Née homme dans la campagne du Népal, une mannequin s'apprête à devenir la première transsexuelle à fouler le podium d'un célèbre défilé de mode indien, espérant par là inspirer les transgenres du sous-continent.
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Ostracisée par les membres de sa famille lorsqu'elle leur a annoncé il y douze ans qu'elle souhaitait vivre en tant que femme, Anjali Lama a surmonté les obstacles et les préjudices pour devenir la première top-model transsexuelle de son pays himalayen. Un parcours qui l'amènera à défiler cette semaine à la Lakmé Fashion Week de Bombay, l'un des plus prestigieux rendez-vous de la mode en Inde, qui se tient du 1er au 5 février.
"Grandir au Népal en tant que transgenre était extrêmement difficile", raconte Anjali lors d'une interview par email avec l'AFP. "Dans les pays d'Asie du Sud, les gens ne sont pas tolérants, ils traitent (la transidentité) comme une maladie. On vous regarde différemment et on vous traite différemment".
"Il faut rester solide pour réaliser ses rêves", ajoute cette femme de 32 ans.
Venue au monde sous le nom de Nabin Waiba dans une famille de fermiers pauvres sur les contreforts de l'Himalaya, Anjali Lama a toujours eu le sentiment d'être née dans le mauvais corps. Vers l'âge de vingt ans, elle a pris la décision de s'habiller en femme pour la première fois.
"Je savais que je ne pouvais vivre dans ce que je ressentais comme un corps étranger. Pour cela, j'étais prête à affronter les railleries que les gens me lanceraient", dit la mannequin.
"La plupart des gens, dont mes propres frères, n'étaient pas disposés à m'accepter pour ce que j'étais. J'ai dû rester forte et croire en moi-même. Ma mère et mes sœurs ont été les seules à me soutenir tout du long."
A Katmandou, la capitale népalaise où elle a déménagé pour ses études, Anjali trouve davantage de tolérance et s'engage dans un groupe de défense des droits des LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) nommé Blue Diamond Society.
En 2009, elle subit une chirurgie de réattribution sexuelle partielle. Mais elle ne se découvre un intérêt pour le mannequinat que lorsque sa photo apparaît en couverture d'un magazine consacrant un article aux transgenres.
New York, Milan, Paris ?
Décidant de poursuivre cette voie, Anjali prend des leçons de mannequinat, mais ses débuts dans ce milieu sont marqués par la difficulté de trouver du travail: "J'étais rejetée à cause de mon identité et c'était vraiment décourageant", confie-t-elle.
Ses premiers succès coïncident avec l'évolution du Népal vis-à-vis des transgenres: depuis 2015, cette république montagneuse autorise ses citoyens à choisir leur sexe, donnant la possibilité aux transgenres de se réclamer d'un troisième genre.
"Les temps changent, les gens sont devenus plus compréhensifs", explique Anjali, qui espère pouvoir un jour s'offrir une opération pour devenir une femme -- une telle opération, en raison de son coût très élevé, reste inaccessible à la plupart des Népalais.
Malgré les avancées récentes de sa législation, le Népal a encore beaucoup à faire pour améliorer l'accès des transgenres à l'éducation et à l'emploi, prévient Manisha Dhakal, l'une des fondatrices de Blue Diamond Society.
"Pour être acceptés par la société, nous avons besoin d'assurer notre indépendance économique", déclare-t-elle à l'AFP.
Dans l'Inde voisine, les "hijras", travestis, dénoncent de longue date les discriminations dont ils font l'objet. Ils sont reconnus officiellement comme un troisième genre mais, étant rejetés par la société, certains d'entre eux en sont réduits à mendier ou à se prostituer.
La mannequin Anjali Lama, elle, espère que son apparition à la Lakmé Fashion Week constituera une avancée pour la cause des transgenres dans cette région conservatrice du monde. Elle rêve de marcher un jour dans les pas d'autres mannequins transgenres sur les podiums de New York, Milan et Paris.
"J'espère être une inspiration pour les autres transgenres. J'aimerais leur dire de toujours croire en eux et garder leur cap".
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