Pour le CEB, l’appel d’offres pour le projet ‘Waste-to-Energy’ n’est qu’une question de semaines. Pourtant, les spécialistes émettent des doutes sur la direction empruntée. L’absence d’une étude de faisabilité et une politique à contre-courant de la tendance internationale sont pointées du doigt. Le Central Electricity Board (CEB) est-il en train de mettre la charrue devant les bœufs ? Les négociations se poursuivent dans les coulisses avec le ministère de l’Environnement autour du projet de production d’électricité à partir de déchets ménagers. Sauf que dans le domaine de l’énergie verte, plusieurs observateurs et spécialistes sont sceptiques. La politique de ‘Waste-to-Energy’ va à l’encontre de la tendance internationale et il n’y a eu aucune étude qui prouve que le pays produit assez de déchets pour soutenir une centrale. Pourtant, au CEB, on espère lancer l’appel d’offres dans quelques semaines à peine. Outre quelques dernières spécifications techniques de l’Environnement concernant les émissions, les préparatifs avant le lancement de l’appel d’offres vont bon train, assurent nos sources au CEB. Une situation qui inquiète et laisse coi dans ce secteur. Un acteur du secteur des énergies renouvelables rappelle que, durant l’atelier de travail sur le sujet le 25 février dernier, le consultant du ministère des Services publics, le Dr Manuel Fuentes, avait fait une recommandation précise concernant le ‘Waste-to-Energy’ : « Il a recommandé que la MARENA (Mauritius Renewable Energy Agency) fasse une étude de faisabilité pour savoir si on a le volume de déchets requis. » Selon cette source, les chiffres officiels indiquent que Maurice produit environ 420 000 tonnes de déchets par an, mais il se pourrait que le chiffre réel se situe dans la fourchette de 500 000 à 550 000 tonnes.
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Compostage
Si le CEB annonce vouloir produire jusqu’à 30 MW à partir de déchets, il n’y a pas d’explications sur le calcul ayant permis d’arriver à ce chiffre. « Si on instaurait une politique de gestion de déchets, il se pourrait bien qu’on se retrouve à court de déchets », explique notre source. D’autant, qu’en parallèle, l’environnement a mis en place une politique visant à encourager le recyclage. Or, le recyclage viserait justement à réduire le volume de déchets disponible. « Ce n’est pas très cohérent », fait remarquer notre source. Un spécialiste de la question de l’énergie et de l’environnement ajoute qu’au niveau international, l’énergie est un des derniers recours dans la hiérarchie du traitement de déchets. La prévention, la minimisation, le réutilisation et le recyclage la précèdent tous. « L’énergie est l’avant-dernière option avant l’enfouissement », explique cette autre source. L’initiative est d’autant plus étonnante, explique-t-elle, que Solid Waste Recycling utilise déjà les déchets pour produire du compost et qu’environ 60 % des déchets produits sont organiques. Ce sont donc des déchets à faible valeur calorifique peu propices à être utilisés dans une centrale. Des chiffres qui justifient, pour notre source, de privilégier la production de compost plutôt que celle de l’électricité. « Le compostage est préférable à la production d’électricité, notamment pour les questions qui tournent autour des émissions », poursuit notre spécialiste. Si les autorités parlent de pyrolyse, une technique qui réutilise les émissions de gaz dans la centrale pour éliminer la pollution, notre spécialiste assure qu’il n’y a aucune garantie d’énergie propre. « Des études récentes sur la pyrolyse indiquent que cette technique peut comprendre d’autres contaminants. Ce n’est pas une solution propre garantie », explique-t-il.
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