La 11e édition de AIDS Candlelight Memorial s’est tenue au Caudan Waterfront le dimanche 15 mai. Lors de cet évènement annuel, de nombreux Mauriciens ont allumé une bougie en signe de lueur d’espoir. L’accent était aussi mis sur les informations sur le VIH/sida, la réduction des risques ainsi que sur la prévention.
Il est 16 h 30. Le soleil commence à descendre. L’esplanade du Caudan Waterfront grouille de volontaires portant tous un t-shirt noir orné d’un ruban rouge. Nicolas Manbode s’active à mettre les dernières touches au stand. Il se présente comme le nouveau National Coordinator pour AIDS Candlelight Memorial. « Cet événement a pour but de commémorer les personnes décédées du VIH/sida, de réconforter leurs proches et de donner une lueur d’espoir aux séropositifs », explique-t-il. Le thème retenu cette année est « Engagement, éduquer et dibout lor to lipié ».
Le jeune homme fait ressortir que depuis 2015, 32 personnes sont décédées du VIH/sida à Maurice. « Environ 6 000 personnes ont été officiellement testées positives au virus sans parler des cas encore inconnus. Plusieurs ONG et volontaires s’engagent à sensibiliser les Mauriciens sur le virus. Un séropositif peut être traité et suivi. Nous essayons de lui fournir l’encadrement nécessaire pour qu’il se sente bien dans sa peau et dans la société. Nous menons aussi des campagnes pour réduire la stigmatisation et les discriminations liées au VIH/sida, pour encourager un maximum de gens à se faire dépister le plus tôt possible », dit-il.
D’ailleurs, au Caudan Waterfront, les deux heures suivantes sont consacrées aux tests de dépistage anonymes offerts gratuitement sur place. Les résultats sont obtenus en une poignée de minutes. Des séances de démonstration sur la manipulation et l’utilisation des préservatifs attirent également l’attention du public, surtout des jeunes. Les volontaires répondent sans relâche aux questions.
Le coup d’envoi de la commémoration est donné à 18 h 30 par le groupe Les Inkonnus avec le titre de Kaya Chant l’amour. Le vent et le froid ne découragent pas pour autant l’assistance qui s’est déplacée en grand nombre. Durant la cérémonie, Danny Philippe, coordinateur de l’ONG Leadership and Empowerment for Action and Development (LEAD) passe le flambeau de National Coordinator à Nicolas Manbode. Et dans la nuit, la lueur s’échappant des dizaines de bougies allumées réchauffe l’atmosphère et le coeur des séropositifs et des proches affectés.
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Nicolas Manbode: « Le virus n'est pas une fatalité »
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"17177","attributes":{"class":"media-image wp-image-29095","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Nicolas Manbode"}}]] Nicolas Manbode a appris qu'il était infecté en 2010.
Cela fait six ans depuis que Nicolas Manbode vit avec le virus VIH. Le jeune homme de 35 ans a pris connaissance de son infection en 2010 pendant son incarcération.
« J’ai contracté le virus en partageant des seringues contaminées. La nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Graduellement, les médecins et l’encadrement reçu en prison m’ont fait comprendre que le virus n’est pas une fatalité. Je peux vivre avec si je suis un traitement et fais un suivi. J’avais le soutien de mes proches », confie ce père d’un adolescent aujourd’hui âgé de 14 ans.
Quand il est sorti de la prison, il s’est consacré au social et a intégré le Collectif Urgence Toxida (CUT). Il donne un coup de main dans le département de réduction des risques. Il y a un mois, il est devenu le National Coordinator pour l’organisation de l’AIDS Candlelight Memorial. Nicolas Manbode partage sa vie avec une séropositive qu’il a rencontrée il y a trois ans.
Joseph, 52 ans: « J’ai failli perdre la vue »
Il est sous traitement antirétroviral depuis maintenant 19 ans. Joseph, 52 ans, raconte son parcours. « J’ai appris que j'étais séropositif à une époque où il n’y avait pas de traitement, j’étais dans une impasse et ma maladie avait atteint une phase finale ». C’est à travers la transmission sexuelle que cet homme à l’époque âgé de 33 ans a attrapé le virus. « J’étais un coureur de jupons dans ma jeunesse. » Joseph occupait un poste de responsabilité dans une compagnie du privé. C’est d’ailleurs un des médecins de la compagnie qui lui recommande de faire un test de dépistage. « Lorsque j’ai découvert que le test était positif, la première pensée que j’ai eu c’était que j’allais mourir. J’ai tout de suite informé ma femme et ma famille et ils l’ont bien pris. » Sa rencontre avec Nicolas Ritter de Prévention Information Lutte contre le Sida (PILS) change sa vie. « Nicolas m’a donné de précieux conseils, PILS m’a pris en charge et je suis allé à La Réunion à plusieurs reprises pour des traitements. Si je n’avais pas reçu ces traitements, j'aurais perdu la vue. »Nageem Karimullah, 42 ans: « J’ai perdu ma famille lorsque j’ai su que j’étais séropositif »
« J’ai appris que j’étais séropositif en 2005. Le virus du sida m’a été transmis à travers une seringue. » à l’âge de 17 ans, Nageem est tombé dans l’engrenage de la drogue. « J’ai consommé de la drogue dure pendant plusieurs années. » C’est lors de son incarcération qu'il apprend à travers un dépistage qu’il est séropositif. « À cette époque, les détenus possédaient des seringues. La drogue circulait facilement. Tous les séropositifs étaient en quarantaine dans des cellules séparées. Nous étions considérés comme des parias. Je pensais que j’allais mourir et que j’étais une personne doublement condamnée. » Nageem raconte avoir fait face à des stigmatisations à sa sortie de prison. « J’ai été rejeté par ma femme, mes deux enfants et mes autres proches à cause de la maladie. Grâce au soutien de PILS , je suis aujourd’hui sous traitements antirétroviraux et c’est grâce à cela que je suis là. Je souhaite dire aux autres amis infectés que les traitements existent. »Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !