La campagne électorale présente plusieurs parallèles avec celle de 2014. Tout comme il y a dix ans, le PTr et le MMM ont à nouveau choisi d’unir leurs forces pour contrer le MSM, qui, pour sa part, se retrouve une fois encore en alliance avec le PMSD.
Alliance PTr/MMM - vers une nouvelle dynamique 10 ans après le rejet de 2014 ?
L’une des premières questions qui méritent d’être posées est celle du poids de l’Alliance du Changement, menée principalement par le Parti travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM) en 2024. Dix ans après avoir été rejetée par l’électorat, cette alliance évolue-t-elle aujourd’hui dans une nouvelle dynamique ?
Malgré les déclarations passées de Paul Bérenger, leader du MMM, qui avait affirmé qu’il n’y aurait plus jamais d’alliance avec le PTr et Navin Ramgoolam, les deux partis sont bel et bien en campagne électorale commune en 2024. Pour l’observateur politique Faizal Jeerooburkhan, il ne faut pas tergiverser : les conditions de cette alliance diffèrent largement de celles de 2014. « En 2014, l’impression générale était que tout s’était fait en catimini entre Ramgoolam et Bérenger, sans consultation des bases des deux partis. En 2024, c’est tout autre car il y a eu de nombreuses discussions autour de la formalisation de cette alliance. De plus, il faut noter qu’une partie de l’électorat souhaitait cette réunification des forces de l’opposition.
Cette alliance entre le PTr et le MMM répond en partie à cette volonté populaire », explique-t-il.
Cependant, d’autres observateurs politiques, plus sceptiques, estiment qu’il existe toujours une frange de l’électorat foncièrement opposée à toute alliance entre les Rouges et les Mauves, qualifiant cette union d’incompatible. Si cela reste vrai en 2024, il sera toutefois intéressant de voir si cette opposition est aussi marquée qu’en 2014.
L’arrivée de Rezistans ek Alternativ au sein de l’alliance constitue également un nouvel élément à prendre en compte. Reconnu pour ses idées progressistes en faveur de l’environnement, du mauricianisme et des droits des travailleurs, il sera intéressant de voir si ce parti de gauche peut aujourd’hui représenter une force politique valable, capable de se faire une place au Parlement ou au sein du gouvernement.
Alliance Lepep de 2024 -Scandales et alliance : XLD face aux mêmes obstacles que Bérenger en 2014
Faizal Jeerooburkhan souligne que la dynamique est également différente au sein de l’Alliance Lepep. Ce dernier ne peut s’empêcher de dresser un parallèle entre Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger. En effet, tout comme en 2014, c’est le leader de l’opposition sortant, Xavier-Luc Duval, qui décide en 2024 de s’allier au gouvernement qu’il a vigoureusement combattu depuis 2016.
« On a vu en 2014 combien il était difficile pour Paul Bérenger de faire campagne, car il devait souvent modérer ses déclarations et passer sous silence divers scandales survenus sous le règne de Navin Ramgoolam, qu’il avait lui-même dénoncés », explique l’observateur politique. « En 2024, c’est Xavier-Luc Duval qui fait face aux mêmes difficultés que Paul Bérenger, avec en plus les révélations des enregistrements de ‘Missie Moustass’ évoquant un complot allégué contre son fils. Cela complique davantage les choses pour lui, rendant difficile la tâche de mener campagne dans ces conditions et de demander à l’électorat de soutenir un parti qu’il a combattu durant tant d’années », ajoute-t-il.
L’absence de sir Anerood Jugnauth : Quel impact?
Bien que cette alliance ait été nommée « Alliance Lepep », il est clair qu’une différence fondamentale en 2024 réside dans l’absence de sir Anerood Jugnauth, qui avait incarné le rôle de locomotive en 2014. En 2024, c’est désormais son fils, Pravind, qui endosse cette position. Au sein du MSM, nombreux sont ceux qui se montrent confiants, rappelant que Pravind Jugnauth a prouvé sa valeur politique en 2019, lorsqu’il a affronté et vaincu Paul Bérenger et Navin Ramgoolam. « Il aborde donc les élections générales de 2024 avec une assurance totale, sans aucun complexe », partage-t-on.
Néanmoins, il s’agit de la première fois que le MSM engage une campagne électorale sans son fondateur et leader historique, SAJ, qui, bien que non candidat en 2019, avait tout de même pris la parole lors de plusieurs meetings, apportant un soutien précieux au parti. En 2024, privé de cette figure emblématique, le MSM, toujours désireux de raviver la nostalgie politique, mise désormais sur une présence renforcée de lady Sarojini Jugnauth, dont le rôle s’affirme de plus en plus dans cette fin de campagne.
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