S’il y a bien une enquête que l’Alliance du Changement souhaite relancer, comme promis lors de la campagne électorale écoulée, c’est celle concernant le rachat de la clinique MedPoint par l’État en 2011. L’accent devrait être mis sur l’exercice de réévaluation des équipements, un aspect qui semble offrir matière pour une nouvelle enquête.
Malgré qu’il ait été acquitté en deux occasions, d’abord par la Cour suprême, puis par le Privy Council, l’affaire MedPoint est une ombre persistante dans le parcours de Pravind Jugnauth. Avec la victoire récente de l’Alliance du Changement aux législatives du 10 novembre 2024, ce dossier pourrait bien revenir au-devant de la scène. Ce qui sera une pression supplémentaire pour le leader du Mouvement socialiste militant (MSM), déjà fragilisé par l’affaire des écoutes téléphoniques impliquant l’ex-CEO de Mauritius Telecom, Sherry Singh.
Selon différentes sources, des anciens enquêteurs de l’ex-Independent Commission against Corruption (Icac), impliqués dans l’enquête initiale sur l’affaire MedPoint, ont contacté des dirigeants de l’Alliance du Changement. Ces discussions auraient porté sur d’éventuelles zones d’ombre dans ce dossier controversé, suggérant que certaines pistes mériteraient d’être rouvertes.
Plusieurs sources soulignent que l’acquittement de Pravind Jugnauth par le Privy Council n’aurait été possible qu’en raison du revirement de l’ancienne Icac en février 2019. À cette époque, l’institution avait choisi de s’aligner sur les positions favorables à l’ex-Premier ministre. En adoptant une telle posture, il devenait évident que les accusations de corruption portées contre Pravind Jugnauth perdaient leur crédibilité. Car l’Icac, qui avait initialement décidé de le poursuivre, avait finalement opté pour un soutien tacite à son égard.
Ainsi, pour ces anciens enquêteurs de la défunte agence anticorruption, des éléments troublants ont complètement été ignorés dans cette affaire. Mais le fait le plus troublant et qui mérite une attention particulière porte sur l’exercice de réévaluation des équipements de la clinique MedPoint.
L’État a en effet payé la somme de Rs 19 701 300 en 2011 pour les équipements médicaux de MedPoint Ltd. Les principaux actionnaires de la compagnie : Shalini Devi Malhotra, la sœur de Pravind Jugnauth, et Krishan Kumar Malhotra détenaient respectivement 86 983 (23,6 %) et 120 088 (32,6 %) des 368 683 actions de la compagnie. Cette somme de Rs 19 701 300 était estimée neuf fois plus cher que la valeur initiale qui avait été faite lors de l’année financière 2007-2008.
Les autres actifs de la clinique MedPoint immobiliers et mobiliers ont également fait l’objet d’une réévaluation lors de cette période. Ainsi, la valeur des bâtiments et du terrain a été ajustée à la hausse. La valeur du bâtiment, par exemple, est passée de Rs 35 millions - son coût initial - à Rs 98 millions. De son côté, la valeur du terrain de 2,45 arpents sur lequel la clinique est édifiée est passée de Rs 9,5 millions au 1er août 2007 à Rs 30 millions au 31 juillet 2008.
Ainsi, pour ces anciens enquêteurs, une enquête peut être relancée concernant le rachat de la clinique MedPoint.
Quand la réouverture de l’affaire MedPoint pourrait-elle avoir lieu ? Selon plusieurs sources proches de l’Alliance du Changement, cette relance interviendrait avec l’instauration du Serious Fraud Office, qui remplacera la Financial Crimes Commission.
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