Il ne fait point de doute que la forte chaleur de ces derniers jours, comme dans presque tout l’hémisphère Sud, est due principalement au chamboulement découlant d’activités humaines, en dehors des paramètres atmosphériques, engendrant ainsi un problème écologique global. D’ailleurs, 2015 a été proclamée par l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM) « l’année la plus chaude » depuis le début de l’enregistrement des températures en 1880.
L’assainissement de l’environnement en combattant la pollution au niveau local – bannissement des sacs en plastique, compostage des déchets organiques, économie de l’énergie, installation des éoliens à Plaine-des-Roches, utilisation de l’eau de mer pour le refroidissement des bâtiments… – est une entreprise fort louable et indispensable, mais il convient de reconnaître que l’effet de serre, l’acidification des océans et l’élévation du niveau de la mer sont, entre autres, des phénomènes écologiques dévastateurs ne connaissant pas de frontières. Ainsi, alors que le ministre de l’Environnement a exprimé son intention de mettre en terre deux milliards (?) d’arbres et de plantes, le plus grand massif forestier de la planète, qui couvre quelque 550 millions d’hectares et constituant l’un des plus importants régulateurs du carbone global, subit en ce moment une déforestation alarmante. En effet, pendant des décennies, l’Amazonie a joué un rôle de « puits de carbone » en absorbant plus de CO₂ qu’elle n’en rejetait, permettant ainsi de limiter l’impact du réchauffement planétaire. Mais cela est en train de changer, car le stockage de deux milliards de tonnes de CO₂ annuellement dans les années 90 a malheureusement diminué de moitié. Hormis la déforestation, il y a la surmortalité des plantes, provoquée par des sécheresses prolongées et des températures anormalement élevées.
Sortir de cet imbroglio environnemental exige, par conséquent, une volonté politique inébranlable de la part de la communauté internationale. Certes, au COP 21 à Paris en décembre dernier, même si un accord global avait été arraché in extremis, certains pays dont l’économie dépend majoritairement du pétrole – l’Arabie Saoudite et le Venezuela en tête – ont tout fait pour mettre des bâtons dans les roues.
Avec 267 millions de barils produits par jour, représentant 90 % des revenus du pays, l’Arabie Saoudite constitue le plus grand exportateur de pétrole au niveau mondial. Or, les scientifiques estiment que pour le respect des principaux engagements pris à Paris, la majorité des énergies fossiles doit rester dans le sol. Avec la chute drastique des cours du pétrole – chute amplifiée par le retour de l’Iran sur le marché mondial –, le Venezuela, qui n’a pas su diversifier son économie, est en proie à de graves pénuries des produits de consommation de base, dont le rationnement a été rendu nécessaire.
Il y a aussi le groupe BRICS qui émet des réserves sur tout accord sur l’environnement car, fait-il ressortir, les pays développés n’ont pas ratifié l’accord de Doha concernant l’amendement pour étendre le Protocole de Kyoto jusqu’en 2020. D’ailleurs, sur les 90 objectifs adoptés d’un commun accord par la communauté internationale pour le développement durable ces 20 dernières années, seuls quatre affichent des progrès notables.
Dans les milieux concernés, on se demande même si un modèle de développement économique fondé exclusivement sur la croissance et les profits, nécessitant ainsi un flux d’énergie conséquent et ininterrompu pour se maintenir à flot, est réellement compatible avec le concept universel de développement durable. Pour les plus grands pollueurs de la planète, l’essentiel, manifestement, c’est de se donner bonne conscience face aux réalités écologiques actuelles engendrées majoritairement par leurs activités agricoles et industrielles démesurées.
D’où la tenue des sommets et conférences, alors que les résultats concrets attendus ne suivent pas. La question que l’on se pose: à un moment où le bouleversement des paramètres météorologiques est déjà très significatif au niveau du climat, la planète peut-elle réellement se permettre une augmentation de sa température, ne serait-ce que d’un demi-degré centigrade ? Or, quand l’intérêt général est perpétuellement phagocyté par des considérations particulières au niveau mondial, ce sont les petits États vulnérables, dont Maurice, qui en font le plus durement les frais.
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