Pour l’ancien Attorney General, Rama Valayden, ce texte de loi a « une logique de dictature et de surveillance claire et nette ». Il met d’ailleurs en garde contre l’« intrusive surveillance » qui a fait débat en Angleterre et qui a nécessité un code de conduite et une limitation. « Le gouvernement a choisi le bon moment. Dans la foulée, il augmente le salaire minimum et donne la compensation salariale et présente ce projet de loi. Vendredi, avec le paiement du boni, les gens entreront dans la frénésie d’achat et ne seront pas intéressés par les débats », déplore-t-il.
Il lance un appel aux membres de l’opposition de s’unir contre ce projet de loi. « Au moins sur ce dossier, on peut s’asseoir ensemble », indique Me Rama Valayden.
Pour sa part, le rédacteur en chef de Capital Media, Rajen Valayden, est catégorique : le gouvernement a déjà fait l’acquisition d’équipements d’interception. « Il doit maintenant justifier et donner la légitimité à ce qui est fait déjà. C’est du voyeurisme d’État. Cela frôle le fascisme. Ce qui est dangereux pour la paix et la liberté », prévient-il.
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