Faites-vous embaucher dans la Fonction publique et vous serez mieux payé, travaillerez moins et serez moins stressé que votre confrère du privé. Et, cerise sur le gâteau, vous aurez la garantie d’avoir un emploi à vie.
À Maurice, les serviteurs de l’état n’ont pas vraiment de quoi se plaindre. Ils sont même plutôt bien gâtés si on compare avec la norme internationale. Ici, on en est arrivé à un point où le fonctionnaire est beaucoup mieux rémunéré que son équivalent du secteur privé. Et cela sans qu’il ait une obligation réelle de résultat.
Une personne qui vient de se faire embaucher comme chauffeur dans le secteur public débutera désormais sa carrière avec un salaire de Rs 12 750. Il sera certain d’avoir une augmentation salariale (increment) chaque année, peu importe sa performance. Son camarade en fin de carrière touche lui une paie de 23 200. La fonction publique se distingue aussi par ses allocations multiples et diverses.
Dans le privé, le salaire minimum d’un chauffeur, selon le Remuneration Order du National Remuneration Board (NRB), est de Rs 6 885 seulement, soit pratiquement deux fois moins que le chauffeur débutant dans la fonction publique. Tellement dérisoire que des patrons du privé paient davantage que ce que prescrit le NRB. Et ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Jaivassen Curpen Naick, directeur du Pay Research Bureau (PRB), s’est retrouvé dans une situation délicate. Alors que les indicateurs économiques sont loin d’être au vert, que l’endettement de l’état s’envole et que le contexte international reste inquiétant, il était dans l’obligation d’accorder des hausses salariales suffisamment élevées pour satisfaire l’ensemble des fonctionnaires. C’est la tradition du PRB qui le veut et il serait impossible de déroger à cette règle, car mécontenter le fonctionnaire équivaut a gripper la machine de l’état.
Dans un « environnement économique non-favorable », comme le constate Jaivassen Curpen Naick lui-même, il était difficile de jouer au père Noël. Pourtant, il l’a fait dans une certaine mesure avec des augmentations se situant dans la fourchette de 6,5 % à 10,4 % au coût de Rs 3 milliards par an pour le contribuable. Cela avec pour conséquence que la disparité salariale entre public et privé se creuse davantage.
Avant même ce rapport du PRB, la Banque mondiale s’était dit « perplexe » devant le fossé énorme qui sépare les deux catégories de travailleurs. C’était dans un rapport livré le 18 février dernier. Elle sera probablement ébahie maintenant. Pour cette institution, la richesse nationale est « mal redistribuée ». Elle constate aussi qu’aujourd’hui, 12,7 % des foyers mauriciens risquent de sombrer dans la pauvreté. Pourtant, le système veut que le gouvernement injecte une masse énorme d’argent à chaque rapport du PRB pour financer des hausses salariales à des employés qui sont déjà mieux lotis que les autres. Avec Rs 3 milliards par an, le problème de la pauvreté aurait été réglé.
Le souci n’est pas tant de bien rémunérer les fonctionnaires. Un travail bien fait mérite bien sûr un bon salaire. La contribution du travailleur du secteur publique pour faire avancer le pays est essentielle et indéniable. Le pays a besoin de policiers motivés et efficaces, d’enseignants donnant le meilleur de soi pour faire de nos enfants l’élite africaine de demain, de médecins et infirmiers qui se démènent pour que la population puisse être en bonne santé, de fonctionnaires qui puissent faire respecter les règlements, délivrer des permis, veiller à la bonne marche de l’administration nationale et ainsi aider à produire de la richesse. Mais un rapport coûteux délivré tous les trois ou cinq ans permet-il de créer ces conditions ?
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