Un Health Care Attendant sur la sellette : enquête sur des activités suspectes à l’hôpital Jeetoo

Le ministère de la Santé enquête sur des activités jugées suspectes dans l’enceinte de l’hôpital Jeetoo. Un Health Care Attendant agirait comme bookmaker illégal et vendeur de friandises. Il prêterait également de l’argent à ses collègues. Selon des sources, certaines le rembourseraient… en nature.

Il porte plusieurs vestes : Health Care Attendant (HCA), bookmaker clandestin, usurier et vendeur. Les agissements de ce préposé de l’État seraient connus, mais peu d’informations filtrent à son sujet. Si certains feignent d’ignorer ce qui se passe, le sourire des autres en dit long. Mais c’est à demi-mesure qu’ils avouent avoir eu vent de ce qui se passe. « C’est un intouchable », dit-on sur le bout des lèvres. Un cadre de la Santé a mis la puce à l’oreille du ministère récemment et l’administration sous l’ère Gayan avait déjà initié une enquête.

Selon une source proche de l’hôpital Jeetoo, le Health Care Attendant aurait des « connexions politiques », lui permettant de s’adonner à de telles pratiques « illégales et immorales » en toute quiétude. Ce qui expliquerait qu’aucune sanction n’a pu être prise contre lui jusqu’à présent, selon les informations que nous avons pu glaner.

Nous apprenons que le HCA agirait non seulement comme bookmaker clandestin, il est aussi vendeur de cartes de téléphone prépayées et de friandises et prête de l’argent à ses collègues. Ces activités se dérouleraient depuis longtemps, avons-nous appris. Sollicité, l’homme en question n’a pas répondu à nos appels. Nous avons été à l’hôpital vendredi, mais il n’a pas souhaité nous rencontrer.

Suite présidentielle

Selon certaines personnes, l’homme serait intransigeant lorsqu’il porte la veste de bookmaker et de créancier. Si ses collègues masculins doivent rembourser leurs emprunts avec intérêts, pour les femmes, le mode de paiement peut se faire différemment, en nature. Diverses sources nous expliquent qu’il est très friand de femmes. Le HCA n’hésiterait pas à amadouer ou à faire pression celles qui travaillent dans le même département que lui. En leur accordant certaines faveurs, il arrive facilement à les avoir sous sa coupe.

Et en raison des avantages que le HCA offre à ceux et celles qui sont à court d’argent, nombreux sont ceux qui ont été peu enclins de nous donner des informations sur ses manigances. Nous avons néanmoins appris que c’est dans un coin isolé et peu fréquenté de l’établissement de santé portlouisien qu’il convie ses « victimes » pour des pratiques sexuelles, avons-nous appris de certains membres du personnel de l’hôpital. Ce lieu est connu comme la « suite présidentielle » et se trouve du côté des anciens bâtiments.

Sollicité, une voix autorisée au ministère de la Santé nous informe avoir pris note du problème que nous avons soulevé. Selon le nouveau responsable de communication du ministère, « nous avons eu un bon feedback du département où il travaille. Le Ward Manager affirme qu’il n’a aucun reproche à lui faire ». Il a ajouté que le ministère compte initier une enquête plus approfondie afin de vérifier les informations qui lui sont parvenues et faire la lumière sur cette affaire.

Selon une source proche du dossier au sein du ministère, une enquête a déjà été initiée sous la férule de l’ancien ministre de la Santé Anil Gayan. Notre interlocuteur précise que c’est le statu quo en ce moment avec le changement intervenu dans le sillage de la passation des pouvoirs et l’arrivée du ministre Anwar Husnoo à la Santé.

D’ailleurs, le dénonciateur, un cadre à la Santé, a contacté l’administration du ministère. Interrogé, il confirme sa démarche de porter plainte contre ces pratiques louches. « Il faut mettre un frein à ces pratiques qui n’ont que trop duré », soutient le dénonciateur.

Par ailleurs, selon les divers renseignements que nous avons pu recueillir, le Health Care Attendant est bon travailleur. Ce qui corrobore la version du responsable de communication du ministère de la Santé. L’employé ne prendrait pas souvent ses congés et ferait régulièrement des heures supplémentaires avons-nous aussi appris de source digne de fois.

Un HCA rusé, selon son entourage

Connu dans les milieux pour sa générosité, ce Health Care Attendant est apprécié par la majorité de ses collègues. Comptant environ 17 ans de carrière dans le service, il est décrit par son entourage à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo comme un « dépanneur », un « bookmaker » ou un « boutiquier ».

Il nous revient que l’homme en question à de « bonnes connexions politiques ». « Li fer so madam gagn travay dan enn lot sant hospitalie mem », confie un de ses collègues. Il est proche d’un parti politique et « il est rusé. Il sait quand il faut bouger ses pions ».

Selon un autre HCA, le principal concerné exerce son « petit commerce » principalement durant la soirée. « Il nous vend des pistaches, des ‘baguettes fromage’ et d’autres gâteaux. Tou dimoun trase ».

En ce qu’il s’agit de son business de bookmaker, les commentaires se font rares. « Si nous n’avons pas eu le temps de miser, on lui donne notre argent et il fera le nécessaire. C’est d’une grande aide pour nous », indique un employé.

Un chauffeur ambulancier le décrit comme un « dépanneur ». Il s’en réjouit. « Aux heures tardives, si nous n’avons pas de cigarette, il est toujours là pour dépanner. Il les vend au même prix qu’à la boutique. »

Témoignage

Prem : « Il est un casseur à temps partiel »
Si certains le connaissent comme un « commerçant ambulant », pour d’autres, il est un « casseur ». À l’instar de Prem (prénom modifié), il affirme qu’il a déjà emprunté une somme d’argent auprès du Health Care Attendant. « Il est généreux. Si nous avons un souci financier, il est toujours là pour nous aider. Je lui ai déjà demandé une somme de Rs 2 000 et il m’a prêté. Bien évidemment, je devais lui rembourser avec un petit intérêt. Il aurait pu me refuser cet emprunt. Il est comme un casseur pour nous », lâche cet employé.