Avec un taux de participation de 54,96 %, rarement une élection partielle aura aussi peu intéressé les électeurs. Il faut remonter à la partielle de Port-Louis Maritime/ Port-Louis Est en octobre 1992 pour trouver un taux de participation aussi bas.
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Le 18 octobre 1992, 53 % seulement des électeurs inscrits avaient voté lors de l’élection partielle dans la circonscription Port-Louis Maritime/Port-Louis Est. 11 781 personnes s’étaient déplacées pour exercer leur droit civique et faire élire Amanullah Ahmed Essoof de l’alliance MSM/MMM avec 52,61 % des voix, devant Cehl Meeah qui avait recueilli 35,73 % des voix.
Pour la partielle de dimanche, 54,96 % des électeurs, soit 23 112 sur 42 052 inscrits se sont rendus vers un des 13 bureaux de vote.
Pour Amédée Darga, Chief Executive Officer de StraConsult et observateur politique, cette forte abstention n’est guère étonnante.
« C’était prévisible. Ce n’était qu’une partielle et il n’y a pas d’enjeu d’ordre national. Mais, déjà en 2014, on avait constaté une tendance à une abstention croissante », explique-t-il.
Le fait que le Mouvement socialiste militant (MSM) et le Muvman liberater (ML), qui constituent l’alliance gouvernementale, ne se sont pas engagés dans cette joute électorale, enlève également de la saveur à cette partielle.
Mais, pour Amédée Darga, ce fort taux d’abstention s’expliquerait également par un désintéressement grandissant des Mauriciens pour les grandes formations et leur manière de faire de la politique.
Il pense aussi que les partis « autres que traditionnels ont recueilli un pourcentage de vote plutôt élevé ». « Pour les élections générales de décembre 2014, dans les circonscriptions Nos 1 et 4, qui représentent Port-Louis et ses environs, 11 % des voix étaient tombées en-dehors de ces partis traditionnels ». Notre interlocuteur est d’avis que ce chiffre ira en grandissant au fil des élections.
Il est un fait aussi que cette partielle suscite beaucoup moins d’intérêt que les trois dernières partielles, c’est-à-dire celles de 2009 (Quartier-Militaire/Moka), 2003 (Piton/Rivière du Rempart) et 1999 (Beau-Bassin/Petite Rivière) où l’on avait eu des taux de participation de 73,39 %, 75,3 % et 84,03 %, respectivement.
Réactions
Bhadain pas surpris
54,96 % des votants de la circonscription No 18 ont accompli leur devoir civique en se rendant aux urnes, dans la journée du dimanche 17 décembre. Le taux d’abstention enregistré par la Commission électorale est le plus bas pour une partielle.
Contacté par Le Défi Quotidien dans la soirée du dimanche 17 décembre, Roshi Bhadain, leader du Reform Party dit ne pas être surpris, par le taux d’abstention enregistré. « Mo ti pense li pou koumsa, selon mo bann kalkil », a expliqué Roshi Bhadain. Il n’a pas souhaité commenter d’avantage en laissant entendre qu’il en parlera ce lundi 18 décembre après la proclamation des résultats.
Bizlall : pas de raison importante
Jack Bizlall, candidat et leader du Muvman 1er-Mai, a expliqué que l’abstention serait peut-être liée au fait que les résultats de ces élections ne changeront pas la donne sur l’échiquier politique. « Seki gouvernman res gouverneman, opozision res opozision », explique Jack Bizlall. C’est ce qui fait, explique-t-il, qu’il n’y a pas de raison importante pour pousser les gens à participer à cette élection.
Ganoo : « Un match entre les partis de l’opposition ne suscite pas d’intérêt »
Alan Ganoo, leader du Mouvement Patriotique affirme, lui, qu’il n’est nullement surpris par le taux d’abstention. Il affirme que les élections partielles du passé ont démontré aussi des forts taux d’abstention. Toutefois, Alan Ganoo dit que cette situation est aussi le fruit de la non-participation du parti au pouvoir. Il explique que c’était un match entre les partis de l’opposition, ne suscitant pas d’intérêt.
