Des plantes présentes sur le sol mauricien peuvent contribuer à lutter contre le cancer. C’est ce qu’affirment des chercheurs du Far Eastern Federal University dans la revue médicale Acta Naturae. Il s’agit notamment des plantes connues sous les noms scientifiques acalypha integrifolia (bois queue de rat) et eugenia tinifolia (bois de nèfles).
Trois des cinq substances actives trouvées dans les espèces végétales de l’acalypha integrifolia et de l’eugenia tinifolia peuvent ralentir la propagation du cancer de l’œsophage. Cette découverte a été faite par des chercheurs Far Eastern Federal University. L’acalypha integrifolia est habituellement utilisée pour traiter les vers intestinaux, alors que l’eugenia tinifolia est utilisée pour traiter les calculs rénaux et l’inflammation des voies urinaires. Selon les chercheurs, les extraits d’herbes peuvent activer la protéine AMPK (AMP-activated protein kinase), ce qui représente une avancée décisive pour la recherche en oncologie.
Cependant, le Dr Fawzi Mahomoodally, Associate Professor au Department of Health Sciences, de la Faculty of Science de l’université de Maurice, émet des réserves à ce propos. Pour lui, des essais cliniques doivent être menées sur les humains. Ce qui prend de six à sept ans en moyenne. Les consommateurs et les lecteurs de l’article publié dans la revue médicale doivent s’abstenir d’utiliser ces plantes sous leur forme brute pour tenter de traiter le cancer. « Comme tout médicament, ceux à base de plantes peuvent avoir des effets indésirables graves sur les patients », prévient-il.
Un avis que partage le pharmacien Arshad Saroar. Pour lui, cela va prendre de nombreuses années avant de pouvoir envisager l’exploitation commerciale des extraits médicinales de ces plantes. Mais tout dépend aussi de la classification du produit. Si c’est dans la catégorie produit pharmaceutique, des essais cliniques sont nécessaires sur les animaux d’abord et sur les humains par la suite. Cela doit être accompagné d’une pharmacovigilance également, ajoute-t-il.
Selon Arshad Saroar, Maurice gagnerait à s’engager dans l’exploitation des plantes médicinales. « En exploitant cette filière, on pourrait attirer des investisseurs et contribuer à faire de Maurice un Pharmaceutical Hub », dit-il. Un grossiste engagé dans la vente des médicaments pour le traitement du cancer abonde dans le même sens. « Les planteurs ne pourront pas tirer de gros bénéfices de leur culture de plantes médicales, car ils ne pourront pas les vendre au prix fort. » Il cite en exemple l’anis étoilé, utilisé pour la fabrication de certains médicaments contre le cancer. « C’est une niche qui peut rapporter gros, si on cultive à grande échelle les plantes médicinales », fait-il ressortir. Mais cela demande des investissements massifs qu’un petit planteur ne peut se permettre, de même qu’un certain savoir-faire. « Ce n’est pas simple de prendre des extraits des plantes pour la fabrication de médicaments », dit-il.
Citant Alexander Kagansky, du Center for Genomic and Regenerative Medicine of the School of Biomedicine, la revue médicale Acta Naturae soutient que Maurice recèle des trésors, en matière de plantes médicinales, qui ne sont pas exploités à leur juste valeur. « Maurice et sa biodiversité - qui pourraient être la clé du traitement de nombreuses maladies - sont menacés par la tragédie de l’avidité humaine, de l’appétit barbare et de la négligence des véritables merveilles de la planète conçues pour sauver des vies humaines », estime Alexander Kagansky.
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