- Clensy Appavoo, CEO & Senior Partner de HLB Mauritius : « Cette affaire est sans doute une vendetta politique »
- « Dawood Rawat a été visé de façon collatérale », selon lui
La chute de la BAI n’avait pas été sans conséquence sur l’économie locale et les investisseurs. Le groupe opérait dans le secteur de l'assurance et s’est au fil des ans, diversifié dans d’autres activités, comme la banque, les services financiers, les soins de santé et les transports, entre autres.
Qu’est-ce qui a provoqué l’effondrement de ce conglomérat ? Un problème de solvabilité pesait sur la British American Insurance (BAI). On apprend que le groupe a eu plus de 50 réunions avec le régulateur des services financiers, en l’occurrence, la Financial Services Commission (FSC) en 2014. « La question touchait à un atterrissage en douceur. En parallèle, Dawood Rawat était en pourparlers avec plusieurs investisseurs pour la vente de la BAI. Le changement de régime a poussé à la révocation de la Bramer Bank, qui n’avait pas de problème particulier pouvant provoquer sa chute. La révocation de sa licence a plongé la BAI qui comptait des investissements dans la Bramer Bank », explique une source proche du dossier.
La BAI a collapse et c’était vu comme un catastrophe. Certes, on concède que la BAI était malade, mais pas mourante. Entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2013, le groupe BAI a perdu quelque Rs 14,7 milliards. Au lieu d’un atterrissage en douceur, il y a eu un « crash landing » alors que toutes les franchises ont délaissé le navire. Le véritable problème de la BAI se situait au niveau de Super Cash Back Gold et non les 150 000 ‘policy holders’ que comptait le groupe.
Super Cash Back Gold
C’est vers 1992 que Dawood Rawat aurait acquis une participation majoritaire dans BA Insurance. En 2014, BA Insurance était la plus grande compagnie d'assurance-vie de Maurice. Elle proposait aussi un produit connu sous le nom de Super Cash Back Gold policy.
Or, le terme Ponzi Scheme avait été associé à la BAI, notamment eu égard au Super Cash Back Gold. La licence de la BAI avait été révoquée. Les autorités ont saisi les biens de la BAI afin de rembourser ceux qui avaient perdu de leur argent. « C’était inapproprié d’employer le terme Ponzi. La BAI avait des actifs. Cependant, certains de ses actifs étaient surévalués », indique le spécialiste de l’investissement.
Quant à Clensy Appavoo, CEO & Senior Partner de HLB Mauritius, il est d’avis que l’affaire BAI est sans doute une vendetta politique. « Peut-être pas directement à Dawood Rawat, mais à d’autres personnes qui sont dans la politique. C’était mal cousu et la façon que les autorités ont abordés l’affaire était mauvaise. Malheureusement, Dawood Rawat a été visé de façon collatérale », avance-t-il. L’impact de cette chute s’est fait sentir par le nombre de personnes ayant perdu leur emploi. Il y a également des personnes qui avaient investi dans la Bramer Bank, et donc dans la BAI, et qui ont perdu leur argent. « Il n’y avait pas de stratégie. Cela a été fait de façon brutale et violente. Ça a laissé beaucoup de dommages collatéraux », ajoute Clensy Appavoo.
Bramer Bank
En 2008, le groupe BAI a acquis la South East Asian Bank Ltd et l'a rebaptisée « Bramer Banking Corporation Ltd », soit la Bramer Bank. Une fusion entre la Bramer Bank et deux autres sociétés du groupe BAI a eu lieu en 2012. C’est la Bramer Bank étant la société survivante. Celle-ci était titulaire d'une licence bancaire à Maurice.
Selon un spécialiste en investissement, on avait reproché à la Bramer Bank de ne pas être en mesure de pouvoir payer ses clients, ses dépôts, tout en pointant du doigt sa gestion. L’ordre avait été donné aux « bodies » du gouvernement de retirer leurs économies de cette banque. Le régulateur bancaire avait suggéré à la Bramer Bank de trouver davantage de capital. Le temps approprié n’avait pas été accordé à Dawood Rawat avant que la licence de la Bramer Bank ne soit révoquée. Plusieurs entreprises dont les filiales de la BAI avaient déposé leur argent dans cette banque. Cela a problématique pour la BAI. « La situation avait provoqué la panique. Ceux qui avaient de l’argent dans cette banque ne pouvaient pas les retirer. Le gouvernement d’alors avait donné la garantie à ceux qui avaient effectué des dépôts dans la Bramer Bank, qu’ils vont récupérer leur argent », explique-t-il.
En 2013, Bramer Bank avait conclu une transaction HP Book avec Iframac. La Bramer Bank était également cotée en bourse. Par conséquent, tous les actionnaires avaient perdu de l’argent lorsque la licence de cette dernière a été révoquée.
Commission d’enquête
- Présidence de la commission : l’ex-juge Bushan Domah
- Assesseurs : Sattar Hajee Abdoula et Imrith Ramtohul
- 2021 : La commission avait recommandé une enquête criminelle contre Roshi Bhadain pour « forgery or making use of a forged document »
- 21 juillet 2021 : Déposition du rapport au Parlement
- 5 septembre 2024 : Les juges Iqbal Maghooa et Azam Neerooa ordonnent à l’annulation de quatre des six paragraphes du rapport concernant les plaignants suivant la requête de Me Thierry Koenig, Senior Attorney, et de son étude, ENSafrica (Mauritius).
La vente de Britam effectuée à 50 % au-dessus de la valeur marchande
La BAI comptait des actions dans une de ses filiales, soit une compagnie kenyane, nommément Britam. 23 % des actions que détenait la BAI à Britam Holdings Ltd (Kenya), un groupe financier coté à la bourse de Nairobi, ont été vendu. Cependant, un acheteur potentiel, à savoir, MMI Holdings Ltd, aurait proposé Rs 4,3 milliards pour l’achat de la BAI Company (Mauritius) Ltd et des actions de Britam Holdings Ltd (Kenya). Or, il s’avérait que les administrateurs spéciaux de la BAI, Yacoob Ramtoolah et Georges Chung, auraient choisi Peter Munga et d’autres investisseurs au Kenya comme acheteur pour Rs 2,4 milliards. Cela aurait résulté à un manque à gagner de Rs 1,9 milliard. Une commission d’enquête avait été instituée à Maurice à ce propos en 2017.
Clensy Appavoo concède que cette affaire était très politisée et bien orchestré pour faire du mal aux gens. « On doit mettre cette affaire sur le compte d’une vendetta politique également. Ce n’est absolument pas issu de la démocratie. De temps à autre, on arrive à voir un peu plus clair », déclare-t-il.
Par ailleurs, une source ayant suivi cette affaire de près fait observer qu’il y a sept Judicial Reviews déposées eu égard à la question Britam. Selon lui, il y avait plusieurs conditions attachées à l’offre de vente. L’offre était à 50 % du prix du marché avant l'effondrement de BAI. Le crash de la BAI aurait entraîné une réduction le prix. Ainsi la formule proposée ne pouvait être à Rs 4,3 milliards au moment de la vente. La vente s’est faite à 50 % au-dessus de la valeur marchande. « Dev Manraj, qui était le Secrétaire financier, a dit qu’il n’y a pas eu de proposition à Rs 4,3 milliards. Il y a eu deux transactions après ce deal. International Finance Corporation (IFC) a investi dans Britam de même qu’une compagnie d’assurance. Leur investissement est moindre que celui effectué à Maurice », soutient-il.
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