Ivan Collendavelloo, PM adjoint : « L’électorat rejette l’opposition »
« Il est clair que la majorité de l’électorat de Belle-Rose/Quatre-Bornes rejette l’opposition. Et refuse de suivre la démagogie. Le résultat final ne m’est d’aucun intérêt ».
Raj Meetarbhan : « Une ville morte pour un scrutin »
« On ose à peine croire qu’hier c’était le jour du scrutin. J’ai sillonné la circonscription dans l’après-midi et si ce n’était pas jour de foire, Quatre-Bornes aurait ressemblé à une ville morte. On pouvait observer une présence policière aux abords des centres de vote mais point d’agents électoraux ou des citoyens curieux comme c’est le cas d’habitude. Derrière les tables aménagées pour accueillir les électeurs venus voter, il y avait souvent deux ou trois agents lassés. Il est vrai cependant que bien que les quartiers huppés fussent déserts, les régions populaires étaient, par moments, quelque peu animées. Les motivations des abstentionnistes sont certes multiples et variées. Mais il y a un élément qui ne peut échapper à personne. Si Quatre-Bornes avait peur du métro léger ou si la ville voulait aider Navin Ramgoolam à rebondir en vue d’un retour glorieux sur la scène politique, elle s’y serait prise autrement qu’en boudant les urnes. »
Dev Ramano, Mouvement 1er-Mai : « Un désaveu »
Pour l’avocat Dev Ramano du Mouvement 1er- Mai, ce taux d’abstention est un désaveu de nos électeurs pour les partis politiques. Pour lui, « Maurice est à reconstruire, la démocratie est à reconstruire et il est temps de reconstruire la politique ». Il soutient, par ailleurs, que le Mouvement 1er-Mai a fait un travail épatant sur le terrain et que le parti est satisfait.
Jean-Claude de l’Estrac : « Le résultat sera considéré légitime »
« Je ne suis pas surpris par le taux d’abstention. Je suis plutôt agréablement surpris par ce taux de participation pour une partielle sans enjeux véritables. C’est plutôt une bonne nouvelle pour la démocratie. Sans enjeux ne veut toutefois pas dire sans enjeux politiques.
Mobilisée, une partie de l’électorat s’est déplacée dans l’après-midi. Avec près de 55 % du taux de participation, le résultat sera considéré comme légitime. Aux États-Unis, un président est élu avec 25 % de votants. Il ne faut pas bouder son plaisir. »
Ajay Gunness, MMM : « Désintérêt des électeurs »
Ajay Gunness, secrétaire général du Mouvement militant mauricien (MMM), est catégorique : il y a eu un désintérêt des électeurs à cette partielle.
Il évoque le fait que le gouvernement n’a pas présenté de candidat. Il affirme toutefois que si cela avait été le cas, les électeurs se seraient rendus au centre de vote pour régler leurs comptes avec le gouvernement. Il fait remarquer que l’élection a eu lieu dans une période festive, le boni de fin d’année ayant été payé le 15 décembre. Mais il n’empêche que, pour Ajay Gunness, le chiffre de 54,96 % est raisonnable pour cette partielle.
Navin Ramgoolam : « Les gens croient qu’une partielle n’est pas importante »
Le leader du Parti travailliste (PTr), Navin Rangoolam, affirme qu’il s’attendait à un certain taux d’abstention. « On savait qu’il y aurait un certain taux abstention. Me nou ti pe trouv li tro eleve. L’une des causes serait que les gens ont tendance à croire qu’une partielle n’est pas importante. Mais tel n’est pas le cas », dit-il. L’ex-Premier ministre intervenait dans la journée de dimanche lors de sa tournée dans la circonscription de Belle-Rose/Quatre-Bornes.
Interrogé sur sa présence sur le terrain, Navin Ramgoolam a déclaré qu’il ne fait pas du « canvassing ». « Ma présence n’est pas une question de descente sur le terrain. Nous voulons nous assurer que les électeurs votent en faveur du Ptr. C’est la raison pour laquelle je n’ai mis les pieds dans aucune école », a souligné le leader du Ptr.
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