
Jean Raquel Jolicoeur, le chanteur du groupe Armada, porte plainte contre trois policiers. Il les accuse d’avoir ourdi un complot contre lui en 2022 pour le faire passer, entre autres, pour un trafiquant de drogue. Ashik Jagai nie ses allégations .
Le lundi 7 avril 2025, Jean Raquel Jolicoeur, 29 ans, un habitant de Roche-Bois, a porté plainte au poste de police de sa localité. Accompagné de son avocat, Me Sanjeev Teeluckdharry, il a fait enregistrer une déclaration dans laquelle il évoque un "complot "orchestré par l’assistant-surintendant Ashik Jagai, et deux autres membres de son équipe.
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Dans sa plainte, Jean Raquel Jolicoeur explique que ces trois policiers auraient planifié un coup monté contre lui en avril 2022. Ils auraient voulu lui faire porter le chapeau pour trafic de drogue, la détention d’armes à feu et d’explosifs. L’opération aurait été exécutée à l’aube du 2 mai 2022. Ce jour-là, plusieurs véhicules de police auraient débarqué à son domicile. Et une équipe d’intervention aurait pénétré chez lui.
Ils auraient auparavant cassé ses caméras de surveillance et auraient emporté son enregistreur DVR, d’une valeur d’environ Rs 200 000. Il a été détenu incommunicado, vu qu’il répondait à des accusations provisoires de terrorisme, de trafic de drogue, de possession et d’armes à feu. Ses avocats Sanjeev Teeluckdharry et Veer Beeltah n’ont pas pu le rencontrer pendant 36 heures suivant son arrestation.
Selon lui, les policiers l’ont " brutalement interpellé" , avant de le conduire au poste de police de Piton. Un constable aurait introduit une main gantée dans la bouche du plaignant pour recueillir de la salive. Il aurait ensuite frotté cette salive sur un sac et une boîte vide, dans le but de créer de fausses preuves biologiques.
Plusieurs pièces à conviction auraient été trouvées chez le chanteur : un revolver de fabrication brésilienne chargé de cinq balles de calibre 0,22 mm, 35 munitions supplémentaires et six cartouches de chasse. Les policiers auraient aussi trouvé deux bâtons de dynamite rouge et vert et cinq paquets emballés dans du ruban adhésif noir, qui auraient contenu de l’héroïne. Selon Jean Raquel Jolicoeur, ces pièces à conviction ont été déposées chez lui, dans " le cadre d’un plan bien ficelé".
Fait troublant : un mois avant son arrestation, le 31 mars 2022, Jean Raquel Jolicoeur avait alerté les autorités. Il avait porté une plainte auprès de l’Independent Police Complaints Commission. Il avait allégué qu’il avait eu vent que des agents de la brigade antidrogue (Adsu) projetaient de placer de la drogue chez lui.
Selon lui, ses prises de parole publiques sur TikTok ont fortement déplu aux autorités.
422 jours derrière les barreaux
Après son arrestation, Jean Raquel Jolicoeur a été placé en détention provisoire pendant plus de quatorze mois, soit environ 422 jours. Dans un premier temps, il a été incarcéré au centre de détention des Casernes centrales. Par la suite, il a été transféré à la prison de Melrose, où il a été placé en isolement, sans contact extérieur. Il ajoute qu’il n’a pas eu droit à un procès équitable.
Durant toute cette période, la police aurait systématiquement objecté à sa libération sous caution. « J’ai toujours réfuté les accusations portées contre moi. Je ne suis ni un trafiquant ni un terroriste. Je suis chanteur, musicien et je vends des légumes pour vivre. Je suis innocent. S’il n’y avait pas mon avocat, Sanjeev Teeluckdharry, je serais toujours en train de croupir en prison », explique-t-il dans sa déposition.
Aujourd’hui libre, Jean Raquel Jolicoeur ne baisse pas les bras. Il demande aux autorités compétentes de mener une enquête approfondie, en analysant les communications téléphoniques entre les trois policiers qu’il accuse. « Le 29 mars 2022, j’ai reçu des menaces. Le 31 mars 2022, j’ai porté plainte auprès de l’Independent Police Complaints Council dans le sillage de ces menaces. Malheureusement, aucune suite n’a été donnée à ma plainte. Le 2 mai 2022, j’ai été arrêté. »
Il invite les enquêteurs à recouper sa version avec ses déclarations à la MCIT en 2022. Sollicité pour une réaction, le surintendant Ashik Jagai a déclaré : « Nous allons voir en cour ».
Plaintes et accusations concernant la SST et Ashik Jagai
Depuis 2022, plusieurs personnes ont porté plainte contre la Special Striking Team (SST), dirigée par le surintendant Ashik Jagai. Elles l’accusent de fabrication de preuves, d’arrestations arbitraires et de descentes illégales.
- Mars 2025 – Bandiny Mourandie-Goomanee, ex-constable, accuse la SST d’avoir « placé » de la drogue lors d’opérations policières. Une enquête de l’IPCC est en cours et vingt policiers sont interdits de séjour à l’étranger.
- Avril 2025 – Un policier en activité porte plainte auprès de la police criminelle pour manipulations de preuves dans l’affaire Bruneau Laurette. Il implique le surintendant Ashik Jagai et son équipe.
- Avril 2023 – Deenarain Lokee a porté plainte auprès de l’IPCC. Selon lui, la SST a mené une perquisition sans mandat chez lui et a placé des documents compromettants.
- Avril 2024 – Bruneau Laurette et son fils intentent une action en justice réclamant Rs 25 millions pour arrestation injustifiée. Ils évoquent un complot politique. Ils mettent en cause le surintendant Ashik Jagai et l’assistant-commissaire Gangadin, entre autres.
- Janvier 2023 – Le surintendant Ashik Jagai, après des articles dans la presse sur l’affaire Franklin a porté plainte pour diffamation contre les auteurs.
- Mars 2025 – Le surintendant Ashik Jagai a porté plainte pour complot visant à nuire à sa réputation au poste de police de Moka.

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