Anooradha Rughoonundun, la fille du défunt poète Vinod Rughoonundun, est une comédienne qui trace sa route dans l’univers artistique. Elle est au pays dans le cadre du Printemps des Poètes, afin de faire revivre les écrits de son père. Rencontre.
Sa voix est entraînante. Anooradha Rughoonundun nous plonge aussitôt dans les souvenirs de son père au travers de ses textes et plus particulièrement de son poème-testament : Manama, les mots oubliés. C’était le mercredi 30 mars, à l’Institut français de Maurice, dans le cadre du Printemps des Poètes, en hommage à Vinod Rughoonundun.
Les Mauriciens ont découvert, le temps de cette soirée, une nouvelle fois les talents de la comédienne qui avait remporté le Prix d’encouragement d’écriture dramatique au Festival Passe-Portes 2015. De plus, Anooradha a entamé une mission plus particulière depuis novembre 2015 : elle partage les écrits de son père lors de soirées de lecture en France. La première était en novembre dernier à l’atelier d’Hervé Masson. à Maurice, c’est La Maison des Mécènes qui a organisé la soirée en hommage au poète Vinod Rughoonundun.
Aventures artistiques
« Rendre publics les poèmes de mon père est une belle façon de lui rendre hommage. En partageant ses écrits à la nouvelle génération, on va dans la continuité et non dans la violence du départ. C’était son souhait de rendre son dernier poème public et surtout d’être édité à Maurice », explique Anooradha qui se retrouve aussi dans l’écriture de son père. Du haut de ses 24 ans, Anooradha Rughoonundun fonce, elle cherche sa voie et se laisse tenter par différentes aventures artistiques. Comédienne, metteur en scène et chanteuse… elle touche à tout dans l’espoir de trouver ce qui la passionne vraiment. Mais elle est surtout venue de Bruxelles pour rendre hommage à son père. L’occasion pour elle aussi de retrouver le pays et de faire le tour des expositions et des activités culturelles. Née de mère française et de père mauricien, Anooradha fait souvent le va-et-vient entre les deux pays. En décembre 2014, elle avait interrompu ses études à Bruxelles pour s’installer à Maurice. Elle avait commencé à travailler sur certains projets artistiques, dont des ateliers théâtre pour enfants et s’est mise à l’écriture dramatique pour le Festival Passe-Portes. Elle avait reçu le Prix d’encouragement d’écriture dramatique pour son texte Cytotec. « Ce texte parle de l’avortement dans le contexte mauricien. L’illégalité de la chose est vécue différemment ici et c’est à la suite d’un travail de terrain que ce texte a vu le jour. Je suis une métisse et ce qui se passe ici me parle », raconte-t-elle. C’est aussi grâce à cette aventure qu’elle a renoué avec les textes de son père. « Je n’ai pas connu mon père comme un poète. On n’a jamais eu de conversation sur la culture ; il a toujours été très discret. Ce n’est qu’en venant à Maurice pour m’y installer que je me suis lancée à la découverte de textes d’auteurs mauriciens, dont ceux de mon père. J’ai fini par connaître ses poèmes très tard. Et je me suis vite sentie concernée. Quand je lis ses textes, j’ai l’impression qu’ils viennent de moi aussi. Je retrouve chez lui des questionnements que j’avais chez moi », avoue-t-elle. Elle souhaite maintenant que les Mauriciens s’approprient les écrits de son père. « J’aimerais bien voir les artistes reprendre ses écrits et les rendre vivants. C’est ainsi qu’on pourra mieux lui rendre hommage », estime-t-elle. La mission de faire connaître son père continue tout comme ses multiples aventures artistiques.Cap sur la Colombie
À Bruxelles, elle a entamé sa 3e année d’études à l’Institut national supérieur des Arts du Spectacle. Avant cela, elle était à l’école Arts en Scène à Lyon, en France, pour devenir comédienne. Mais son projet de s’installer définitivement à Maurice a été chamboulé après le décès de son père. Anooradha est retournée en France pour ensuite reprendre ses études de metteur en scène à Bruxelles. Mais outre l’écriture, la jeune femme s’intéresse au chant. Elle a découvert un groupe afro-colombien, l’année dernière, et a commencé à chanter. En juin, elle mettra le cap sur la Colombie pour suivre une formation en art dramatique mais aussi pour apprendre les chants traditionnels de la Colombie qui la fascinent. La voie d’Anooradha n’est pas toute tracée, mais elle profite de sa jeunesse pour découvrir, apprendre et s’imprégner de tout ce qui l’intéresse.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !