Trafic humain : des ressortissants malgaches : «on a bafoué nos droits fondamentaux»

• Un directeur d’hôtel arrêté
• La Crime Intelligence Unit neutralise ce cas d’exploitation

 Le vendredi 17 mai, la Crime Intelligence Unit, sous la supervision de l’assistant-surintendant Mooniaruth, des Casernes centrales, a interpellé un directeur d’un hôtel à Trianon. Il répond de trafic humain et il est en détention jusqu’au 27 mai, le jour de sa prochaine comparution. Baguiston R., 20 ans et Vino Elidin A., 23 ans, des travailleurs malgaches trouvés sur place ont raconté leurs calvaires à la police. Ils seront rapatriés. 

Le Central Criminal Investigation Department (CCID), par le biais de la Trafficking in Human Unit, enquête sur un réseau de trafic humain ciblant des ressortissants malgaches. Un ressortissant malgache de 23 ans a levé le voile sur un cas de trafic humain face à une équipe de police, à la suite d’une intervention menée par l'équipe du sergent Changia de la Crime Intelligence Unit (CIU). 

Aux hommes de l’assistant-surintendant Golaup, il a raconté qu’il est arrivé à Maurice avec un visa touriste le 25 mars 2024. Au début du mois d’avril, il s’est rendu, en compagnie d’un ami malgache, à une résidence, à Quatre-Bornes, pour trouver de l’emploi. Sur place, il aurait rencontré le directeur de l’hôtel et ce dernier lui aurait offert un emploi comme nettoyeur.

Il lui aurait proposé un salaire de Rs 20 000. Le directeur d’hôtel lui aurait demandé d’occuper une chambre dans l’hôtel, pour des raisons pratiques. En plus de sa rémunération, son employeur lui aurait offert les repas et le logement.

Le plaignant a aussi raconté que Leckraj Poran, 30 ans, lui a assuré qu’il allait s’occuper de ses démarches pour l’obtention d’un permis de travail. Le malgache lui a remis son passeport. Quand il a commencé à travailler, son employeur lui aurait demandé d’être vigile. Il lui aurait demandé de dormir sur un canapé, à la réception. « Il me disait de travailler à la réception les nuits et je devais dormir sur un canapé par la suite », a confié le Malgache à la police.

Son ami et lui n’auraient pas eu droit à des jours de repos et ils auraient occupé divers rôles. Ils assuraient les services de réception de l’hôtel et ensuite, ils étaient vigiles de nuit ou encore agents de nettoyage. En certaines occasions, ils étaient appelés à assurer le rôle de serveur dans le restaurant de l’hôtel.

Passeports

Le Malgache a raconté aux policiers qu’il a perçu seulement Rs 10 000 comme salaire. Les Rs 10 000 manquantes avaient été présentées par l’employeur comme une déduction pour le logement et la nourriture. Il n’avait pas droit à un dîner. « On travaillait de 6 heures à 22 heures, et nous dormions sur un sofa », ont expliqué les plaignants. Leurs passeports étaient retenus par leur employeur contre leur gré. La police enquêtera sur le délit de « Concealing Documents ». « C’est une pratique courante quand des gens font des exploitations pareilles », confient des sources proches de l’enquête.

« On a bafoué nos droits fondamentaux », ont indiqué les Malgaches à la police.

Concealing Documents et Human Trafficking

L’enquête policière est axée sur les délits : « Concealing Documents » et « Human Trafficking ». Dans un rapport du département des États-Unis publié en juin 2023 sur le trafic humain dans la région de l’océan Indien, l’île Maurice avait été égratignée. Il avait été inclus dans les pays de la Catégorie Tier 2. Il s’agit des pays dont le gouvernement n’assurait pas les efforts pour atteindre le niveau minimal requis.

Human Trafficking in Person Unit

Selon le rapport du US Department de juin 2023, les cas de trafic humain perdurent à Maurice et les autorités ne prennent aucune sanction. Le rapport note des lacunes en ce qu’il s’agit des enquêtes policières et des poursuites contre les personnes impliquées dans le trafic humain. Depuis, les Casernes centrales ont mis sur pied la Human Trafficking in Person Unit, sous l’égide du Central Criminal Investigation Department. Pour des raisons pratiques, l’unité travaille en étroite collaboration avec les services de renseignements et le Passport and Immigration Office.