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Uhuru Kenyatta, le miraculé président kényan, autrefois «infréquentable», en visite à Maurice

Uhuru Kenyatta n'a pas rendu les armes politiques et a accédé à la tête du parti de son père défunt

Le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, sera à Maurice dans l’après-midi du mardi 9 avril 2019. Le chef de l’Etat kényan sera accompagné d’une délégation comprenant plusieurs de ses ministres ainsi que des hommes d’affaires. Mais qui est réellement Uhuru Kenyatta ? Retour sur son parcours semé d’embûches avant que l’homme ne brille enfin sous les feux de l’actualité.

Le président kényan, Uhuru Kenyatta, 57 ans au compteur biologique, peut depuis quelques années savourer son incroyable retour en grâce sur l’échiquier politique de son pays et sur la scène internationale. Un pied de nez à l’Histoire en quelque sorte. Car l’actuel chef de l’Etat du Kenya est un véritable miraculé de la politique.

Père et fils Kenyatta, deux personnages bien différents sur le fond et la forme 

Uhuru (« libération », « indépendance » en swahili) Muigai Kenyatta, fils du « père de la nation » Jomo Kenyatta, premier président du Kenya, est né le 26 octobre 1961, deux ans avant l’accession du Kenya à l’indépendance souveraine. De son père, il ne dit presque rien ou si peu et lui rend hommage en toute discrétion. Père et fils n’ont ainsi aucune ressemblance sur le fond et la forme.

Le « mzee » (le « vieux »), à la stature impériale, à la barbe dense et fournie, et qui s’habille à l’occasion d’un costume d’apparat en peau de léopard et porte en main, messie de tout un peuple, le sceptre des grands rois.

De l’autre côté, le « young man », plus jeune président du Kenya a le look d’un politique branché et soigné, portant costard cravate de cadre supérieur et toujours avec une montre de marque au poignet.

Le père ne voulait pas s’endormir dans les murs du palais présidentiel, bâti à l’époque par les colons, craignant, affirme-t-il, de tomber nez à nez sur les « fantômes des Blancs » ? Uhuru Kenyatta reçoit pour sa part au palais de la présidence à Nairobi les présidents étrangers avec le faste dû à leur haut rang protocolaire.

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Jomo, le père de Uhuru Kenyatta, au centre

Une histoire toute simple de la symbolique du palais présidentiel de la capitale kényane qui pourrait résumer les rapports et les différences gigantesques entre les deux hommes pourtant de même lignée héréditaire.

Le jeune Uhuru battu à l’école, son père Jomo ne veut rien savoir

A l’école primaire, le jeune Uhuru et ses camarades de la classe sont très souvent maltraités physiquement par des élèves à l’âge scolaire plus avancé.

Le fils prend contact immédiatement par téléphone avec son père président pour que les coups portés s’arrêtent au plus vite. Jomo prend le combiné. Uhuru hésite timidement un instant, et rapporte les faits graves selon lui. « Autre chose ? », lui rétorque sèchement le père. « Non… », répond à l’autre bout du fil Uhuru. « Très bien. Maintenant, mon fils, il va falloir apprendre à mener tes propres batailles tout seul. » Et le « mzee » de couper court la conversation à peine entamée avec son fils battu soi-disant.

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Uhuru Kenyatta, leader désigné de la communauté kikuyu, est réélu en 2017

Uhuru Kenyatta est âgé de 16 ans lorsque le père aimant, distant et froid toutefois, décède en 1978. Le pouvoir revient alors pour 24 ans dans les mains de Daniel Arap Moi. Après l’université d’Amherst, dans le Massachusetts, Uhuru se lance dans le secteur privé…

En 2001, Uhuru Kenyatta entre dans l’arène politique et est élu député. Il est aussi propulsé comme candidat à l’élection présidentielle la même année, où il est battu par l’opposant Mwai Kibaki.

Uhuru Kenyatta envers et contre tous, son destin est scellé 

Uhuru Kenyatta ne rend pas les armes politiques cependant et accède à la tête du parti de son père défunt, le Kenya African National Union (KANU), avant de finalement apporter son soutien à Kibaki pour les élections présidentielles de 2007, durant lesquelles le Kenya plonge dans des violences ethniques qui frappent tout le territoire.

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Avant d’être exonéré de tout blâme, Uhuru Kenyatta n’était plus fréquentable...

Dès l’année 2010, Uhuru Kenyatta est inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité », accusé d’avoir aidé dans l’organisation et le financement des milices kikuyu responsables de tueries et d’exactions qui ont drainé dans leur sillage le massacre de 1 200 personnes ainsi qu’au déplacement forcé de plus d’un demi-million d’habitants. Avant d’être blanchi en décembre 2014 faute d’éléments probants pour étayer l’accusation et après que de nombreux témoins se soient étrangement rétractés.

Au niveau international avant d’être exonéré de tout blâme, Uhuru Kenyatta n’est plus fréquentable. Mais la carrière politique de Uhuru Kenyatta n’est pas du tout impactée par cette épée judiciaire de Damoclès. Faisant l’alliance avec l’ethnie kalenjin, représentée par son vice-président William Ruto, il gagne la présidentielle dès le premier tour à la présidentielle de 2013.
En 2017, le président kényan Uhuru Kenyatta, leader désigné de la communauté kikuyu, est réélu en obtenant 54,27% des suffrages exprimés, contre 44,74% pour son principal opposant Raila Odinga.

Fabrice François

 

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