Si le phénomène de brûler des billets de banque a de quoi choquer voire outrer, il devient néanmoins de plus en plus courant dans l’univers des trafiquants de drogue. Pour certains, c’est une manière d’affirmer leur suprématie. Pour d’autres, cela vise à envoyer un message à leurs rivaux. Il n’en demeure pas moins que cette pratique est une infraction criminelle.
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Les dents de platine, les grosses berlines de luxe et les voitures « tunées » à mort ne sont plus les seuls signes distinctifs des trafiquants de drogue. La nouvelle mode désormais est de brûler des billets de banque lors de soirées festives ou de rassemblements.
Alors que l’Independent Commission against Corruption (Icac) multiplie les investigations sur des réseaux impliqués dans le blanchiment d’argent, elle a mis la main sur des vidéos montrant ce phénomène. Lequel est de plus en plus commun dans le milieu du trafic de drogue et du blanchiment d’argent.
Certains y voient une manière pour les trafiquants d’affirmer leur suprématie et de démontrer leur puissance financière. D’autres y voient un rituel destiné à démontrer leur attachement aux règles de l’omerta. « En se livrant à de tels spectacles, ils affichent leur puissance », indique-t-on.
Bandes Rivales
Les cellules de renseignements, pour leur part, qualifient ces actes de « folie de grandeurs » ou encore d’une manière pour les trafiquants de régler leurs comptes avec leurs concurrents. « Il s’agit parfois d’un moyen de transmettre un message à leurs rivaux ou tout bonnement aux autorités, histoire de montrer qu’ils n’ont peur de rien ni de personne. » Souvent, ce sont les billets saisis lors de règlements de comptes entre bandes rivales qui sont utilisés.
Cette pratique avait été mise en évidence dans des vidéos faites lors des funérailles de Cael Permes, retrouvé mort dans sa cellule de la prison de Beau-Bassin en mai 2020. Les images montrent des billets distribués lors de la veillée mortuaire à Résidence Ste-Claire à Goodlands. Elles avaient fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Deux ans plus tôt, soit en novembre 2018, la police avait découvert des liasses de billets de Rs 500 et Rs 1 000 brûlées dans la forêt de Daruty, à Forbach. Aujourd’hui, l’Icac dispose de suffisamment d’éléments pour affirmer que plus d’un maillon important du trafic de drogue et du blanchiment d’argent, qui en découle, sont des adeptes de la pratique « bril biye ».
Les montants des billets de banque brûlés par les trafiquants varient selon leur grade. Dans certains cas, on parle de centaines de milliers de roupies. Dans d’autres, cela va carrément chercher dans les millions de roupies.
En sus de cette pratique, il y a l’usage de bouteilles d’alcool de marque valant plusieurs dizaines de milliers de roupies, qui coulent et lesquelles sont vidées sur de jeunes femmes pendant des fêtes.
Yvan : « Ena fim ladrog dan biye »
Yvan (prénom modifié) travaille activement pour le compte de « puissants barons ». Cet habitant de l’Ouest raconte que durant ces soirées privées très sélectes, certains invités n’hésitent pas à rouler leur drogue dans des liasses de billets de banque pour ensuite les fumer. « Nou pa servi ti papie. Ena fim ‘brown’ dan sigaret biye Rs 1000 », dit-il.
La procédure en cas de dénonciation
Lorsque la police régulière reçoit le signalement au sujet d’un cas de destruction de billets de banque ou de billets brûlés, elle se rend sur le lieu concerné avec le soutien de ses collègues de la scientifique.
Les lieux sont placés sous scellés car il s’agit d’une scène de crime, au même titre qu’un vol ou un meurtre.
Des photos du site sont prises par la police.
Les enquêteurs du Forensic Science Laboratory prélèvent des échantillons sur les lieux, y compris sur des débris et de la cendre. Cela leur permettra de confirmer si des billets ont bel et bien été brûlés.
Ils prélèvent aussi des échantillons d’ADN pour les comparer à celui de suspects fichés.
Des indices sont également récupérés sur les lieux.
La technologie, comme les caméras du réseau de vidéosurveillance Safe City, peut également aider à récupérer des preuves. Il s’agit alors de « preuves directes », mais l’apport scientifique reste primordial à l’enquête.
Dans tous les cas, la Banque de Maurice est sollicitée, laquelle mandate des experts.
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