L’unité nationale a toujours été favorisée par de grands événements qu’ils soient d’envergure nationale, régionale, voire locale. Le folklore mauricien a, depuis des décennies, été marqué par des troupes musicales, particulièrement à l’époque où les divertissements étaient beaucoup plus traditionnels. Dans les années précédant l’indépendance du pays, le Veeramundar Band faisait partie de ces troupes.
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« Dans les années '50, des grands films indiens remplissaient les salles de cinéma. Les chansons de ces films passaient à la radio, mais peu de foyers mauriciens comptaient des postes. Ainsi, quand mon oncle Inga Veeramundar et sa troupe de musiciens parcouraient villes, villages, quartiers et les habitations les plus éloignées, il y a avait toujours foule », se rappelle Vishnu Veeramundar, installé à la table de son restaurant presque centenaire à Rose-Hill.
Souvent conviée à des mariages, la troupe reprend les chansons du registre cinématographique hindoustani. Au départ, la troupe ouvrait la procession en menant le « dulha » (le futur marié) chez les parents de la « dulhin » (future mariée) au son des instruments à corde, à vent et de percussion. Habillés en uniforme kaki, arborant un genre de képi, les musiciens ne passaient pas inaperçus. De loin, les gens entendaient la musique et accouraient aussitôt. Pendant la cérémonie, la troupe entonnait des chansons que les Mauriciens avaient découvertes dans les salles de cinéma. Ils étaient heureux de pouvoir les réentendre faute de radio, raconte le neveu d'Inga.
« Inga écrivait les partitions des chansons de films. Il faut savoir que les musiciens avaient déjà un travail. Ils se rencontraient dans l’après-midi pour des répétitions générales. Ils étaient bien contents de lire les notes musicales écrites par Inga au lieu de passer des heures à chercher les rythmes des chansons. C’est sans doute le plus grand héritage que notre aïeul nous a laissé », dit-il.
En temps de guerre ailleurs dans le monde, l’indisponibilité de films orientaux donne lieu à une nouvelle forme de divertissement populaire où la troupe trouvera également son temps de gloire : le « natak », spectacle de chants et danses orientaux très prisé. Le groupe accompagne ainsi les chanteurs et danseurs lors de ces soirées organisées à travers le pays. « Mais souvent, on se produisait dans des grandes salles du cinéma Hall, au Théâtre de Port-Louis et au cinéma du Plaza, entre autres », relate Vishnu Veeramundar.
L'avènement de la télévision servira aussi de tremplin pour la troupe pour plusieurs raisons. Les films en plusieurs langues orientales étaient diffusés chaque semaine. « Je me rappelle que le mardi, la MBC passait des films en tamoul et les films en hindoustani le jeudi. Tandis qu'Inga écrivait les notes musicales des morceaux qu’on allait reprendre lors des représentations. Je tiens à souligner qu’au commencent, bien peu de familles mauriciennes pouvaient se permettre d’avoir la télévision, mais chaque fois, elles ouvraient portes et fenêtres pour que les voisins puissent voir et entendre le déroulement du film à l’extérieur. Là, on sentait cet élan de générosité rassemblait tout un peuple. Dans les centres communautaires ou autres lieux de rassemblement, peu importe le temps qu’il faisait, on se déplaçait en famille », se souvient-il.
D’autre part, la troupe est aussi sollicitée par la station de télévision nationale pour des spectacles en direct au départ.
Pour le 12 mars 1968, le Police Band est en tête du défilé, mais la troupe fait aussi partie du rassemblement. « On ne pouvait rater cet événement. Au Champ-de-Mars ou devant la télévision, tous les Mauriciens avaient les yeux braqués sur ce drapeau qui descendait et celui de Maurice qui était hissé en haut du mat. C’était un sentiment très fort qu’on ressentait. On savait déjà que notre vie allait changer », explique-t-il.
La troupe existe toujours sous une autre appellation : Mevis Veeramundar Band. « Le cœur de l’héritage familial avec l’utilisation de divers instruments a été conservé mais pour rester dans l’air du temps, nous avons dû diversifier l’offre en proposant d’autres styles musicaux avec un fort accent sur les sons et les effets de lumière. Nous avons beaucoup investi pour garder la flamme musicale de nos prédécesseurs toujours étincelante », ajoute le fils Mevis Veeramundar.
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