À la suite des attaques des navires en mer Rouge, une augmentation du coût du fret maritime se profile à l’horizon. Quelles sont les conséquences de cette hausse sur le transport maritime ? Doit-on s’attendre à une révision des prix des produits importés ? Éléments de réponse.
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Se dirige-t-on vers une crise du commerce maritime mondial ? C’est en tout cas se qui se profile à l’horizon alors que se poursuivent les attaques de navires de marchandises en mer Rouge, revendiquées depuis quelques semaines par les rebelles Houthis du Yémen en réponse aux bombardements israéliens sur Gaza. Les répercussions sur les chaînes d’approvisionnement à l’échelle mondiale sont bel et bien présentes. Quelles conséquences cela aura-t-il sur Maurice ? Qu’en est-il du coût du fret maritime ?
« Tous les produits que Maurice importe coûteront plus cher. Cette situation risque d’entraîner une hausse du taux d’inflation au pays », prévient Robert Hungley, consultant dans le domaine de la logistique et du fret. Il explique que la mer Rouge, surnommée « l’autoroute de la mer », est une voie maritime cruciale pour le commerce. Raison : elle relie la Méditerranée à l’océan Indien, connectant ainsi l’Europe à l’Asie.
Chaque année, environ 20 000 navires transitent par le canal de Suez, point d’entrée et de sortie pour ceux traversant la mer Rouge. « Ce passage offre aux transporteurs un gain de temps significatif et évite les coûts supplémentaires liés au contournement de l’Afrique. Toutefois, en raison de la multiplication des attaques dans la région, des géants du transport maritime mondial, tels que Maersk, ont déjà annoncé que leurs navires éviteraient la mer Rouge », affirme-t-il.
Trois semaines de plus en mer, poursuit-il, entraîneront inévitablement une augmentation des prix du fret. Il ajoute que les droits de douane et d’autres frais liés au transport maritime seront également revus à la hausse et, par conséquent, tous les produits que Maurice importe coûteront plus cher.
Daya Raggoo, opérateur dans le secteur logistique et aussi secrétaire de l’Association professionnelle des transitaires, indique, pour sa part, que les lignes maritimes envoient déjà des avis disant qu’il y aura des augmentations du coût du fret. « La ligne CMA-CGM, par exemple, nous a déjà envoyé une liste des charges qui prendront effet à partir de janvier 2024 », poursuit-il.
Il est cependant d’avis que les importateurs ne subiront pas tous les nouveaux coûts. « Ils vont certainement les répercuter sur les prix des produits. Au final, ce sont les consommateurs qui devront mettre la main à la poche », dit-il.
Il affirme que les augmentations seront également subies par les exportateurs dont les marchandises passent par cette ligne maritime. « Cela peut affecter leur compétitivité sur le marché international », explique-t-il.
Mode attente
Pritam Dabydoyal, directeur de P&P International, affirme que les conséquences des attaques sur la ligne maritime de la mer Rouge se font déjà ressentir. « Il est difficile, en ce moment, d’obtenir des devis auprès des fournisseurs dans cette région. Ils sont en mode attente. Une incertitude se profile concernant la chaîne d’approvisionnement dans les semaines à venir », explique-t-il.
D’ailleurs, il avance que les fournisseurs ont déjà informé que la possibilité de payer des surcharges n’est pas à écarter. Il précise toutefois que les importateurs mauriciens ont des « forward covers » pour les trois voire quatre prochains mois.
« Nous signons des contrats avec les fournisseurs pour s’assurer que les prix sont maintenus », dit-il. Ainsi, au niveau de P&P International, il n’y aura pas de grosses augmentations des prix pour les prochains mois. « Cependant, nous ne pouvons pas garantir la situation en cas d’amplification des attaques », appuie-t-il.
Une amélioration du port attendue
Selon les transitaires, la hausse des tarifs du fret sera inévitable, surtout en raison de l’absence de lignes maritimes directes à Maurice. « On ne peut rien faire à ce niveau-là. Cependant, pour atténuer le problème, nous devons améliorer notre port afin de pouvoir accueillir davantage de navires simultanément », suggère Robert Hungley.
Il explique que si le port pouvait accueillir plus de conteneurs, le coût du fret aurait été moindre grâce à des économies d’échelle. « Cela aurait assuré une régularité du service, que ce soit au niveau des importations ou des exportations », souligne-t-il.
Mahen Goondea, président de l’Association professionnelle des transitaires, abonde dans son sens. « Nous rencontrons un problème majeur d’accostage dans notre port. De plus, il n’est pas suffisamment équipé pour embarquer et débarquer d’importants volumes de marchandises », déplore-t-il.
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